Le sommet franco-allemand qui a eu lieu hier pour tenter de résoudre la crise de l’euro a été sévèrement jugé par Marine Le Pen qui a appelé à la cessation des « inutiles plans de renflouement des pays victimes de l’euro » et à « prendre acte de la fin de l’euro » pour « organiser un retour concerté aux monnaies nationales, permettant croissance, emploi et désendettement ». La création d’euro-obligations (« eurobonds »), qui remplaceraient les bons du Trésor émis par chaque Etat, n’était pas à l’ordre du jour de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Berlin a fait savoir quelques jours auparavant que « le maintien de la zone euro avec tous ses membres constitue (une) absolue priorité. »
Comme le rapportait le site du Monde « la mise en commun de dettes des pays de la zone euro et l’émission d’obligations européennes comportent, aux yeux des Allemands comme des Français, trois défauts majeurs : elles accroîtraient le coût du crédit des pays les mieux notés ; elles risqueraient de dissuader les pays les plus mal notés d’entreprendre les réformes nécessaires ; elles nécessiteraient un droit de regard de l’Union européenne (UE) sur les budgets nationaux, auquel ni Paris ni Berlin ne sont prêts. »
« Pourtant, l’aggravation de la crise en Europe amène certains responsables allemands à briser le tabou et à se déclarer en faveur des euro-obligations. C’est le cas depuis plusieurs mois du principal mouvement d’opposition, le Parti social-démocrate allemand (SPD), qui plaide à la fois pour la création d’eurobonds et, en contrepartie, pour un droit de regard accru de l’Europe sur les budgets nationaux. Le SPD fait remarquer que l’aide à la Grèce ressemble déjà à des eurobonds. »
« Le 14 août, citant une source gouvernementale anonyme, le quotidien conservateur Die Welt affirmait que Berlin « n’exclut plus, en dernier ressort, un transfert des moyens financiers avec des emprunts publics en commun ». Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, ou encore le ministre italien de l’économie, Giulio Tremonti, se sont déclarés officiellement en faveur des eurobonds.
C’est bien une nouvelle fois la question de la pérennité de la monnaie unique qui est posée, le scénario de sa disparition devant être envisagée sans a priori et lucidement comme le rappelait Bruno Gollnisch sur RMC le 8 août.
Les récentes analyses du prix Nobel d’économie (2001) Joseph Stiglitz , comme en son temps celles de Maurice Allais, ont été cruellement vérifiées dans les faits, démontrant implacablement en quoi la zone euro est une zone non optimale qui produit chômage, délocalisations, appauvrissement et paupérisation économique. Interrogé la semaine dernière dans l’émission Newsnight de la BBC, M. Stiglitz a jugé qu’il serait très difficile pour l’euro de survivre sans la mise en place d’euro-obligations, estimant également que l’euro survivrait mieux à l’abandon de la monnaie unique par l’Allemagne que par des pays lourdement endettés comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande.
Dans le journal allemand Spiegel du 14 août, le très mondialiste milliardaire américain George Soros s’est fendu également de son commentaire. Un avis toujours à prendre en considération tant il est vrai que ce financier dispose d’une influence certaine au sein des institutions européistes partageant avec beaucoup d’idéologues bruxellois le souhait d’un bloc euro-atlantique unifié, d’un gouvernement mondial et…d’une monnaie planétaire.
M. Soros a plaidé à cette occasion pour une sortie de la Grèce et le Portugal de la zone euro. La veille il déclarait dans le Handelsblatt que « l’Allemagne et les autres pays notés AAA doivent, d’une façon ou d’une autre, créer un système d’euro-obligations. Sinon, l’euro va s’écrouler ».
Chacun appréciera comme il se doit la « sollicitude touchante » de M. Soros pour le devenir de l’Europe, un homme qui, comme le relevait Bruno Gollnisch dans l’hémicycle du parlement le 25 mars de l’année dernière « ne doit sa fortune qu’à la spéculation ! » Un homme « qui, en partenariat avec d’autres hedge funds, parie sur un effondrement de l’euro, et spécule sur la dette grecque pour le provoquer ! L’homme qui se moque des conséquences sociales et économiques de ses agissements pour imposer l’ordre économique mondial qu’il souhaite ! »
Dans les faits, et cette analyse faite par le FN est aussi celle de nombreux économistes, il est évident que les pays les plus faibles de la zone euro sont les premières victimes d’une monnaie unique trop forte pour leurs économies, qui plombe leur compétitivité et creuse leur déficit. A l’autre bout de la chaîne , les pays de l’euroland les plus solides –Allemagne, France, Pays-Bas…- paient à fonds perdus, et vont s’endetter à leur tour massivement pour tenter de maintenir à flot les plus faibles.
Dans ces conditions, la tentation d’une sortie de l’euro des pays les moins endettés fait son chemin afin d’une part que les pays encore bien notés ne se trouvent pas précipités dans l’abîme par les autres. Et d’autre part pour que les pays les plus fragilisés puissent restructurer leur dette et repartir vers l’avant après dévaluation de leur monnaie, sur le modèle argentin qui a fonctionné après la crise de 2001-2002.
Rappelons enfin qu’il faut faire justice des scenarii catastrophes débités par les eurolâtres qui prédisent une explosion de la dette de la France en cas de sortie de l’euro, puisque notre dette resterait exprimée en euros face à un franc qui se dévaluerait. En effet, imaginons que Marine Le Pen soit élue en 2012 : si la France sortait de l’euro, l’Allemagne serait le seul poids lourd de l’euroland confronté directement aux difficultés des pays cités plus haut. Quel serait dans ces conditions l’intérêt de Berlin intérêt à garder l’euro ?
Il n’est pas difficile de comprendre que dans ces conditions, la sortie de l’euro ne provoquerait aucune augmentation de notre dette. En effet, les créanciers de la France seraient obligés d’accepter la conversion de leurs créances en euros vers le nouveau franc, aux conditions négociées par notre gouvernement. Au risque dans le cas contraire de se retrouver avec des créances exprimées dans un euro regroupant les pays les plus faibles d’Europe du Sud, qui aurait perdu une grande partie de sa valeur. Une nouvelle fois tout est question de volonté politique…
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