Hier, Claude Goasguen, député UMP de Paris, aurait été obligé de faire machine arrière devant la pression médiatique, de ses amis sarkozystes et de l’Elysée qui se seraient émus de ses propositions sur la binationalité. Notamment celle exigeant des enfants nés en France de parents étrangers nés à l’étranger de choisir entre la nationalité française et leur nationalité étrangère. Un vœu qui en soi n’avait rien de scandaleux. Reste à l’ordre du jour a précisé Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée, la volonté d’exiger que tout candidat à la nationalité française, par mariage ou naturalisation, renonce à sa nationalité étrangère. « Un scandale », dénoncée par le gauche et notamment par la candidate à la primaire des Verts, la Franco-Norvégienne Eva Joly : « Qu’en est-il de la femme du président de la République (Carla Bruni), elle-même binationale ? »
Il est certain que les problèmes liés à la bi nationalité ne se posent pas avec la même acuité, voire pas du tout, pour les binationaux européens, occidentaux. Ce sont les immigrés extra-européens, principalement originaires du continent africain, de Turquie, qui sont au cœur des problèmes d’assimilation découlant de l’immigration de peuplement. Mme Joly aurait également pu souligner que la montée au créneau de M. Goasguen contre la binationalité est assez antithétique avec la campagne menée
par ce dernier pour impliquer la France dans le dossier du soldat franco-israélien Gilad Shalit, enlevé dans le bande de gaza en juillet 2006 et détenu par le Hamas.
Mais Bruno Gollnisch ne cesse de le souligner, l’UMP n’est pas à une contradiction ou à une hypocrisie près, lorsqu’il s’agit de draguer sur les terres du FN en amenant sur la place publique des sujets susceptibles de faire croire à l’ électorat patriote que le parti présidentiel est enfin décidé à prendre le taureau par les cornes. Dans les faits l’agitation verbale entretenue depuis 2002 –lutte contre l’insécurité, l’immigration clandestine, les débats sur l’identité nationale et la laïcité…- ne débouche jamais sur aucune réalisation réellement concrète et efficace.
L’annonce de la candidature à la présidentielle ce début de semaine de la présidente du groupuscule baptisé Parti chrétien démocrate (PCD), Christine Boutin, participe de cette même mascarade. Alliée de l’UMP par contrat depuis 2002, Mme Boutin est une active militante anti-frontiste, défend la poursuite de l’immigration et évite de critiquer l’absence de toute réelle politique familiale et d’accueil de la vie de ses amis sarkozystes.
Habituée par nature à avaler bien des couleuvres, elle se lance pour monnayer d’ores et déjà son retrait prévisible de la course présidentielle dans l’hypothèse bien réelle ou Marine Le Pen talonnerait, voire devancerait dans les sondages Nicolas Sarkozy.
L’avertissement du patron de l’UMP, Jean-François Copé, a bien été intégré par une Christine Boutin peu désireuse de tuer la poule aux œuf d’or. « Le fait qu’il puisse y avoir d’autres candidatures émanant de notre famille politique a déclaré M. Copé, risque de disperser les voix au premier tour et de nous menacer d’un 21 avril à l’envers ». « Je l’ai dit à propos de Jean-Louis Borloo, je l’ai dit à propos de Dominique de Villepin, je le dis de la même manière à l’endroit de l’initiative de Christine Boutin .»
La présidente du PCD est en fait tout simplement chargée de rabattre les voix des catholiques conservateurs vers M. Sarkozy dans l’optique du second tour. Mais en existe-t-il encore beaucoup pour marcher dans la combine ?
On notera encore que Nicolas Hulot est beaucoup plus franc que Mme Boutin. Mardi matin sur Europe 1, le marchand de shampoing, probable candidat écologiste, était interrogé sur l’opportunité de maintenir le champion désigné par Europe Ecologie-Les Verts (EELV) au premier tour de la présidentielle, si le FN était crédité d’un très fort score dans les sondages. Sa réponse a été claire : « Il n’y aura pas d’obstination de ma part ». A vrai dire on s’en doutait un peu Nicolas !
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