Bien sûr et c’est heureux, les individus changent, évoluent et ne doivent pas être jugés éternellement au regard de leurs fautes passées. Mais il est remarquable que la classe médiatique, à de très rares exceptions prés, n’ait pas évoqué à l’occasion de cette quatorzième édition des championnats du monde d’athlétisme à Moscou, le lamentable (le mot est faible) comportement qui fut celui de Teddy Tamgho il y a deux ans. Sacré champion du monde en salle et d’Europe en 2011, privé de compétitions depuis 21 mois à cause de blessures, l’athlète « originaire de Sevran » vient d’être médaillé d’or dimanche (la seule décrochée par la France) dans la capitale russe au concours du triple saut, avec un bond à 18,04 mètres. Une performance il est vrai proprement hors du commun, la troisième meilleure de tous les temps. Chose rare, M. Tamgho avait cette fois ôté sa casquette au moment de notre hymne national et a même entonné les paroles de la Marseillaise sur la plus haute marche du podium…
François Hollande a présenté Teddy Tamgho comme « un jeune sportif qui a su surmonter les épreuves et les blessures ». Or, comme l’a rappelé notamment Metronews -et au moment des faits en 2011 un long article sur le site Eurosport- les épreuves en question « sont en fait une suspension de 12 mois (dont 6 avec sursis) et une condamnation pour coups et blessures. En octobre 2011, il avait frappé Glodie Tudiesche, une jeune athlète alors âgée de 19 ans, ainsi que d’autres personnes voulant s’interposer ( lors de la violente altercation qui s’est déroulée au CREPS de Boulouris (Var). »
« Il m’a attrapée violemment par la gorge et m’a étranglée », expliquait alors Glodie Tudiesche au site Eurosport, (…). J’ai reçu des coups de genou dans la tête, des coups de poing et des coups de pied de manière ininterrompue. Une de mes copines a essayé de s’interposer mais il lui a donné un coup de poing dans la mâchoire (…) . Un entraîneur qui tentait de les séparer était ouvert au niveau de la tête et complètement en sang, selon ses dires. Teddy est revenu en courant et en criant qu’il allait me tuer. L’entraîneur s’est encore interposé in extremis. Cette fois, Teddy l’a frappé en lui mettant des coups de pied dans la tête. Il rigolait en même temps, dit-elle. La prochaine fois, il tuera quelqu’un, (mettait) elle même en garde. ». Et la jeune femme d’avancer alors que si Teddy Tamgho était un jour sacré champion olympique, il s’agirait d’une « médaille de la honte ».
En 2011 « les raccourcis entre banlieue, immigration et manque d’éducation n’étaient jamais bien loin à l’heure d’évoquer la personnalité du triple sauteur, âgé alors de 22 ans » se hasarde l’article de Metronews. Qui précise que « Tamgho n’avait pas arrangé son cas, ni contrecarré les idées reçues, lorsqu’il s’était fendu d’un clip de rap malvenu afin de se défendre… ».
Encore une fois, répétons-le, chacun peut espérer au pardon de ses fautes. Mais sur un plan plus politique, la question que l’on peut (naïvement) se poser souligne Bruno Gollnisch, est bien évidemment de savoir si les féministes professionnelles de gôche auraient gardé le même silence complice, même après le communiqué de l’Elysée, si notre médaillé d’or n’était pas issu « des quartiers » et des « minorités ».
Rappelons aussi incidemment que dans les banlieues plurielles, les exécutifs de gauche comme de droite expliquent la nécessité de multiplier les infrastructures sportives puisque le sport est crédité être un efficace dérivatif à la violence ou à tout le moins un bon moyen de la canaliser…pas toujours efficace au vu de l’actualité.
Dans l’antiquité, les athlètes qui participaient aux Jeux olympiques devaient être des citoyens sans tâches. Un esprit sain dans un corps sain . Et il va sans dire que cette exemplarité là n’était pas absente des pensées de l’ex officier aux solides idéaux nationalistes, le baron Pierre de Coubertin, lorsqu’il ressuscita les Jeux.
Des Jeux qu’il concevait comme une parenthèse de paix mondiale pouvant apporter une meilleure compréhension entre les peuples. C’était avant leur politisation extrême par les régimes totalitaires du XXème siècle. Et aujourd’hui le travestissement de leur esprit originel par le déferlement publicitaire, via le sponsoring outrancier des multinationales, des mass média, qui en ont fait avant tout une colossale opération financière avec des athlètes transformés en homme sandwich et à l’occasion en porte-parole du meilleur des mondes.
Il y a certes des fausses notes comme l’illustrent les propos de l’athlète russe, la perchiste Yelena Isinbayeva, 31 ans qui, jeudi dernier, deux jours après sa médaille d’or pour un saut à 4,89m, a suscité le tollé des forces de progrès.
La jeune femme a eu ainsi le front d’expliquer lors d’une conférence de presse qu’elle n’était pas opposée à la loi votée en juin dernier par les parlementaires russes, toutes étiquettes politiques confondues, punissant le prosélytisme homosexuel en direction des mineurs.
Celle que les médias russes surnomment « la tsarine » avait en effet déclaré que « La propagande des relations non traditionnelles serait un grand signe de non-respect des citoyens de notre pays (la Russie, NDLR) et de nos lois. Toute personne qui viendra pour les JO de Sotchi (l’année prochaine, NDLR) doit respecter nos lois ». « Nous tolérons toutes les opinions et nous respectons tout le monde, mais en retour, ces personnes doivent respecter nos lois et ne pas promouvoir dans les rues les orientations non traditionnelles ».
Voilà une opinion difficilement pardonnable aux yeux des esprits éclairés, voilà qui est bien pire que de tabasser une jeune fille. Gageons que« la tsarine » ne se verra pas proposer un contrat par une grande marque internationale de soda ou de chaussures de sport.
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