« Le vote de 2012 sera un vote sur les valeurs, un vote de civilisation parce qu’il engagera notre identité et notre rapport au monde », a déclaré Claude Guéant dimanche lors d’une réunion de militants UMP à Brumath (Bas-Rhin) devant quelques élus alsaciens, les députés François Loos, Jean-Philippe Maurer, et les sénateurs Francis Grignon et Fabienne Keller… La présence de cette dernière, maire de Strasbourg de 2001 à 2008, est assez emblématique du double langage de l’UMP puisque Mme Keller s’était signalée lors de son mandat par un fort tropisme « multi culturaliste » et immigrationniste, celui là même qui a été (tactiquement) dénoncé par M. Guéant le jour même !
Dans la perspective de 2012, la stratégie de l’UMP vis-à-vis du FN est assez transparente, à défaut d’être très originale. Elle a été pointée à de nombreuses reprises par Bruno Gollnisch : le parti sarkozyste calque son discours, autant que faire se peut, sur celui du FN dans le domaine de l’immigration et de l’insécurité, parle d’identité française, de contrôle, de limitation des flux migratoires. Cela produit toujours son petit effet sur l’électorat droitier, qui même s’il n’est pas (plus) convaincu de la bonne foi de l’UMP (la France a battu des records d’immigration légale depuis 2007) crédite la « droite » d’être moins angélique la gauche sur cette question.
C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur a évoqué dimanche son souci de maîtriser l’immigration, de faciliter l’assimilation, dénoncé le multiculturalisme, le « droit à la différence »…
Après le gros clin d’œil à l’électorat séduit et/ou tenté par le FN , le missi dominici de Nicolas Sarkozy a ensuite entonné le deuxième couplet d’un refrain également bien rôdé : le programme économique du FN mènerait notre pays à la ruine. « Puisque je parle du Front National, je vous demande de veiller (…) à ce que nos concitoyens se méfient (…) de ceux qui promettent aux Français monts et merveilles, avec des idées tellement simples qu’elles sont simplistes (…) Non, sortir de l’Europe ou de l’euro ne peut mener nulle part, sinon à la ruine de la France et à l’explosion du chômage, à la plongée de notre pays dans la misère », a poursuivi M Guéant, appelant son auditoire à écarter du pouvoir les « apprentis sorciers » et les « doctrinaires irréalistes ».
Bref, si vous voulez à la fois préserver votre identité, votre sécurité et votre porte-monnaie la seule solution passe par le vote Sarkozy, CQFD…
Le problème du raisonnement de M. Guéant c’est que l’européisme de l’UMP achève de plonger notre pays dans le chaos et qu’il s’apparente à une fuite en avant, à un fatalisme désespéré, à la résignation devant la disparition de la France en tant que nation souveraine, faute d’être capable (d’avoir le courage?) de lui imaginer un avenir.
Samedi, les ministres des Finances de la zone euro ont accepté le versement d’une nouvelle tranche d’aide internationale de 12 milliards d’euros à la Grèce…que celle-ci ne pourra jamais rembourser… Le parlement grec a voté de son côté un second programme d’austérité de 28 milliards d’euros d’ici 2015 afin d’obtenir un nouveau soutien financier de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Nous avons rappelé dernièrement sur ce blog ce qu’il faut en penser…
Et pendant que l’UMP fustige le programme « irréaliste », protectionniste et souverainiste du Front National, une dépêche Reuters nous apprenait cette fin de semaine que si les chaînes de montage des plus petites voitures citadines (segment A) des constructeurs automobiles français ont déjà été délocalisé hors de France « lors de l’élargissement de l’Europe », «la délocalisation guette maintenant les voitures de gabarit supérieur (segment B) ».
Cette dépêche cite Philippe Barrier, analyste à la Société Générale, qui explique : « Il n’y a plus de pré carré, tout le monde est présent partout, et la concurrence fait rage. Le discours est clair: à long terme, la part de la production des voitures à petite marge dans les pays à coût salarial élevé va baisser inéluctablement, sauf changement dans la politique industrielle. »
Et de changement de cap il n’en est pas question pour l’UMPS puisque celui-ci induirait de remettre en cause la doxa euromondialiste que les grands « patriotes » sarkozystes, comme M. Guéant notamment, jugent indépassables…
Laisser un commentaire