Christophe Deloire, et Christophe Dubois ont écrit un ouvrage fort intéressant, « Circus Politicus », qui a le grand mérite d’attirer l’attention, comme le fait le FN depuis des décennies, sur le fait que le véritable pouvoir n’est pas exercé par les politiciens qui figurent en tête de gondole dans les médias, que les vrais lieux de décisions sont largement méconnus du grand public. C’est le cas de la Commission européenne à Bruxelles et de ses les 27 commissaires qui détiennent le monopole de l’initiative législative qui s’impose aux pays membres de l’UE ; ou encore du Conseil européen où les chefs d’État et de gouvernement se réunissent à huis clos. « On ne connaît de ce qui s’y déroule, uniquement ce qu’ils veulent bien nous en dire » relevait M. Deloire dans un entretien accordé au site Atlantico. « Les compte-rendus de négociations européennes permettent de prouver de manière irréfutable que ce qui se passe au sein d’une séance de Conseil n’a pas grand-chose à voir avec ce qui est présenté en conférence de presse. On a ainsi vu, une fois encore en lisant le compte rendu d’une réunion, que lors d’une séance où Nicolas Sarkozy prétendait à la sortie avoir dirigé la réunion, sur le verbatim, seules 13 lignes relataient ses propos (…). »
« D’autres compte-rendus montrent que, lors des sommets d’élaboration des plans de sauvetage de la Grèce, les chefs d’État et de gouvernement, le président de l’Eurogroupe ou le Gouverneur de la BCE affirment clairement que la présentation publique de l’événement ne correspondra pas à ce qui s’est dit en séance (…) »
Or, « Ce qui est en jeu, c’est la souveraineté des électeurs » s’inquiète-t-il. Le problème aujourd’hui, c’est que l’on vit dans la fiction que tout le pouvoir est à Paris alors que ce n’est pas le cas. Le système politico-médiatique reste concentré sur Paris, et on ne prête pas ainsi attention à ceux qui détiennent réellement le pouvoir, c’est-à-dire ceux qui sont à Bruxelles, dans des institutions dites indépendantes et qui ne relèvent pas de responsabilité politique »
Autre instance qui donne largement le la de la politique française, se déroulait hier soir le traditionnel dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Le chef de l’Etat y a prononcé une allocution en réponse à celle de son président, Richard Prasquier, « devant un millier de personnes – le gratin politico-artistico-religieux de France » a précisé l’Afp.
En cette année d’élection, MM. Sarkozy et Hollande se sont symboliquement serrés la main devant les caméras et la noble assistance, et le locataire de l’Elysée s’est fendu d’un discours convenu. A l’instar certainement de M Hollande quelques jours auparavant, qui avait reçu à son siège de campagne une forte délégation du Crif « dans une ambiance chaleureuse, conviviale et franche » selon le communiqué du « Conseil ».
Le président de la République a su séduire son assistance. Figure imposée, il a évoqué la libération du franco-israélien Gilad Shalit de passage à Paris avec ses parents -« la présence de Gilad sur notre territoire (était) une grande émotion pour tous les Français. On a enlevé à ses parents un enfant de 20 ans, on leur a rendu un héros »- ; rappelé son soutien indéfectible à l’Etat hébreu -« la France n’acceptera jamais qu’on remette en cause (l’)existence d(Israël). Sa disparition serait un recul effrayant de l’histoire du monde »- ; son souhait (vague) d’un Etat palestinien « démocratique, viable et moderne », « seule garantie de sécurité de l’Etat d’Israël ».
Il a redit pareillement que « l’acquisition de l’arme atomique par l’Iran est inacceptable » tout en rejetant « un conflit militaire », a concédé « des inquiétudes sur l’évolution (anti israélienne et islamiste) des « printemps arabes » et insisté de nouveau sur le fait que « chaque fois qu’un Juif est injurié, ce n’est pas l’affaire des Juifs mais de 65 millions de Français. Ce n’est pas une affaire communautaire, mais une affaire nationale ».
M. Sarkozy entendait répondre par ce discours habituel à celui de M. Prasquier qui, comme chaque année, a énoncé au microcosme politico-médiatique sa feuille de route et de cadrage, fait passer ses consignes. Et ce, en l’absence toujours de l’extrême gauche, des communistes et des verts pro-palestiniens, à l’origine d’une campagne de boycott des produits israéliens qui a provoqué leur bannissement de cette soirée. A vrai dire, lesdites consignes furent peu surprenantes. Tout juste M. Prasquier a-t-il tenu un discours particulièrement violent, qui ne s’est pas embarrassé de finesse, et dans lequel il ne s’est pas contenté de fustiger l’antisionisme militant ou ces « autres nazis, qui viennent d’un islam dévoyé. »
Tout à son entreprise assez ahurissante de diabolisation des Français et des Européens qui entendent le rester, le président du Crif a invité les dirigeants du Système à ne pas baisser la garde devant une des conséquences de la crise du mondialisme qui a touché l’Europe, puisque « les crises ne se limitent pas à l’économie » mais favorisent les « nationalismes » et « réactivent la xénophobie. »
Creusant le sillon de l’habituelle stratégie de culpabilisation des Français sur laquelle s’appuie le Crif, son dirigeant a évoqué un de ses fantasmes favoris, celui d’un « antisémitisme incrusté » dans notre pays. « Voici revenus les nationalismes autarciques que l’on croyait hors d’âge (sic) a encore clamé M. Prasquier, « ils proposent des explications simplistes et réactivent la xénophobie. Le rempart européen ne doit pas se fissurer ». « Certains (pays) ont mis une sourdine à leur antisémitisme, d’autres non. Mais c’est toujours la rhétorique inacceptable du bouc émissaire »
Enfin, le président du Crif est entré dans le vif du sujet, à savoir l’interdiction faite aux Français de voter pour la candidate de l’opposition nationale car « le Front National fait partie de cette nébuleuse ».
« Nous ne voterons pas pour le Front National » a-t-il donc précisé de manière un peu superflue, citant à l’appui de son oukase le fait que le « 27 janvier, jour de la commémoration internationale de la Shoah, c’est avec la droite européenne la plus extrême, celle des fraternités pangermaniques racistes, que Marine Le Pen est allée danser à Vienne ».
Enfin, parlant toujours de manière particulièrement éhontée au nom de l’ensemble des Français de confession ou d’origine juive, M. Prasquier a encore insisté lourdement : « Les Juifs participent pleinement à la communauté nationale (…). Mais le Crif considère qu’il y a des lignes jaunes à ne pas franchir, envers ceux qui distillent un discours de préférence ethnique et envers ceux qui diabolisent Israël et appellent à son boycott ».
Bien sûr, constate Bruno Gollnisch, même si ceux qui osent le dire sont peu nombreux, la grande majorité des Français ne se reconnait pas dans les fulminations et le portait que dresse d’eux M. Prasquier. Le poids de cette association communautaire au sein de la caste politicienne, qui prend déjà largement ses ordres à l’étranger et notamment au sein de la nébuleuse bruxelloise, comme l’illustre Circus Politicus, en dit long sur le piètre état de la démocratie française. Il est temps, grand temps de redonner la parole et le pouvoir au peuple !
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