Le pape Benoit XVI achevé dimanche à Beyrouth un voyage de trois jours au Liban au cours duquel il appelé à « la paix entre frères, quelles que soient les origines et les convictions religieuses », à la cohabitation pacifique des chrétiens et musulmans dans la société moyen-orientale « plurielle ». Un message qui entre aussi en résonance avec la situation du Kosovo qui vient d’accéder, lundi 10 septembre, à sa « pleine souveraineté », avec la fin de la « surveillance internationale » dont il était l’objet par le Groupe d’orientation sur le Kosovo. Hasard ? C’est au même moment que resurgit l’horrible affaire de trafics d’organes dans cette province qui a défrayé la chronique il y a quatre ans.
Rappelons que la Serbie reste totalement opposée à l’indépendance –autoproclamée en 2008 et reconnue par quelque 90 pays- de cette province historique de la nation serbe. Belgrade, candidat à l’adhésion à l’UE en mars, est sommé pourtant par l’Europe de Bruxelles d’améliorer ses relations avec le Kosovo. Une condition sine qua none pour obtenir une date d’ouverture des négociations d’adhésion.
Le directeur du Bureau pour le Kosovo du gouvernement serbe, Aleksandar Vulin, vient de qualifier « d’erreur historique et tragique » la souveraineté du Kosovo. « Si, avec la fin de l’indépendance supervisée, la communauté internationale laisse aux institutions de Pristina le pouvoir de décider elles-mêmes […] sur les vies des Serbes et des autres non-Albanais, c’est une erreur historique et tragique » ; « une telle décision n’incite pas à la confiance et à l’espoir » a-t-il confié.
Nous l’avons souvent évoqué sur ce blog, les 120 000 serbes du Kosovo, depuis la guerre livrée par l’Otan à la Serbie en 1999, sont victimes d’ une véritable politique de nettoyage ethnique, aux violences, intimidations et autres vexations de la majorité de la population devenue musulmane et albanaise par le biais de l’immigration albanophone…
C’est donc dans ce contexte que Le Monde et l’Afp ont notamment rapporté que le procureur serbe Vladimir Vukcevic a affirmé, dimanche 9 septembre, « disposer d’un témoin qui aurait participé au trafic présumé d’organes prélevés sur des Serbes durant le conflit du Kosovo par la guérilla kosovare.»
« Nous avons une personne qui témoigne sur une procédure médicale, faite dans le nord de l’Albanie, portant sur des prélèvements d’organes sur des Serbes enlevés durant le conflit de 1998-99 au Kosovo entre la guérilla indépendantiste albanaise kosovare et les forces serbes, a affirmé le magistrat. Il a précisé que le témoin (sous protection) était un Kosovar albanais ayant pris part au conflit, qui affirme avoir suivi une formation de prélèvement d’organes et avoir participé lui-même à une opération au moins (…). »
M. Vukcevic affirme également que « ses services ont enquêté et vérifié les déclarations du témoin depuis plus d’un an. Nous estimons que l’information donnée par le témoin est véridique »
« Un rapport du parlementaire suisse Dick Marty, adopté en janvier 2011 par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe est-il encore indiqué, décrit un trafic d’organes présumé perpétré par des maquisards kosovars albanais sur le territoire albanais lors du conflit avec les forces serbes. Dick Marty évoque dans son rapport les noms d’anciens dirigeants de la guérilla indépendantiste kosovare albanaise, dont celui d‘Hashim Thaçi, l’actuel premier ministre du Kosovo (…). »
Ce furent d’ailleurs dans les années 90 les services secrets allemands, le BND et le MAD, sous-traitants de Washington, qui avaient assuré la formation et l’armement de l’ UÇK, qui s’autofinança également par le trafic d’héroïne, et dont les combattants furent entraînés en Turquie, à Izmir…
Nous avions fait état en avril en 2008 des investigations de Carla del Ponte, ancienne présidente du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Dans un livre coécrit avec Chuck Sudetic, un américain d’origine croate, elle accusait les chefs Albanais du Kosovo, d’avoir fait entre autres, un trafic d’organes prélevés sur des prisonniers serbes. Hashim Thaçi aurait activement trempé dans ce trafic immonde précisait-elle.
Selon elle, environ 300 prisonniers, dont des femmes, des Serbes et d’autres ressortissants slaves, ont été transportés au courant de l’été 1999 depuis le Kosovo jusqu’en Albanie où ils étaient enfermés dans une sorte de prison et où des chirurgiens prélevaient leurs organes ». « Ces organes étaient ensuite envoyés depuis l’aéroport de Tirana (Albanie) vers des cliniques à l’étranger pour être implantés sur des patients qui payaient ». « Les victimes privées d’un rein étaient de nouveau enfermées dans une baraque jusqu’au moment où elles étaient tuées pour d’autres organes ».
« Les dirigeants d’un niveau intermédiaire et élevé de l’UCK étaient au courant et étaient impliqués de manière active dans la contrebande des organes », écrit Carla Del Ponte qui cite outre Hashim Thaçi, le tout aussi sinistre Agim Ceku, Premier Ministre du Kosovo de mars 2006 à janvier 2008. 1500 Albanais ainsi que 500 Serbes et non albanais sont toujours officiellement portés disparus.
« Les violences contre les témoins » disposés à parler des crimes commis par les membres de l’UCK empêchent la vérité de sortir du puits, déplorait alors encore dans son livre Carla Del Ponte. Sans surprise, le ministre kosovar de la Justice, Nekibe Kelmendi avait alors parlé de « fabrications » au sujet des affirmations de Mme Del Ponte sur ce trafic d’organes.
L’ex-procureur du TPI confesse avoir été au courant de ce trafic d’organe dés 2003, expliquant qu’à cette date «des enquêteurs du TPIY se sont rendus sur les lieux où se seraient déroulés ces crimes et ont trouvé des traces de sang (…), une seringue, des flacons vides de médicaments dont un utilisé lors d’interventions chirurgicales ». « Comme preuves, c’est malheureusement insuffisant » déplorait-t-elle.
Reste qu’à l’époque Mme Del Ponte, relevait alors Bruno Gollnisch, était « une vraie passionaria dans sa traque et sa condamnation acharnée des patriotes serbes et croates alors que demeure une impunité plus que douteuse des criminels de guerre et mafieux bosniaques ou albanais. »
Il notait pareillement que « cette information arrive malheureusement bien tard à l’heure où le nouvel ordre mondial (et ses exécutants en France, NDLR) exige l’indépendance du Kosovo, berceau de la civilisation serbe, au profit des terroristes albanais. »
Dans l’hémicycle européen, Bruno relevait aussi le 22 avril 2008, réagissant au rapport du Chypriote Adamos Adamou sur les trafics d’organes, « le constant décalage qui existe entre les paroles et les actes de l’Union européenne dans certains domaines ».
« Demander aux États membres de lutter contre le trafic d’organes et de se doter d’un arsenal pénal dissuasif, soit. Mais que faut-il penser quand aucun Etat ne prend de sanctions contre la Chine, ni n’élève de protestation, alors que des témoignages et des enquêtes concordantes ont tendu à démontrer que les exécutions capitales y sont programmées en fonction des besoins d’organes, destinés parfois à des patients étrangers. Qu’est-il prévu, d’ailleurs, pour ces riches Européens qui contournent la pénurie en pratiquant le tourisme morbide qui encourage ces pratiques ? »
« Que faut-il penser quand la Commission et plusieurs de ces mêmes États membres reconnaissent aujourd’hui le Kosovo et ses dirigeants, dont certains sont impliqués personnellement dans un trafic d’organes (…). » Une illustration, une de plus, de toutes les tares de cette Europe là…
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