Selon le ministre de la Défense, Gérard Longuet, qui était devant la Commission de la défense nationale le 3 mai rapportait Les Echos, la guerre en Libye a déjà coûté 50 millions d’euros à la France. Une somme incluant les munitions utilisées par nos avions de combat, soit une trentaine de millions d’euros (1 million d’euros l’unité pour un missile de croisière), le coût de l’heure de vol d’un Rafale (40 000 euros), celui du porte-avions Charles-de-Gaulle ( 50 000 euros), et les primes versées à nos soldats. L’opération Harmattan indique Les Echos s’élève à « 100 millions (d’euros) pour trois mois, 200 (millions) pour six mois, 400 (millions) pour un an… Sauf que ce n’est pas linéaire », précise le quotidien. A fortiori si le conflit d’enlise. Encore que pour le journaliste Manlio Dinucci, cité sur le « sulfureux » site « complotiste » Réseau Voltaire, il ne s’agirait là que d’une simple avance sur recette…
En effet écrit M. Dinucci si « l’agression occidentale contre la Libye n’a pas eu pour but de s’emparer du pétrole local que des compagnies occidentales avaient déjà été autorisées à exploiter(…), la reconnaissance précipitée par la France du Conseil national de transition (10 mars) et le sommet de Londres (30 mars), ont permis aux multinationales occidentales de modifier les termes de leurs contrats et de ne plus payer que des droits d’exploitation symboliques. De ce point de vue, il s’agit donc d’une guerre coloniale classique. »
Citant un article du Wall Street Journal, il précise qu’ « Après l‘abolition des sanctions en 2003, les compagnies pétrolières occidentales ont afflué en Libye avec de grandes attentes, mais ont été déçues. Le gouvernement libyen (…) concédait les licences d’exploitation aux compagnies étrangères qui laissaient à la compagnie étatique (National Oil Corporation of Libya, NOC) le pourcentage le plus élevé du pétrole. »
Cette opération militaire, serait donc destinée à prendre « le contrôle des zones pétrolifères », permettant ainsi de « concéder des licences à des conditions extrêmement favorables pour les compagnies étasuniennes, britanniques et françaises. Seraient par contre pénalisées les compagnies qui, avant la guerre, étaient les principales productrices de pétrole en Libye : avant tout l’italienne ENI qui a payé en 2007 un milliard de dollars pour s’assurer les concessions jusqu’en 2042, et l’allemande Wintershall qui venait au deuxième rang. Plus pénalisées encore seraient les compagnies russes et chinoises, à qui Kadhafi a promis le 14 mars (2011) de donner les concessions pétrolières retirées aux compagnies européennes et étasuniennes. »
Enfin, il s’agirait aussi « de couler les organismes financiers de l’Union africaine, dont la naissance a été rendue possible en grande partie par les investissements libyens : la Banque africaine d’investissement, avec siège à Tripoli ; la Banque centrale africaine, siège à Abuja (Nigeria) ; le Fond monétaire africain, siège à Yaoundé (Cameroun). Ce dernier, avec un capital programmé à plus de 40 milliards de dollars, pourrait supplanter en Afrique le Fond monétaire international, qui a jusqu’à présent dominé les économies africaines en ouvrant la voie aux multinationales et aux banques d’investissement étasuniennes et européennes. En attaquant la Libye (il s’agit) de couler les organismes qui pourraient un jour rendre possible l’autonomie financière de l’Afrique. »
Une grille de lecture des évènements pas plus farfelue et non moins crédible que les explications avancées aujourd’hui pour justifier l’assaut contre la Libye du pathétique Kadhafi, auquel Sarkozy déroulait il y peu encore le tapis rouge. Outre la satisfaction pour l’ego du chef de l’Etat d’avoir déclenché « sa » guerre lors de son passage à l’Elysée, il s’agissait aussi, tant qu’à faire, de la repeindre aux couleurs des « droits de l’homme », de « l’ingérence humanitaire », de la « lutte contre la tyrannie ». A cette aune, Bernard-Henry Lévy est effectivement parfait en maître de cérémonie…
[…] » etc., se livre aussi une guerre pour le pétrole que nous avons déjà évoqué dans des articles précédents, et dans laquelle les intérêts de Total et de British Petroleum (BP) n’ont pas été oubliés. […]