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Si j’étais gaulliste…

croix de lorraineDepuis sa création et encore plus depuis son émergence électorale il y a trente ans, le Front National a attiré en son sein  et dans les urnes des Français venant aussi bien de la gauche que de la droite de l’échiquier politique. Ce vœu de rassemblement le plus large possible des Français est inscrit dans le code génétique de notre Mouvement. Celui-ci n’est d’ailleurs pas  un  « parti »,  appellation réductrice, mais un « Front ». C’est-à-dire qu’il a vocation à dépasser ce fameux clivage droite-gauche pour réunir celles et ceux  qui sont attachés prioritairement à la défense  de l’identité et de la souveraineté nationales, car  pour le FN, l’une ne va pas sans l’autre, contrairement à d’autres formations souverainistes  de « gauche » ou de « droite »… Les impératifs de justice sociale, de solidarité, s’inspirant de la doctrine sociale de l’église,  de défense des valeurs traditionnelles sont aussi au cœur de ce projet politique national.  

 Cette capacité de nos compatriotes à déserter  les rangs des partis de  l’établissement pour rallier ceux de l’opposition  nationale, est toujours un sujet de scandale et le prétexte à des tirades indignées pour les gardiens du temple.  Jean-Pierre Chevènement n’échappe pas à la règle. Pourtant, en 1999, dans le cadre des élections européennes,  une des « Lettres ouvertes » de Jean-Marie Le Pen lui était adressé. EIle pointait le profond décalage existant  entre  le Système euromondialiste  et  les prises de position courageuses (refus de  la guerre du Golfe, du traité de   Maastricht…), patriotiques, souverainistes de l’ex ministre de Mitterrand. M. Chevènement   n’a cessé depuis de décevoir. Enoncer quelques fortes  vérités, sans renoncer pour autant à jouer la voiture-balai d’un  PS qui mène une politique à l’opposé  de ce qu’il prétend défendre, est la marque d’une grande pusillanimité.

 Lors de l’émission PolitiqueS, de Serge Moati, diffusée  samedi 14 décembre sur LCP, M. Chevènement, gêné certainement par l’image d’impuissance, d’incohérence que lui renvoient ceux qui l’ont quitté, s’en est pris avec virulence, aux transfuges chevènementistes qui ont rallié le FN.

  Sur ce média il a ainsi  interdit aux journalistes de qualifier « d’anciens chevènementistes » Florian Philippot, vice-président du FN,  Paul-Marie Coûteaux, ancien de son   cabinet lorsqu’il fut  ministre de la Défense, entre 1988 et 1991 , aujourd’hui à la tête du Siel, une des petites composantes du RBM, et Bertrand Dutheil de la Rochère , ex porte-parole de la campagne et ancien directeur de cabinet de M. Chevènement,  actuel Conseiller république et  laïcité de Marine Le Pen.

 «Philippot que je n’ai jamais rencontré, déclarait-il à l’Afp, il va clamer partout qu’il est chevènementiste. Dutheil, c’est un spécimen humain original… Paul-Marie Coûteaux, c’est tout à fait excessif de dire que nous avons travaillé ensemble». «  Il a été en effet, très jeune, au CERES (structure créée notamment  par M. Chevènement en 1966, NDLR), ensuite il est passé chez Pasqua, et chez Villiers. Et s’il m’a apporté un soutien, finalement, je m’en serais bien passé en 2002 ».

 «Je vous interdis de parler d’anciens chevènementistes, parce que j’ai eu 1 520 000 électeurs (au premier tour de la présidentielle de 2002, NDLR), et forcément, parmi ceux-là, il y en a quelques-uns qui peuvent avoir rejoint le Front National » a-t-il insisté auprès de  M. Moati.

 Ce sont surtout les Français qui se sont passés complètement  aujourd’hui de M. Chevènement en préférant une nouvelle fois l’original frontiste  à l’incomplète, ambigüe et parfois très tendancieuse copie socialo-souverainiste.

 Mais les « gaullistes » donnent aussi de la voix contre le FN. Ce n’est un secret pour personne, ce n’est pas demain que l’on verra Bruno Gollnisch fleurir la tombe du Général De Gaulle, pour les raisons que nous avons eu l’occasion de détailler sur ce blog.

 Bruno Gollnisch  pourrait dire d’un certain  gaullisme   et de beaucoup de gaullistes, ce que  le pape François disait du marxisme et de marxistes dans un entretien  publié par le quotidien   La  Stampa  le 15 décembre : «L’idéologie marxiste est erronée. Mais dans ma vie, j’ai rencontré de nombreux marxistes qui sont des gens très bien, donc je ne m’en offusque pas ». Et le Saint-Père d’ajouter que sa condamnation des inégalités engendrées par le système économique global  s’inscrivait dans la doctrine sociale de l’Église catholique. « Cette condamnation ne fait pas de moi un marxiste », a-t-il déclaré.

 Pareillement, la défense de la souveraineté, de l’indépendance nationale, le refus de l’alignement sur les Etats-Unis, de la domination du Nouvel ordre mondial, ne sont pas l’apanage du « gaullisme » et ne  font pas forcément d’un frontiste un gaulliste.

 Pour autant, la polémique entourant la reprise par  Florian Philippot, pour sa campagne municipale à Forbach,  d’ un visuel   réunissant  une croix de Lorraine, l’emblème  de la France libre et la flamme frontiste stylisée, est grotesque.

 Le JDD rapporte que Rudolph Granier, président de l’Union des jeunes pour le progrès, mouvement des jeunes gaullistes » a adressé un courrier  à Jacques Godfrain, président de la Fondation Charles-de-Gaulle, mais aussi à Gérard Larcher et Patrick Ollier, respectivement président de l’amicale gaulliste du Sénat et de l’Assemblée.  Se réclamer du gaullisme est chose courante de nos jours mais nous ne pouvons le tolérer quand il s’agit du FN ou de mouvements tenant des propos antirépublicains. Notre vision de la France ne peut se confondre avec des héritiers du fascisme italien, des tenants pétainistes ou pêle-mêle des xénophobes, antisémites ou racistes. »M. Granier dénonce encore  le « révisionnisme éhonté » du FN et appelle à « utiliser toutes les formes de recours permettant l’interdiction d’utiliser la croix de Lorraine par le FN ».

  Pour jauger de la bonne foi du brave Rudolph Granier et de  la pureté de son gaullisme, rappelons qu’il  appelle solennellement, comme les faucons du département d’Etat de Washington, les atlantistes du PS et   de l’UMP ,  au renversement du régime laïc en Syrie, y compris au moyen d’une intervention militaire.

 Dans le même ordre d’idée, c’est ce même M. Granier qui a remis en juin 2011 à Nathalie Kosciusko-Morizet le prix de l’Appel du 18 juin, destiné à une personnalité gaulliste.  Et ce,  « pour son parcours personnel exemplaire et pour sa confrontation politique avec le Front National », notamment pour son indigent  pensum  Le Front antinational. Parcours exemplaire qui fait de NKM la parfaite  égérie bobo, favorable au mariage pour tous, européiste convaincue et  immigrationniste conséquente. A chacun son gaullisme, en effet !

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