Nous l’évoquions sur notre site le 14 février le déferlement de millieers de clandestins fuyant la Tunisie pour gagner principalement la France via l’ïle italienne de Lampedusa. Le maire de cette commune, Bernardino De Rubeis, expliquait : « sur 2600 tunisiens que j’ai rencontré, 75 % veulent venir en France ! J’ai parlé avec eux, ils n’ont que ce mot à la bouche : la France. » France « où vit une communauté tunisienne estimée à 600 000 personnes » rapportait les médias ces derniers jours.
Le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez déclarait hier que « la position de la France, c’ est qu’il ne faut pas de prime à l’ immigration illégale ». On examinera -c’est le ministre de l’Intérieur qui le fera– au cas par cas et sur mesure, ceux qui peuvent rentrer dans notre droit de l’immigration et ces cas-là ne peuvent être que très marginaux. » Le discours se veut ferme et rassurant…
Réagissant à cet afflux de Tunisiens fuyant l’avènement annoncé du pluralisme démocratique, Jean-Gilles Malliarakis relève dans son bulletin L’Insolent « l’illusion naïve de ceux qui croient possible de passer en quelques jours d’un régime dictatorial à des normes juridiques anglo-saxonnes (…) ; de créer le modèle qui prévaut aujourd’hui dans quelque 20 ou 30 démocraties véritables dans un monde dominé, par ailleurs, par l’existence de quelque 150 dictatures. Ce système parlementaire imparfait, le pire de tous assurément, à l’exception de tous les autres, ne s’installe pas en huit jours. »
« En attendant on peut craindre que, votant avec leurs pieds, des centaines de milliers de Tunisiens et d’Égyptiens souhaitent fuir le paradis démocratique que chantent à l’unisson nos journalistes, nos radioteurs et autres enfumeurs. »
Certes, si la Tunisie ne peut se prévaloir d’appartenir au club très fermé des « démocraties véritables », et non exemptes de reproches puisque notre pays figure bien évidemment dans le nombre- elle n’est pas pour autant la Corée du Nord ou le Zimbabwe.
Alors oui, le pays du « tyran prévaricateur » Ben Ali n’était pas « le paradis », il est aussi très durement frappé par la crise économique mondiale. Mais c’est tout de même sous ce régime que 80% des Tunisiens sont devenus propriétaires, tandis que 90% de la population bénéficient d’une couverture médicale et que 100% de sa jeunesse, filles comprises, est scolarisée. De nombreux alliés de notre « Occident avancé » ne peuvent pas en dire autant.