« Une fois passé le dégoût, Merci pour ce moment est un document passionnant pour ce qu’il dit sur l’extrême médiocrité de notre époque » notait sur tweeter Philippe Martel, le directeur de cabinet de Marine Le Pen, lors de l’université d’été du FNJ à Fréjus en fin de semaine dernière. Un jugement sur le règlement de compte de Valérie Trierweiler qui est partagé par beaucoup de Français. Certes le bruit médiatique, une certaine forme de voyeurisme et/ou la détestation d’Hollande, et/ou une forme de solidarité avec la femme bafouée assurent à ce « témoignage » un succès assez foudroyant. Il s’est d’ores et déjà écoulé à près de 150 000 exemplaires en quelques jours. Pour autant, selon un sondage Harris Interactive pour VSD publié hier, 56% des sondés pensent que Mme Trierweiler ‘ » a eu tort d’écrire cet ouvrage », 41% qu’elle a « eu raison ». Dans le sondage CSA pour Nice-Matin rendu public le même jour, 67% des sondés « désapprouvent » la publication de ce livre, tandis que 33% « approuvent ». Cette attaque livresque qui porte plus largement atteinte , à travers le personnage visé, à la dignité de la fonction présidentielle, n’aurait certes pas été possible avec un chef d’Etat digne de ce nom, conscient de la charge dont il est dépositaire, qui est tout sauf « normal ». Un reproche déjà fait à Sarkozy bling-bling, qui a achevé de brouiller, avec une singulière vulgarité, la frontière entre vie privée et vie publique. Celui- ci vient d’ailleurs de nous donner une haute idée de la profondeur de ses réflexions en expliquant, dixit Le Figaro, qu’il était impératif de changer le nom de l’UMP, afin de faire disparaître la lettre « P » de son intitulé, en ce qu’elle permet à Marine et au FN de fustiger « l’UMPS »…Quelle puissance d’analyse!
Les ennuis n’arrivant jamais seul pour ce gouvernement, et sans même parler des chifrres de l’économie française dont tous les indicateurs sont au rouge, les opposants socialistes à la ligne Hollande-Macron-Valls ne renoncent pas à donner de la voix , malgré « le danger Front National« . Dans Les Inrocks, le Young leader Arnaud Montebourg, en compagnie de l’économiste Thomas Piketty, fustige la « grande constance dans l’erreur » du chef de l’Etat, sa soumission à « l’ordolibéralisme« .
Il l’accuse de mener la politique de la « droite allemande« , estime que la « loi de finance » est un « plan d’austérité à la française ». M Montebourg n’attaque pas cependant son successeur au ministère de l’Economie et collègue de la French American Foudation-Young leaders, Emmanuel Macron, souhaitant lui laisser « le temps d’agir ».
Autre Young leader, comme François Hollande dont il fut le très proche conseiller, Aquilino Morelle dit tout le mal qu’il pense désormais du Président de la République dans un entretien accordé au Point. Rappelons-le, M. Morelle avait été poussé à la démission en avril dernier après avoir été accusé de conflit d’intérêts par Mediapart pour avoir collaboré avec un laboratoire pharmaceutique danois quand il était encore inspecteur de l’lgas en 2007.…
Petit marquis au Palais de l’Elysée, notions nous, M. Morelle illustrait aussi par son train de vie somptuaire avec l’argent des contribuables, de manière caricaturale, le décalage entre le discours de la nomenklatura et ses actes. Deux chauffeurs personnels étaient entièrement à sa disposition, des secrétaires également payés par les Français auraient géré les conflits avec les locataires de ses nombreux biens immobiliers; il s’abstentait de son bureau pour des séances de sauna, hammam ou gommage, consommait, à haute fréquence, de grands crus de la cave de l’Elysée, convoquait régulièrement au palais un cireur de chaussures…
« Une affaire révélatrice, notait Bruno Gollnisch, des mœurs de cette gauche caviar , qui prétend donner des leçons de morale au monde entier, mais qui n’oublie pas de se sucrer au passage ». Aujourd’hui, dans Le Point, Aquilino Morelle est-il le mieux placé pour se plaindre de sa démission forcée, pour se dire « victime d’une épuration ethnique » (sic), dénoncer sa « liquidation par la Tcheka hollandienne (!) le 16 avril »? Reste qu’il prend aussi la défense d’Arnaud Montebourg dont il consteste l’exclusion du gouvernement et affirme que le cap économique choisi par le gouvernement sera un échec et entraînera une soumission accrue à Berlin. « Angela Merkel va nous traiter comme nous le méritons, comme des laquais ».
Les affaires, le mépris du contribuable par des élites déconectés du réel, les pertes de souveraineté sont ressentis durement par les Français. Mais là ne serait pas l‘essentiel et surtout la vraie raison de l’envolée des (intentions de) vote(s) en faveur de Marine et du FN.
C’est en tout cas la conviction d’une femme souvent lucide, mais qui déplore cette ascension du FN, à savoir Malika Sorel-Sutter, ex membre du collège du Haut Conseil à l’Intégration et de sa mission Laïcité, administrateur de l’association de Défense et de géopolitique Géostratégies 2000.
Elle s’indigne une nouvelle fois dans Le Figaro du double langage, des promesses trahies par Manuel Valls comme par Nicolas Sarkozy dans le domaine de l’immigration. »Si les Français se tournent vers le Front National affirme-t-elle, c’est principalement en raison de son positionnement sur le sujet de l’immigration-intégration. En effet, les enquêtes montrent qu’ils n’adhèrent pas majoritairement au reste de son programme: 60 % se déclarent hostiles à toute sortie de l’Union européenne, 59 % se déclarent attachés à la monnaie unique (Viavoice, avril 2014) ».
Or, avec Valls, « les régularisations bondissent ainsi que les naturalisations – il promet même d’en faire davantage. Le pays vit à crédit et s’enfonce dans le chômage ; l’intégration culturelle ne se fait plus qu’à la marge. Qu’importe! L’État poursuit sur sa folle lancée, continuant d’accueillir des centaines de milliers de nouveaux entrants chaque année ».
Sarkozy ne fit pas mieux: « sitôt élu, il fit l’exact inverse de ce qui était attendu de lui: diversité culturelle érigée en dogme ; nominations à raison des origines ethno-raciales, donc rupture avec la méritocratie républicaine pour laquelle le peuple français avait pourtant déclenché la Révolution ; nomination d’un ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale qui s’empresse de soutenir que la France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire. »
Difficile de donner tort à Malika Sorel-Sutter quand elle relève aussi, certes le constat n’est pas neuf, que les deux principaux partis dits de gouvernement, » ont grandement facilité la tâche (de l’opposition nationale, NDLR) en désertant de concert la défense des principes républicains et en taxant, dans un réflexe quasi pavlovien, de lepéniste quiconque osait aborder de face les questions d’immigration, d’intégration culturelle, de nation, d’identité (…). C’est ainsi que dans l’esprit des Français, ils ont établi une sorte d’équivalence entre le Front National et la patrie, terme qui est presque devenu tabou ».
« À l’expression d’une insécurité culturelle grandissante, les hommes et femmes politiques persistent malheureusement dans leur aveuglement et répondent par des calculs d’appareils, des combines entre individus, des appels au centre (traduisez: bannissement du sujet de l’identité nationale), quand ils devraient regarder la réalité en face et privilégier à tout instant l’intérêt supérieur de la nation ».
« La force de Marine Le Pen, explique encore Mme Sorel-Sutter, a été de le sentir et d’inventer le slogan UMPS qui lui permet d’amalgamer l’ensemble des partis de gouvernement ». Un slogan certes dévastateur en ce qu’il correspond au ressenti de nos compatriotes, à la réalité, qui inquiète tant M. Sarkozy comme nous l’avons vu …Mais qui ne devrait pas faire peur à Mme Sorel-Sutter à la lumière de qu’elle sait et veut bien révéler de cette collusion UMPS…
A.F dit
La suite de l’histoire va être intéressante.
Sarkozy est un mauvais candidat, parce qu’il est grillé vis-à-vis des électeurs vraiment de droite.
Juppé est un candidat délicat à gérer, parce qu’il faudra qu’il fasse voter pour lui la gauche, en limitant les dégâts à droite. Equilibre difficile, à mon avis.
Mais Juppé est le théoricien et le praticien de l’UMPS.