C’est une des conséquences directes de la destruction de la Libye de Kadhafi par l’Otan, sous l’impulsion notamment du trio infernal Sarkzozy-Juppé-Lévy. Ce pays en proie au chaos, dont des pans sentiers du territoire sont sous le contrôle de chefs de guerre islamo-mafieux, n’a plus d’Etat fort, n’est en plus en capacité de contrôler l’ensemble de ce pays aux frontières poreuses. La Libye est redevenue un lieu de passage privilégié pour les flux migratoires clandestins qui s’écoulent vers l’Europe, lesquels avaient été drastiquement limités par Kadhafi, comme il s’y était alors engagé…Dimanche, une embarcation ayant à son bord 130 immigrés a fait naufrage au large de Tripoli entraînant la mort de la majorité de ces malheureux. Hier une embarcation de 400 migrants clandestins, Africains et Syriens principalement, voguant vers l’Italie, a été arraisonnée par une marine libyenne débordée…mais pour combien qui passent au travers de ce maigre filet plein de trous ?
Alain Juppé justement, n’a pas à son passif uniquement l’énorme bourde, aux conséquences géopolitiques dramatiques, que fut la destruction de l’Etat libyen. Sa carrière politique, ses choix, son passage à Matignon comme au quai d’Orsay l’attestent, M. Juppé n’a pas retenu du gaullisme la nécessaire défense de l’identité et de la souveraineté nationales, mais principalement la morgue, l’arrogance et le mépris du « connétable ».
Invité dimanche du «Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro, l’ex complice de Jacques Chirac a affirmé que le député UMP des Yvelines, Henri Guaino, devait quitter l’UMP. Et ce, au motif que le patriotisme républicain de ce dernier s’accorde mal avec les tropismes bruxellois de la direction de l’UMP, le choix d’un fédéraliste européiste comme Alain Lamassoure comme tête de liste en Ile-de France.
Interrogé sur le cas Guaino, l’annonce par ce dernier qu’il ne voterait pas pour Lamassoure, M Juppé a ainsi déclaré : «Vous savez, moi, je ne pratique pas l’exclusion (sic). Mais quand on est à ce point en désaccord avec son propre parti politique, la dignité la plus élémentaire, c’est d’en tirer les conséquences ».
Même son de cloche de Jean-François Copé, hier matin sur Europe 1 : «Il faut être cohérent. Alain Juppé a raison. Il y a un moment où il faut tout de même rappeler qu’on a une famille politique et même si on peut avoir des nuances, moi j’attends qu’on soit constructif.»
Tenant à rassurer les « élites bruxelloises » et ses amis fédéralistes du PPE, M. Copé a pris soin de préciser que les eurosceptiques de l’UMP, dont Henri Guaino et Laurent Wauquiez, sont «très minoritaires»….Une minorité pourtant très conséquente au sein de l’électorat traditionnel de l’UMP. Electorat droitier que Copé et ses amis tentent d’enfumer en ajoutant dans leur brouet bruxellois, les mots immigration, frontières et patriotisme afin de le leur faire avaler plus commodément…ça fonctionne encore ?
Il peut être légitime de s’interroger sur la tardive «révolte» de M. Guaino, qui n’entend pas démissionner de l’UMP, annonce qu’il «( n’apportera sa) caution publique à aucun autre parti » et qui, de facto, a avalisé bien des dérives sous le règne de Chirac et bien sûr de Sarkozy dont il fut le conseiller (sans grande influence ?).
Mais sur le site de l’Opinion, il a donné hier un sentiment partagé par beaucoup quand il a fustigé «(les) mots (de Juppé, NDLR) qui sont empreints d’arrogance, d’un mépris qui sont peut-être franchement déplacés». «C’est une vieille divergence avec Alain Juppé sur le caporalisme dans les partis politiques. Je n’ai jamais été partisan du caporalisme dans les partis politiques. Je me souviens comment il a dirigé le RPR quand il en était le secrétaire général dans les années 1980 et 1990. Je n’oublierai jamais la façon dont on a traité à l’époque des gens comme Philippe Séguin, Charles Pasqua, tous ceux qui de temps en temps se levaient pour dire non »…
Sur Twitter, le député Thierry Mariani, du courant de l’UMP dit de la Droite populaire, n’a pas été tendre avec Juppé en lançant: «Après avoir soutenu Bayrou quand l’UMP soutenait son propre candidat à Pau, Alain Juppé est-il le mieux placé pour donner des leçons à Henri Guaino?».
Un « ami » du maire de Bordeaux, le député Jacques Myard, que l’on peut ranger dans le camp des gaullistes-eurosceptiques de l’UMP, a affirmé «connaître des dizaines d’élus qui ne voteront pas pour Alain Lamassoure qui défend une vision fédérale de l’Europe». Il a qualifié les propos de Juppé de «faute politique». «Ce n’est pas en excluant les gens que l’on renforce le nécessaire débat sur l’Europe au sein de l’UMP»…
En fait de débat note Bruno Gollnisch, il se résume à l’UMP en quelques mots, à une seule question : comment faire pour maintenir la domination de partis bruxellois, le confortable entre soi avec la gauche européiste, le duopole UMP-PS, en empêchant autant que faire se peut l’ascension du FN ?
L’ex président de l’Assemblée nationale et député de Haute-Savoie Bernard Accoyer a pris dans ce conflit le parti de M. Juppé en feignant de ne pas comprendre que c’est bien la question du programme fédéraliste, supranational, porté par l’Etat-major UMP dans cette campagne qui est en jeu ici. «Nous ne votons pas pour des personnes mais pour des idées. On ne peut pas se réclamer d’une formation politique et ne pas voter pour les listes qui portent ses idées», «Si par malheur nous étions derrière le FN, on mesurerait concrètement les conséquences des propos de Guaino» s’alarme M. Accoyer. Tout est dit…
Mais l’UMP peut compter, à l’instar du PS sur la mobilisation de toutes les forcés du système pour empêcher le coup de tonnerre que serait le 25 mai l’arrivée en tête dans les urnes du Mouvement national, du camp patriotique, souverainiste et populiste.
Alors même que les sondages enregistrent que le bipartisme UMP-PS est fini, que le FN serait devant le PS, voire même devant l’UMP dans douze jours malgré l’abstention(?), un nouveau sondage BVA pour Le Parisien publié samedi tient à nous indiquer que Marine est rejetée par la très grande majorité de nos compatriotes ! Cherchez l’erreur !
Ainsi 30 % des sondés auraient « une bonne opinion » de la présidente du FN mais 68 % une « mauvaise opinion » (23 %, une plutôt une « mauvaise » et 45 %, « une très mauvaise »); 78 % ne feraient pas confiance à la présidente du FN si elle devait gouverner le pays.
71% des personnes interrogées qualifieraient Marine de plutôt « agressive », de « démagogique » (67 %), « raciste » (60 %), 77 % des sondés la classant à « l’extrême droite ».
Inversement 27% jugeraient la présidente du FN «visionnaire», 31% « sympathique , 35% «honnête», 37% « ayant la stature d’une femme d’Etat », 38% « compétente », 63 % plutôt « courageuse ».
« La sortie de l’euro serait jugée non souhaitable par 79% des sondés et non crédible par 81% d’entre eux. Pourtant cette même enquête indique que 52% des sondés jugent Marine « convaincante ».
Enfin, la présidente du FN perdrait ses duels de popularité face à toutes les personnalités politiques qui lui sont opposées dans cette enquête . Face à Alain Juppé (77 % contre 17 %), François Fillon (71 % contre 21 %), Nicolas Sarkozy (68 % contre 18 %), François Hollande (55 % le préfèrent, contre 35 %) et Jean-Luc Mélenchon (45 % contre 40 %) !
Un désaveu qui semble d’autant plus curieux que 28 % des sondés disent qu’ils pourraient voter pour une liste FN lors des élections européennes, et 25 % pour Marine Le Pen lors de la prochaine présidentielle…
Rappelons pour conclure que la cote de popularité n’est pas synonyme d’intentions de vote. Le sondage Ifop pour Ouest-France publié le 18 avril créditait ainsi Nicolas Sarkozy de 30% des voix face à Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle; score identique à celui qu’engrangerait Alain Juppé face à la présidente du FN, laquelle obtiendrait 24 % des suffrages face au premier et 26% face au second. Une bonne base de départ à trois ans de l’échéance…
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