Conflits tribaux, tortures dans les centres de rétention regorgeant d’opposants, haines ethniques, corruption, prolifération des armes, violences endémiques, atomisation d’un pays dont l’unité tenait à la mainmise du clan Kadhafi sur l’appareil d’Etat et les accords avec les tribus… La Libye libérée par l’Otan du joug du raïs libyen n’honore pas vraiment les principes démocratiques et les droits de l’homme censés s’installer une fois la croisade atlantiste menée à son terme. Première étape ( ?) d’un plan com pour renaître politiquement, alors que des sondages semblent démontrer que sa popularité remonte au même rythme que s’affaisse toujours plus bas celle de François Hollande, le grand libérateur Nicolas Sarkozy a débarqué dans la capitale libyenne Tripoli mardi matin. Selon le chef du Conseil local de Tripoli, Sadat al-Badri, l’ex président de la République répond à l’invitation qui lui avait été adressée par le Conseil en 2012. Il a été accueilli chaleureusement par des officiels et des figurants chargés de faire la claque.
Avec ce sens de « l’humour » qui n’appartient qu’à lui, Nicolas Sarkozy, en ce deuxième anniversaire du début de l’intervention militaire de l’Otan, a félicité ses interlocuteurs pour le succès de la « transition démocratique » ( !) et a appelé à la « réconciliation nationale » et à « l’unité ». C’est bien le moins qu’il pouvait faire. Il est accompagné par l’ ex ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, et un autre militant antinational, Dominique Perben, qui a annoncé son retrait de la vie politique en janvier 2012. Alors garde des Sceaux (et candidat à la mairie de Lyon) ce fut M. Perben qui dans l’affaire de la conférence de presse du 11 octobre 2004, dans laquelle Bruno Gollnisch avait simplement manifesté son attachement à la liberté d’expression, de recherche et dénoncé les crimes du communisme, avait poursuivi par deux voies différentes, pour les mêmes faits, sur son ordre direct et revendiqué, le député et président du groupe FN en Rhône-Alpes.
Il fallut attendre 2009, au terme d’une campagne de haine et de calomnie insensée pour que Bruno Gollnisch soit totalement blanchi par les onze magistrats de la Chambre criminelle de la Cour de Cassation des accusations portées contre lui. Au-delà du pédigrée de M. Juppé, emmener dans ses bagages Dominique Perben, comme incarnation de la justice et de l’équité républicaine ( ?), s’avère un choix plutôt maladroit. Mais la « droite » française n’est plus à cela près !
La campagne militaire de Libye, initiée par Sarkozy et le gouvernement britannique avec l’accord direct et le soutien logistique de Washington, n’a pas peu contribué à la déstabilisation du Sahel. Et notamment au développement des métastases islamistes au Mali qui a justifié l’actuelle intervention militaire française, laquelle a déjà causé la mort de cinq de nos soldats. La vie des quinze otages français, tous détenus en Afrique par des milices islamo-mafieuses est aussi menacée. Un porte-parole d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), vient d’affirmer que « l’homme d’affaires » Philippe Verdon, enlevé fin 2011 au Mali en compagnie de son collègue d’origine hongroise, présenté lui aussi officiellement comme « géologue », Serge Lazarevic , a été décapité le 10 mars en représailles à l’intervention française.
Autre anniversaire fêté dans le sang, celui du 20 mars 2003, du début de la (seconde) agression militaire contre l’Irak menée principalement par les forces américaines, qui a éradiqué le régime laïc de Saddam Hussein. Une invasion qui a plongé ce pays dans le chaos, en a fait la proie du terrorisme, des haines communautaires entre chiites et sunnites et qui a précipité l’exil et les persécutions des Chrétiens d’Irak, jusqu’alors protégés par le pouvoir. La branche irakienne d’Al-Qaïda, « l’Etat islamique d’Irak» (ISI), a revendiqué la vague d’attentats antichiites qui a fait 52 morts et 223 blessés mardi en Irak, dans un communiqué publié aujourd’hui.
Deux exemples, sans même parler de l’évolution pour le moins problématique des pays touchés par le « printemps arabe », qui n’empêchent pas, nous le notions encore hier, la France de MM. Hollande et Fabius de poursuivre son entreprise de destruction de l’Etat syrien. Paris et Washington ont salué ainsi lundi l’élection à Istanbul par les membres de la Coalition nationale syrienne (CNS) , formée en décembre au Qatar, soutenue par les atlantistes et largement infiltrée par les Frères musulmans, de Ghassan Hitto au poste de Premier ministre de l’opposition syrienne.
M. Hitto, cadre supérieur jusqu’à l’an dernier dans une compagnie de télécommunications au Texas dixit Le Figaro, et qui posséderait la nationalité américaine, a dit son souhait d’unifier et d’imposer son autorité sur les groupes rebelles sur le terrain et a rejeté tout règlement pacifique du conflit. Ce qui n’est pas pour surprendre puisque le CNS n’est en fait qu’un organe de coordination couvrant les exactions des milices qui sèment la mort et la destruction.
Redisons-le ici, nous connaissons l’autoritarisme, les entorses aux droits de l’homme, les défauts et les tares de l’actuel régime syrien. Mais il reste incontestablement un moindre mal comparativement à la situation dramatique qu’entraînerait son écroulement, comme le soulignait notamment Marion Maréchal sur BFMTV qui pointait sa capacité à préserver jusqu’alors le vivre-ensemble de cette société multiculturelle.
Un enjeu qui est au cœur de la « laïcité » à la française et notamment de la loi de diversion votée sur le voile islamique par l’UMPS. Bruno Gollnisch invitait alors à ne pas confondre les causes et les conséquences du problème, l’accessoire de l’essentiel. Comment ne pas voir en effet que la multiplication des revendications communautaires, ethnico-religieuses, se nourrit mécaniquement de la poursuite de l’immigration de peuplement qui empêche toute assimilation à un « modèle républicain » démonétisé.
Ainsi Manuel Valls s’est ému, y voyant une «mise en cause de la laïcité», de la décision rendue mardi par la Cour de cassation. Celle-ci a décidé d’annuler l’arrêt de la Cour d’appel de Versailles rendu en octobre 2011, qui avait confirmé le licenciement en 2008 de Fatima Afif, une employée de la crèche Baby-Loup située dans le quartier pluriel de Chanteloup-Les-Vignes (Yvelines), parce qu’elle refusait d’ôter son foulard islamique.
Nous le notions en décembre 2011, évoquant cette affaire et alors que le Sénat venait de basculer à gauche, la majorité des sénateurs n’avait pas voté la proposition de loi de la « radicale de gauche » Françoise Laborde. Elle souhaitait notamment appliquer « le principe de laïcité aux assistantes maternelles accueillant des enfants à domicile » et voulait que les crèches bénéficiant « d’une aide financière publique » soient « soumises à une obligation de neutralité en matière religieuse ». Mais ici, la défense intransigeante de la laïcité qui est un des piliers du très maçonnique Sénat, s’était heurtée à la gêne des élus « humanistes » soucieux de ne pas stigmatiser une partie de la population « non gauloise ». Ainsi si les radicaux avaient défendu le texte, les socialistes étaient apparus partagés sur son utilité pratique, les communistes et les écologistes l’avaient rejeté…
Pour l’anecdote, en arrivant ce matin à Nanterre, votre serviteur a vu à quelques encablures du siège du FN, deux femmes intégralement voilées de la tête aux pieds, à la « saoudienne », ce qui est théoriquement une infraction à ce que prévoit la loi dans l’espace public. Mais dans les quartiers et les zones qualifiés de « populaires » par les médias et l’UMPS, vouloir faire appliquer la législation existante peut vite déboucher sur une émeute. Et la consigne implicite donnée aux policiers dans ce cas de figure semble bien être de détourner le regard…mais Valls le laïc ne l’avouera certainement pas. En Libye comme en Syrie, à Tripoli, Damas comme dans nos banlieues, Tartuffe se porte décidemment comme un charme.
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