« Après des semaines de tergiversations » rappelle Le Monde, «dans une tribune envoyée dans la soirée de lundi 2 juin à plusieurs titres de presse régionaux, François Hollande a annoncé vouloir un passage de 22 à 14 régions métropolitaines, dans le cadre du projet de réforme territoriale du gouvernement ». Celui sera soumis au débat parlementaire en juin. « Dans le détail, les régions Aquitaine, Nord-Pas-de-Calais, Corse, Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur restent inchangées (…). Les régions Poitou-Charentes, Centre et Limousin vont, en revanche, fusionner, tout comme les régions Basse et Haute-Normandie. Le projet de réforme prévoit également le rapprochement des régions Alsace et Lorraine, ainsi que la fusion de la Picardie et de la Champagne-Ardenne (…). Auvergne et Rhône-Alpes vont également être réunis, tout comme la Bourgogne et la Franche-Comté, ainsi que Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ».
« Selon François Hollande, cette carte des nouvelles régions, qui seront de taille européenne et capables de bâtir des stratégies territoriale, «prend en compte les volontés de coopération déjà engagées . Le président souhaite que les 14 nouvelles grandes régions aient «davantage de responsabilités. En cas d’adoption de la réforme en l’état, elles seront la seule collectivité compétente pour soutenir les entreprises et porter les politiques de formation et d’emploi, intervenir sur les transports, « des trains régionaux aux bus en passant par les routes, les aéroports et les ports », ou encore gérer les lycées et les collèges».
« Pour parvenir à ces objectifs, le président souhaite que les régions disposent de moyens financiers propres et dynamiques et qu’elles soient gérées par des assemblées de taille raisonnable : ce qui veut dire moins d’élus. François Hollande affiche en ce sens l’« objectif » d’une « révision constitutionnelle » pour supprimer le conseil général en 2020, mais de façon progressive ».
N’en doutons pas, ce projet de réforme va faire du bruit et soulève déjà préventivement l’opposition prévisible de potentats locaux du PS, mais aussi de beaucoup de Français qui contestent le caractère parfois artificiel des fusions envisagées qui ne tiennent souvent aucun compte de la réalité humaine, historique, culturelle des régions.
Ce n’est un secret pour personne, le FN défend aussi les enracinements régionaux, les particularismes locaux, les patries charnelles que sont nos provinces. Autant d’attaches, d’identités particulières qui sont des points d’ancrage pour nos compatriotes face au monde gris, multiculturel et uniforme d’ «hypernomades » qui est l ’horizon final du mondialisme.
Lors de la campagne présidentielle, Marine Le Pen avait tenu notamment une réunion publique en Corse, à Ajaccio, au cours de laquelle elle avait célébré l’identité de nos régions qui sont la substance même de notre nation. Ce qui n’empêche bien évidemment pas le FN de dénoncer résolument les mouvements indépendantistes qui font le jeu du mondialisme en tant qu’alliés de revers de ceux qui à Bruxelles comme ailleurs, veulent abattre les Etats nations.
Or c’est bien l’intégrité de l’Etat nation, nous allons le voir, héritier du travail inlassable de centralisation, de consolidation du Royaume mené inlassablement par les rois de France, qui est visé ici.
Il est d’ailleurs hautement symbolique que le secrétaire d’État à la Réforme territoriale, nommé par M. Hollande le 9 avril, soit André Vallini, député PS, nous le rappelions sur ce blog, qui en 2005 voulait changer les paroles de La Marseillaise pour y inclure un « refrain mondialiste » : « Aux peuples de la Terre, Ouvrons tout grand nos cœurs, Ensemble, ensemble, Faisons naître un monde meilleur »: « Allons enfants de nos vingt-cinq pays, une ère nouvelle est arrivée. » Et un refrain européiste : «Dans le ciel de l’Europe unie, flotte le drapeau étoilé, flotte le drapeau étoilé. Souvenons-nous du temps naguère, qui nous a tant déchirés. Et demain plus jamais la guerre, mais de l’amitié et la paix »…
En 2003, dans son livre d’entretien « La réaction, c’est la vie ! », Bruno Gollnisch notait déjà, à la fois dans une optique d’enracinement, d’ efficacité et de respect du contribuable que « de tous les pays de taille et de population comparables, la France a le plus grand nombre d’institutions politiques et administratives avec des conséquences dramatiques en matière de chevauchements, d’irresponsabilités, de gaspillage, de bureaucratie de corruption. Un toilettage est nécessaire. 36 000 communes, 100 départements, 22 régions, nous avons jusqu‘à sept niveaux d’administration dans certains endroits : l’arrondissement, la commune, la communauté urbaine, le département, la région, l’Etat, l’Europe! Mon sentiment personnel c’est de garder les 36 000 communes, symboles de libertés et de traditions, mais au dessus de ces communes je crois que l’idéal serait de remplacer nos 100 départements et nos 22 régions par 35 provinces environ qui seraient en même temps rectorats d’académie pour l’enseignement, ressorts de cours d’appel pour la justice etc.».
Le besoin de repères basiques, en l’espèce l’attachement manifesté par nos compatriotes à l’échelon départemental rendrait peut être ce vœu manifesté alors par Bruno impopulaire. Pour autant, son jugement réitéré en avril 2013 dans l’hémicycle du Conseil régional de Rhône-Alpes sur la folie budgétivore emporte l’adhésion du plus grand nombre : «la dérive des régions est telle que l’on pourrait s’interroger sur la légitimité de leur existence qui fait de la France un pays suradministré par rapport aux autres pays développés de taille moyenne.»
« A titre d’exemple le Japon, dont le territoire est moins large que le nôtre, beaucoup plus étiré et morcelé, a des besoins administratifs comparables sur le plan de la géographie, mais plus du double des nôtres si l’on tient compte de ses 127 millions d’habitants.»
« Or, il a 4 fois moins de communes, 2 fois moins de départements. Il ignore les communautés urbaines (les départements métropolitains en tiennent lieu). Il ne connaît pas l’échelon régional. Il a deux fois moins de ministres, cent députés de moins, cent sénateurs de moins, 2 fois moins de fonctionnaires. Est-il pour autant un pays plus mal géré ? Non ! Y rencontre-t-on plus de sans-abri ? Non ! La sécurité y est-elle moins bien assurée ? D’évidence, non ! »
Bruno Gollnisch rappelait aussi fin avril dans un entretien accordé à La Gazette de Dijon qu’il est favorable à une réforme territoriale qu’il « réclame depuis des années » …Mais certainement pas de la manière dont elle était déjà pressentie et présentée il y a quelques semaines par Manuel Valls.
« Je demande par exemple que les régions cessent de s’occuper de tout affirmait le député FN. Je vois qu’au moins sur ce point on retourne-enfin !- à plus de bon sens, en supprimant la compétence générale qui leur permettait de financer tout et n’importe quoi, y compris des ambassades à Bruxelles ! Mais le reste du projet est aberrant : Plus on parle de réduire le mille-feuille administratif dont nous avons le record mondial, plus on en ajoute une tranche !La dernière en date est le projet de Métropoles qui empiète sur les compétences des communes, des départements, et des régions ! ».
« Egalement, la suppression des élus des départements, et la réduction des régions de 23 à une dizaine, annoncée par Manuel Valls, me paraît effarante : cela aboutirait à éloigner encore les élus des électeurs. Les citoyens ne pourraient plus peser sur la gestion des départements. On constituerait des Länder conformes aux traditions allemandes, mais totalement étrangères aux nôtres ».
« Cela faciliterait les visées hégémoniques des Eurocrates de Bruxelles. Cela n’économisera pas un centime. L’expérience souvent malheureuse de l’intercommunalité le démontre, hélas ! Si l’on veut diminuer le nombre d’élus –pourquoi pas ?-, commençons par ramener le nombre de députés à 500 grand maximum au lieu de 577, les Sénateurs à 250 au lieu de 348, à élire la moitié des conseillers départementaux à la proportionnelle, et à investir une fraction d’entre eux du soin de gérer une institution régionale très allégée…Je fais ces propositions à titre personnel ».
Enfin, indiquons encore que dans sa tribune publiée hier, François Hollande a aussi annoncé le report des élections pour ces futures grandes régions et pour les conseils départementaux de mars « à l’automne 2015 ».
Or, comme l’a expliqué une analyse parue sur le site de Lyon Capitale le 26 mai, « les résultats des européennes peuvent donner espoir au Front National de conquérir des régions. Selon nos estimations (il) devancerait les blocs de droite et de gauche en Haute-Normandie, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur ».
« Ses simulations ne tiennent pas compte de la réforme territoriale voulue par le Gouvernement qui fusionnerait plusieurs régions. Ces regroupements pourraient, dans certains cas, amoindrir l’avance de l’extrême droite, ou la confirmer comme dans l’hypothèse d’une collectivité unique Nord-Pas-de-Calais/Picardie, où le FN dépasserait le tiers des suffrages exprimés ».
« Dans les régions où il ne virerait pas devant au second tour, le FN ne serait cependant pas, comme en 1998, en situation d’arbitre. Le mode de scrutin a en effet été modifié en 1999 et assure aux listes arrivées premières la majorité absolue au second tour. Cette prime majoritaire, censée écarter la pression exercée par le FN, conduirait in fine le parti de Marine Le Pen à pouvoir diriger, malgré des majorités relatives, des conseils régionaux ».
On le constate une nouvelle fois, un mécanisme mis en place pour handicaper l’opposition nationale, freiner sa progression, est désormais susceptible de se retourner contre leurs auteurs…
Olivier dit
Merci Monsieur Gollnisch pour cet éclairage.
En effet, pourquoi garder des départements et créer des région-länders?
Une réforme, pour être durable et acceptée par les peuples qui la composent, doit prendre en compte les particularismes géographiques, culturels, économiques et historiques.
Les départements de la révolution, créés arbitrairement dans une volonté de diviser pour mieux régner, ne sont pas adaptés à ces réalités. Les régions, artificielles et coûteuses, ne répondent pas non plus à ces besoins. Il faut logiquement supprimer un échelon de trop et aboutir à une solution intermédiaire entre le département et la région: la province. Plus grande qu’un département pour avoir du poids, mais moins démesurée qu’une région, suffisamment proche des administrés pour qu’ils s’y reconnaissent et s’y impliquent et modérément grande pour ne pas s’émanciper de l’état.
Or, on constate que le but de cette réforme est inverse: désertifier les milieux ruraux au profit de mégapoles urbaines, éloigner le pouvoir des électeurs pour qu’ils s’en désintéressent encore plus, laissant le champ libre aux apprentis-sorciers de la démocratie à géométrie variable.
La Savoie, par exemple, gagnerait à se regrouper avec la Haute Savoie pour revenir à cette entité historique homogène par la culture, les intérêts économiques, la géographie… mais elle n’a rien de commun avec l’Allier ou le Puy de Dôme.
Il faut que l’intérêt des peuples qui composent ces territoires prime sur les calculs politiques à court-terme. Une telle réforme administrative et politique doit obligatoirement recueillir l’assentiment des intéressés, par consultation puis référendum.
Ce n’est pas à Goldman-Sachs d’imposer sa vision mondialiste de l’organisation de la France: http://fortune.fdesouche.com/336063-pierre-jovanovic-sur-la-reforme-des-regions-manuel-valls-applique-une-directive-de-goldman-sachs
Modérateur dit
Vous n’êtes pas le seul en effet Olivier à plébisciter le retour à nos provinces historiques, pour toutes les bonnes raisons notamment que vous évoquez. Le débat est ouvert!Merci de votre courriel,cordialement; gollnisch.com
A.F dit
Ils veulent réduire le nombre des régions? Bonne idée. Supprimons-les.
Tartempion dit
Pourquoi multiplie-t-on les « échelons de décisions » ?…
Réponse immédiate d’un jeune sorti de l’ENA : » Pour être plus démocratique ! » …
Ouh ! boufre ! il n’a RIEN compris ! …
Voici les bonnes réponses.
On multiplie les échelons de « décisions » :
1 – Pour prélever de nouveaux impôts … afin de recaser les anciens élus recalés aux élections …
2 – Pour faire travailler les « bureaux d’études » des petits copains … (genre affaires Urba, Carrefour du développement, etc …) … et ainsi, renseigner gratis … les partis politiques … et les attachés culturels des ambassades …
3 – Pour paralyser notre Pays, … en faisant en sorte que chaque échelon de décision … accuse les autres échelons, … ce qui entretient la pagaille … et permet à certains … de faire discrètement ce qu’ils veulent …
4 – Pour développer le verbiage » des grands projets « … afin d’entretenir l’illusion frimassonne … de la théorie économique des « effets de levier » …
Car depuis qu’on multiplie ces « effets de leviers » … nous devenons de plus en plus pauvres … Donc, il y a quelque chose qui cloche … Mais, bien entendu, ce n’est pas au programme de l’ENA ! …
5 – Pour couler Alstom. Sur la suggestion d’une « étude » … la SNCF décommande Alstom et passe au canadien Bombardier, … puis s’arrange pour qu’on se trompe sur la largeur des rames, … ce qui permet ensuite à General Electric … de nous promettre qu’il va créer des emplois … sans les délocaliser, promis, juré …
S’il n’y avait qu’un seul décideur, on saurait de suite QUI a pris la mauvaise décision … Mais en s’y mettant à plusieurs … on noie le poisson … D’où les avantages de la fraternité …
BS dit
Sur la réforme territoriale, j’approuve absolument et en tous points les termes d’un récent communiqué de Madame Le Pen : critique de l’inepte invention de Hollande et contre-proposition centrée sur le triptyque « commune-département-État national ».
À ce propos j’ajoute que s’il est vrai que la France n’a pas commencé en 1789, son histoire ne s’est pas non plus arrêtée à cette date et tout ce qui a été fait depuis 1789 (dont les départements) compte autant que ce qui avait été fait avant et doit être apprécié dans le contexte d’aujourd’hui. Les deux périodes ont d’ailleurs en commun la prépondérance de l’État national français et son lien avec le peuple français.
Il ne faut pas que sous la pression du soviet bruxellois, nous laissions mettre à mal cette cohérence fondamentale entre le peuple français et son État national.
Un dernier mot : ce qu’il y a peut-être de plus scandaleux dans le projet de Hollande est la manœuvre pour éloigner la prochaine expression démocratique en repoussant les scrutins départementaux et régionaux ; scandaleux aussi le projet de nuire autant qu’il le peut par de tels moyens à l’émergence du Front national.
BS