Cette duplicité est elle aussi de mise avec l’annonce par le ministre de l’Éducation nationale Benoît Hamon la fin de l’expérimentation des ABCD de l’égalité ? Un délire idéologique s’inscrivant dans la théorie du genre, dénoncé avec force par Bruno Gollnisch, qui fut lancé en début d’année dans 600 classes, de la maternelle au CM2. Cet ABCD serait donc remisé aux oubliettes…mais remplacé par une «mallette pédagogique». Celle-ci sera mise à disposition des enseignants en septembre, inscrite dans le projet éducatif des établissements et traitera de l’égalité fille-garçon… thème qui est déjà enseigné depuis longtemps…
M. Hamon et Najat Vallaud-Belkacem ont certes claironné un plan d’action ambitieux «sans équivalent» en remplacement de cette expérimentation foireuse. Mais le lobby LGBT, la gauche dans son ensemble, des syndicats (UNSA, FCPE, SNE…) ont dénoncé une reculade devant l’extrême droite et la réaction ; d’ores et déjà, les interventions de militants homosexuels et transsexuels prévues pour la rentrée dans les écoles ont en effet été annulées…
Si cette reculade se vérifie dans les faits, et il convient de rester vigilant, Bruno Gollnisch se félicite de cette victoire, qui est celle de la mobilisation des familles.Cette opposition au laisser faire laisser passer, à l’idéologie libérale-libertaire qui imprègne les partis du Système de gauche comme de droite, est symptomatique du besoin croissant de nos compatriotes de repères, d’une armature, d’une réaffirmation de nos valeurs civilisationnelles. Une saine réaction, vitale dans une Europe bruxelloise qui se désagrège, au moment même ou les apôtres planétariens somment les Européens, les Français, d’éradiquer toutes les frontières (culturelles, physiques, anthropologiques…) pour bâtir l’homme nouveau, une société transgenre .
Ancien communiste, ancien braqueur, le docteur en philosophie et homme de gauche Bernard Stiegler a bien analysé les évolutions mortifères de notre société ultra-libérale. Dans un entretien accordé à Rue 89 et publié le 28 juin, et au-delà de ses fatwas anti-FN, fatigantes, mécaniques, peu originales et surtout mensongères, il rejoint l’opposition nationale lorsqu’il remarque que nous sommes entrés depuis trente ans dans un projet global «(fondé) sur l’idée qu’il valait mieux liquider l’Etat et financiariser le capitalisme en laissant la production se développer hors de l’Occident – et cela a été le début du chômage de masse ».
« Cette liquidation a créé une insolvabilité de masse dissimulée par les systèmes de subprimes et de credit default swap, très profitables aux spéculateurs mais ruineux pour l’économie, un hyperconsumérisme extrêmement toxique sur le plan environnemental, une grande misère symbolique sur le plan mental, et une précarisation généralisée provoquant un sentiment d’insécurité bien réelle et une désintégration sociale ».
Or, qu’il le veuille ou non, le FN apparaît de manière croissante comme un antidote à cette désintégration, à ce déclin qui est aussi une perte de vitalité spirituelle comme réponse au matérialisme desséchant véhiculé par la mondialisation ultra-libérale.
Cela, un nombre croissant de catholiques pratiquants l’a bien compris. Selon La Croix qui consacrait un article à ce sujet le 29 juin, « l’incompatibilité entre l’Évangile et l’idéologie du FN, explicitement énoncée par une grande partie de l’épiscopat français dans les années 1980 –et récusée avec force à l’époque par les argumentaires frontistes fournis par Bernard Antony rappelle La Croix– paraît désormais lointaine. Oubliés, également, les discussions de la fin des années 1990 sur la possibilité d’excommunier Jean-Marie Le Pen et les refus, de la part de certains évêques, de baptiser des militants frontistes ». Désormais, « lors des élections européennes du 25 mai, les sondages ont montré que 20 % des catholiques pratiquants votaient pour le Front National ».
Oui, l’homme ne se nourrit pas uniquement de pain et de jeux, et le projet politique porté par le FN est aussi une volonté de réenracinement, à l’antithèse de la transformation des individus en simple homo consumerus, interchangeable, en simple tube digestif conditionné par les stimuli du Marché.