En février dernier, le Premier ministre turc Tayip Recep Erdogan manifestait sa colère devant les atermoiements de l’Union européenne sur l’adhésion de son pays à celle-ci. Il rappelait très justement que les premiers pourparlers en vue de l’entrée de la Turquie dans « l’Europe » datait de 1963, à l’initiative notamment à l’époque du Général De Gaulle. Si l’on en croit des sondages récurrents, ce « rêve européen » serait de moins en moins partagé par les acteurs du monde économique turc et un peuple touranien qui garde chevillé au corps une solide fierté nationale, tourne ses regards vers le monde asiatique turcophone, et manifesterait un mépris grandissant pour une Union considérée, non sans raison, comme déclinante, voire décadente…
Recep Tayip Erdogan jugeait donc «impardonnable» et humiliante celle longue station de son pays dans l’antichambre de l’UE, avançant notamment comme raison que des millions de Turcs vivent déjà dans des pays de l’UE. «Notre coopération et notre solidarité avec l’Europe vont bien sûr se poursuivre, même s’ils ne nous acceptent pas», a-t-il ajouté.
Diaspora Turque à laquelle M Eergoan demande de prendre la nationalité du pays d’accueil mais sans s’y assimiler, sans abdiquer son identité, afin d’y former une communauté avant tout attentive à la défense des intérêts de la Turquie. Message identitaire, volontariste, conquérant même, que l’on peut comprendre d’un strict point de vue turc mais qui n’est pas sans inquiéter les Européens concernés…
En février toujours, nous notions sur ce blog que le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait confirmé à son homologue turc, Ahmet Davutoglu, le souhait de « la France (de) renforcer son soutien aux négociations d’adhésion de la Turquie ». «La France est favorable à ce qu’on ouvre la discussion sur ce qu’on appelle le chapitre 22 » (sur les 35 répertoriés) ajoutait M. Fabius, soucieux notamment de complaire à une puissance qui ne ménage pas ses efforts pour faire chuter l’actuel régime laïc en Syrie…
Ouverte officiellement en 2005 avec le soutien actif et pressant des Etats-Unis, cette adhésion bloque sur la question du respect des droits de l’homme, des libertés, de Chypre, Etat non reconnu par Ankara et dont la moitié du territoire est occupée militairement par la Turquie depuis l’invasion de 1975.
Mardi, lors dune réunion à Luxembourg, un accord a été passé entre l’Union européenne et Ankara sur l‘ouverture d’un nouveau chapitre de négociations d’adhésion à partir de l’automne prochain. Hier, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré devant le Bundestag que « la Turquie est un partenaire important », qu’elle se « (réjouissait) du résultat ».
Pour autant, elle connait le refus massif de l’opinion publique de voir ce pays musulman et asiatique de 95 millions d’habitants à l’horizon 2050, rentrer dans l’UE.
Aussi, évoquant en filigrane les violences des forces de l’ordre turques contre les manifestants en Turquie, critiquées par Berlin ces dernières semaines, Mme Merkel a ajouté, que les valeurs défendues par l’Europe ( liberté d’expression, droits de l’homme…) n’étaient «pas négociables».
Notons que MM. Hollande et Fabius ont tenu la promesse faite au régime islamiste au pouvoir à Ankara puisque la France étaient mardi au nombre des pays de l’UE favorables à la relance des négociations, contrairement à l’Allemagne, aux Pays-Bas et à l’Autriche.
La Turquie, a rappelé M. Erdogan espère toujours adhérer avant 2023 à l’UE, date symbolique puisqu’elle marquera le centième anniversaire de la fondation de la République turque.
Le Front National aujourd’hui comme hier y est résolument opposé. Rappelons ce que disait Bruno Gollnisch : « La Turquie est assurément un grand pays, nous devons avoir avec cette nation les meilleurs relations possibles ». « La France a d’ailleurs été la première à avoir de bonnes relations avec la Turquie, les premiers traités entre les deux pays ont été conclus il y a cinq siècles entre François 1er et Soliman Le Magnifique ; ils ont servi ensuite de modèle aux relations entre les pays de l’Orient et ceux du monde occidental. »
Il n’en reste pas moins que la Turquie « n’est pas un pays européen », « ni géographiquement », « ni culturellement», « ni ethniquement », « ni linguistiquement », « ni religieusement. »
« Si l’on intègre la Turquie, poursuivait le président de l’AEMN, cela veut dire que cette Union n’est pas européenne, et plus exactement qu’elle n’est en réalité, ce que je crois hélas être l’intention de ses promoteurs, qu’une espèce d’étape géographique ou de secteur d’ un nouveau pouvoir mondial qui se met en place ». « Si on fait entrer la Turquie demain, on fera entrer Israël, le Maghreb et d’autres plus tard. »
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