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Deux poids, deux mesures

Le candidat républicain à la Maison Blanche, Mitt Romney, affuté et maîtrisant ses dossiers,  a  sévèrement surclassé de l’avis général  Barack Obama lors du débat télévisé  les ayant opposé à Denver le 3 octobre. Pour la première fois, dans un sondage Reuters/Ipsos  publié dimanche il devance le président sortant. Le candidat républicain  a tenu hier,  devant l’Institut militaire de Virginie, son discours de politique étrangère…qui a reçu un accueil mitigé des commentateurs. Au nom d’un  think  tank mondialiste très influent aux Etats-Unis le  Council on Foreign Relations (CFR),  James Lindsay a affirmé qu’ «il n’y (avait)   absolument rien dans ce discours. Si Romney a une stratégie politique internationale, il ne nous a pas encore montré ce que c’est. » Le CFR a compté dans ses rangs  plusieurs  personnalités et politiciens de premier plan (douze Ministres des Affaires étrangères  dont Madeleine Albright, Colin Powell, Henry Kissinger, un ponte de la CIA comme Allen Dulles) et beaucoup d’entre eux sont aussi membres du groupe Bildelberg et de la Commission Trilatérale.

 Ce jugement du Council on Foreign Relations conforte l’idée que les idéologues du Nouvel ordre mondial se satisfont parfaitement de la  politique menée par M. Obama.

Autant dire que cet avis compte car il est aussi repris par nombre de médias progressistes des deux côtés de l’Atlantique… même si le CFR n’a pas compté que des « flèches » dans ses rangs. On se souvient ainsi  d’un membre de ce groupe de pression,  le républicain  Gerald Ford,  affirmant au futur président démocrate Jimmy Carter,  lors d’un débat en 1976,  qu’il était faux d’affirmer que  l’Europe de l’Est vivait sous le joug de dictatures communistes !

 Lundi,  Mitt Romney, dans un discours d’une vingtaine de minutes, a évoqué de  grands principes , prônant sans surprise une Amérique plus forte, la fermeté face à la Russie et à l’Iran,  des relations plus poussées  avec Israël pour faire face « aux menaces ».

 Il s’est ainsi prononcé en faveur d’un « Etat palestinien démocratique, prospère et vivant aux côtés de l’Etat hébreu, en paix et dans la sécurité ».  Pourtant, dans une vidéo, filmée à son insu en mai dernier, il affirmait  qu’une solution au conflit était « presque absolument impensable », les Palestiniens « ne (s’intéressant) absolument pas à la paix »…

 M. Romney  a également  renouvelé son souhait de mettre à bas le régime de Bachar-al-Assad en Syrie, à « identifier et organiser les membres de l’opposition qui partagent nos valeurs » (sic), promettant de faire « en sorte qu’ils obtiennent les armes dont ils ont besoin ».  M. Romney n’a pas précisé si les 1200 à 1500 combattants étrangers  se trouvant en Syrie,  selon le centre d’analyse britannique Quilliam Foundation, sont au nombre de ceux-ci…

 Invité de l’Association Régionale Nice Côte d’Azur de l’IHEDN, le 27 juin dernier, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, rappelait pourtant que  le « printemps arabe  n’a mis que six mois à se transformer en hiver islamiste (…). Seul le régime syrien résiste à ce mouvement généralisé d’islamisation au prix d’une incompréhension généralisée et de l’opprobre internationale (…) ».

 D’autant que « les théocraties pétrolières n’ont eu aucun mal à prendre avec leurs pétrodollars le contrôle de la Ligue Arabe et d’en faire un instrument de pression sur la communauté internationale et l’ONU en faveur des mouvements politiques fondamentalistes qui confortent leur légitimité et les mettent à l’abri de toute forme de contestation démocratique. »

 « Le régime syrien poursuivait-il,  n’est pas la dictature d’un homme seul, ni même d’une famille(…). Il y a derrière lui 2 millions d’Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ont tout à perdre d’une mainmise islamiste sur le pouvoir, seule évolution politique que l’Occident semble encourager et promouvoir dans la région (…) »

 « Il existe en Syrie d’authentiques démocrates libéraux ouverts sur le monde relève M. Chouet, qui s’accommodent mal de l’autoritarisme du régime et qui espéraient de Bachar al-Assad une ouverture politique (…). Ils n’ont pas la parole et sont considérés comme inaudibles par les médias occidentaux car, en majorité, ils ne sont pas de ceux qui réclament le lynchage médiatisé du  dictateur  comme cela a été fait en Libye. »

 « Si vous vous informez sur la Syrie par les médias écrits et audiovisuels, en particulier en France (…)  toutes les informations concernant la situation sont sourcées  Observatoire syrien des droits de l’homme  (OSDH) ou plus laconiquement  ONG , ce qui revient au même, l’ONG en question étant toujours l »Observatoire syrien des droits de l’homme (…) une dénomination qui sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu la source d’information privilégiée voire unique (…) ».

 « C’est en fait une émanation de l’Association des Frères musulmans et il est dirigé par des militants   islamistes dont certains ont été autrefois condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh. L’Osdh s’est installé à la fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services anglo-saxons et fonctionne en quasi-totalité sur fonds saoudiens et maintenant qataris. »

 « (…) Je suis tout de même surpris poursuit-il,  que les médias occidentaux et en particulier français, l’utilisent comme source unique sans jamais chercher à recouper ce qui en émane. »

 « Que les monarchies réactionnaires défendent leurs intérêts et que les forces politiques fondamentalistes cherchent à s’emparer d’un pouvoir qu’elles guignent depuis près d’un siècle n’a rien de particulièrement surprenant. Plus étrange apparaît en revanche l’empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent. »

 Et comment ne pas voir en effet,  relève Bruno Gollnisch,   la  partialité de « nos »  médias dans leur traitement du conflit  syrien.  Ce qui   ne manque pas de nous rappeler  que nous vivons dans une démocratie confisquée,  dont  les grands canaux d’informations  sont soigneusement verrouillés en fonction d’intérêts qui ne sont pas forcément ceux du peuple français et des Européens.

 Jamais nous ne verrons sur nos antennes pas exemple ce reportage édifiant diffusé sur la chaîne Russia 24, dans lequel des journalistes russes ont suivi pendant deux mois l’Armée syrienne dans sa lutte contre l’ Armée Syrienne Libre (ASL) et notamment contre les brigades internationales djihadistes Al-Farouk et Ansar al islam.

 Même pudeur des médias  français quand il s’agit  de minorer ou de passer carrément sous silence, la mise hors d’état de nuire d’une centaine de mercenaires wahhabites  et autres salafistes   à Alep fin septembre  (afghans, maghrébins, yéménites, saoudiens, qataris…) ou encore l’attentat terroriste à la voiture piégée,  revendiqué  par le   groupe djihadiste, le Front al-Nosra,  qui a  fait mercredi au moins 48 morts dans cette même ville.

 Bruno Gollnisch dénonce plus globalement  ce  règne du deux poids deux mesures qui permet  notamment au ministre des Affaires étrangères  Laurent Fabius de s’émouvoir  hier  du  développement du  radicalisme islamiste dans nos banlieues tout en l’encourageant implicitement ailleurs en soutenant la rébellion en Syrie…

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