Depuis la première guerre du Golfe de 1991, et la décision prise par Washington de liquider le régime laïc de Saddam Hussein, les Irakiens ont payé au prix fort les appétits pétroliers, la volonté états-uniennes et de certains de ses alliés de remodeler la carte du Moyen-Orient. Et ce, dans une configuration qu’ils estimaient alors compatibles avec leurs intérêts et « contrôlables »…même si la chimère qui a vu le jour a largement échappé à ses créateurs. Au delà des centaines de milliers de victimes de ce premier conflit, Bruno Gollnisch l’a souvent rappelé, l’implacable blocus qui s’en est suivi ne fut guère adouci par le fameux accord « pétrole contre nourriture » d’octobre 1996, et causa la mort de centaines de milliers d’enfants irakiens. Un million d’entre eux ont payé de leur vie l’acharnement de Big brother jusqu’en mars 2003, date à laquelle Bush junior a débuté la seconde invasion de l’Irak pour achever le travail de Bush senior…
Depuis neuf ans, le bilan des affrontements entre les troupes américaines et la « résistance », mais aussi et surtout entre chiites et sunnites, factions ethniques et religieuses rivales, est de 4 400 soldats tués, 32 000 blessés côté américains ; 150 000 morts et 250 000 blessés côté irakiens. Deux millions d’entre eux ont pris le chemin de l’exil dont beaucoup de chrétiens, désormais persécutés, victimes d’attentats; une communauté prospère sous le régime du parti Baas et qui jouissait alors d’une paix totale…
À quelques semaines du retrait militaire américain d’Irak, Le président Barack Obama a déclaré lundi, après la réception du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, que les États-Unis resteront un « partenaire solide et fiable » de l’Irak mettant en garde des « pays tiers » (l’Iran principalement, on l’aura compris) contre toute ingérence. M. al-Maliki a fait entendre une petite musique convenue en affirmant que « le terrorisme et Al-Qaïda ont été vaincus » et en « (espérant) que les entreprises américaines joueront un rôle très important pour mettre en valeur nos richesses, que ce soit le pétrole ou d’autres secteurs… »
Deux jours plus tard, devant des soldats à Fort Bragg (Caroline du Nord, Sud-Est), le président américain a évoqué le « prix élevé » de cette guerre, à laquelle il était opposé en 2003, mais a salué la « réussite extraordinaire » des Etats-Unis dans ce pays. « Nous laissons derrière nous un Etat souverain, stable, autosuffisant, avec un gouvernement représentatif qui a été élu par son peuple. Nous bâtissons un nouveau partenariat entre nos pays. Et nous terminons une guerre non avec une bataille finale, mais avec une dernière marche du retour. »
Un plaidoyer assez ahurissant et qui ne correspond guère à la réalité du sanglant chaos irakien, qui devrait s’exacerber avec le départ des derniers militaires yankees – l’Amérique a compté jusqu’à 505 bases et 171.000 soldats en Irak contre 7 bases et 13.800 militaires actuellement. En attendant les macabres statistiques de ce mois de décembre, 258 civils, policiers et militaires ont trouvé la mort en octobre selon le décompte officiel, 187 en novembre ; 19 personnes ont été tuées et 29 autre blessées cette semaine à Bagdad, Abou Ghraib et Mossoul, dont un couple de chrétiens abattus dans leur voiture.
Dans Le Point, le journaliste Pierre Beylau avait écrit en octobre 2010 un article implacable dont nous nous étions fait l’écho, sur la parodie de justice qui a conduit à prononcer la peine capitale contre Tarek Aziz, l’ex ministre des Affaires étrangères de Saddam Hussein. Il a évoqué cette semaine le « désastre historique » de cette guerre américaine, la forte probabilité, a très court terme, de l’exacerbation de la confrontation « entre les chiites (majoritaires) et les sunnites », « le sort de la malheureuse communauté chrétienne (…) qui ne sera plus, demain, que résiduelle. » Au-delà du bilan financier exorbitant de ces neuf années d’intervention, « environ 1 000 milliards de dollars », « l’expédition voulue par George Bush et les faucons écervelés qui l’entouraient est une catastrophe en termes géopolitiques. La destruction de l’Irak a ouvert un boulevard à l’Iran (…) ».
« Le Premier ministre (chiite) Nouri Maliki, mis en place par Washington, n’a désormais qu’un seul souci : complaire à l’Iran où il a d’ailleurs vécu en exil pendant de longues années. Avec des alliés tels que Maliki, les Américains n’ont pas besoin d’ennemis. Maliki se comporte, de surcroit, en apprenti dictateur faisant embastiller sans sourciller ceux qui lui déplaisent. »
« Sur le plan régional, la contagion démocratique mise en avant par George Bush n’a jamais fonctionné. Le Printemps arabe survenu huit ans après l’invasion de l’Irak n’a aucun rapport avec le renversement de Saddam Hussein (…) À Tunis comme au Caire, à Benghazi ou à Homs, ce sont des causes endogènes qui ont provoqué la colère et l’explosion des peuples. Avec in fine la victoire électorale des fondamentalistes musulmans en Tunisie et en Égypte en attendant sans doute la Libye et la Syrie. L’horizon est sombre entre Nil et Euphrate » conclut Pierre Beylau avec un pessimisme largement partagé par Bruno Gollnisch.
jpdajou dit
Bonjour à tous. Je me demandais justement si le but poursuivi par les Américains, n’était pas en réalité de permettre le contrôle de tout le moyen-orient et le maghreb par les Islamistes…Ce qui aurait l’avantage par la suite pour ces mêmes Américains, de désigner les Islamistes comme ennemis du monde occidental, et donc de s’en servir comme prétexte pour intervenir contre l’Iran… (Armées US plus Européennes ,alliées de l’ONU ou de l’OTAN bien sûr…) D’autre part cela pourrait également diminuer le danger d’encerclement d’ Israël…Bien sûr il ne s’agit là que d’une simple hypothèse, car nous ignorons les véritables enjeux de la géopolitique mondiale menées par ces pays. Et puis il y a aussi à tenir compte de l’ avis non négligeable de la Chine et de la Russie..
LG dit
Au bénéfice d’Israël !
Modérateur dit
Rien n’est moins sûr à moyen terme en fait! Sachant en outre que la politique qui a été menée vis-à-vis de l’Irak de Saddam n’a pas eu que des supporters enthousiastes, aussi bien dans les allées du pouvoir de Washington que de Tel Aviv, qui ne sont pas peuplées uniquement par des « faucons écervelés » selon la formule de Pierre Beylau…
PADLO dit
Quel gâchis! que d’humains héros qui tombent!!! Sans aucune cause…
Ben, DIEU au moin, il a un point en commun avec les Hommes, on ne le comprend pas plus, que ce que l’on ne sait pas…
Et ceux qui sont toujours partout en même temps, comme beaucoup.
Faut pas commencer, pour ne pas continuer ce que l’on ne peut plus arrêter; Et ce qui est dans parler, vaut mieu le faire pour la vérité, jusqu’au titre.
Car vous n’avez pas la solution.