Bref les « idées » du Mouvement national ne seraient pas seulement « pernicieuses » dixit Alain Juppé, mais pire encore le FN n’aurait pas vraiment d‘idées, de colonne vertébrale intellectuelle. Les Français, décidemment un peuple d’abrutis (« le peuple vote mal, changeons de peuple« , mot d’ordre non avoué de la Caste) voteraient toujours plus nombreux, par simple désespoir et ras-le-bol, pour un ectoplasme, une formation attrape-tout, un Golem sans néocortex ni consistance, composés de dirigeants incultes mais roublards et démagos. C’est ce qu’affirmait dans une longue tribune publiée sur le site du Figaro le 5 septembre, Frédéric Saint Clair, « mathématicien et économiste de formation », » chargé de mission auprès du Premier ministre Dominique de Villepin pour la communication politique (2005-2007). Une longue diatribe intéressante en ce qu’elle met à jour crûment une opinion partagée/véhiculée par la majorité des faiseurs d’opinions.
« Il y a, de fait, écrit M. Saint Clair , de quoi être terrifié lorsqu’on s’intéresse au corpus théorique du Front National, mais pas par sa dangerosité, par sa vacuité. Vacuité politique. Vacuité théorique. On pourrait puiser dans l’histoire de la pensée politique jusqu’à Aristote et Platon sans trouver aucun penseur du politique qui puisse venir irriguer ce mouvement de ses idées ; ni Rousseau, ni Montesquieu, ni, bien évidemment, Proudhon ou Marx, ni Maistre d’ailleurs… pas même Machiavel. Sur quoi repose-t-il alors? Principalement sur un culte de la personnalité, brodé de sophismes et d’amalgames ».
« Tous les leaders de cette extrême droite opportuniste fonctionnent sur le même modèle, du Général Boulanger à Jean-Marie Le Pen en passant par Pierre Poujade: s’imposer au moyen du pathos au détriment du logos, de la ferveur aveugle au détriment d’un raisonnement construit et destiné à éveiller les consciences. S’il y a là une habileté politique incontestable, celle-ci est doublée d’une imposture intellectuelle ».
Le FN manie avec brio les étiquettes: Nation, France, Peuple, Immigration, Non à l’Europe, UMPS, Français opposés aux Etrangers, Sortie de l’euro, Rétablissement des frontières, etc., simplifiant à l’envi ses propos, jouant avec les champs sémantiques, travaillant à donner l’impression de détenir le «parler vrai» que «le peuple comprend». Cette dimension populiste n’est en réalité rien d’autre qu’une lutte contre l’intelligence. (…) le Premier parti de France est une erreur mathématique ; quant au programme du FN, il sonne creux ».
Il n’est pas venu à l’esprit de l’ex collaborateur de M. de Villepin que la France ne se réduit pas aux contours du 7ème arrondissement et que pour nos compatriotes les « étiquettes « en question puissent recouvrir des réalités tangibles. Est-il vraiment étonnant, au vu des résultats obtenus par les programmes « intelligents » portés au pouvoir par les amis politiques de M. Saint Clair, que les Français se tournent vers le vote FN et Marine? Des partis du Système qui n’ont ni su, ni pu ou voulu anticiper les problèmes dramatiques qui accablent la France et les Français et menacent sa pérennité même.
Quant au programme du FN, avec lequel chacun est libre bien évidemment de ne pas être d’accord, il n’en a pas moins sa parfaite cohérence. La première de celle-ci, et c‘est ce qui explique pour beaucoup qu’il soit tant redouté et diabolisé par le Système, c’est son souhait de remettre le peuple au centre de la vie politique. Le FN ne craint pas la vox populi, s’inspirant de la démocratie suisse, il souhaite redonner aux Français la maîtrise de leur destin, par le recours au referendum d’initiative populaire sur les grands sujets de société engageant notre avenir.
L’opposition nationale est portée par une vision du monde il est vrai antithétique de celle des idéologues cosmopolites, mondialistes, ultra libre-échangistes qui ont contaminé l’ensemble des programmes des partis dits de gouvernement.
Cette vision nationale du monde, ancrée dans le réel, non dogmatique, qui structure notre réflexion programmatique, emprunte à des degrés divers aux sources de notre civilisation gréco-latine; aux grands penseurs de l’enracinement, de l’identité et de la souveraineté nationales (Barrés, Maurras…); à la doctrine sociale de l’Eglise, aux grandes figures et incarnations du combat social « de droite » (Veuillot, Le Play, la Tour du Pin, Péguy…); par certains aspects aussi aux maîtres du « libéralisme national » (de Max Weber à Friedrich von Hayek) et aux travaux d’éthologues comme le prix Nobel Konrad Lorenz et Arnold Gehlen; aux grands théoriciens du déclin de l’occident (Joseph de Maistre, Louis de Bonald , Edmund Burke…) qui ont su voir comment la perte des valeurs qui ont fait la grandeur de notre civilisation a constitué une catastrophe pour notre pays; à un philosophe de la réhabiliation du politique comme Julien Freund…
Le Front National est ainsi le seul mouvement politique de tout premier plan, réaliste et non marxiste, à intégrer les critiques de l’ultra libre échangisme, à militer pour la mise en place d’un protectionnisme intelligent -« combat » porté historiquement par une référence de longue date du programme économique du FN, le seul prix Nobel d’économie Français, Maurice Allais-, à dénoncer les ravages du capitalisme spéculatif.
A cette aune, notre rejet de l’Europe du déclin, de la récession, c’est-à-dire de notre inféodation aux menées de la technostructure bruxelloise, bouleverse les classifications commodes qui rassurent tant les tenants de l’immobilisme. C’est ainsi que peuvent parfois se retrouver sur les positions du FN des personnalités de gauche, comme l’essayiste Emmanuel Todd, des économistes qui ne frayent pas dans les mêmes eaux politiques que l’opposition nationale, mais dont les travaux peuvent irriguer nos réflexions comme Pierre-Noël Giraud, Jean-Luc Gréau, Gérard Lafay, Jacques Sapir…
Face aux partis de gestionnaires, englués dans le court terme, le Front National est lui réellement porteur d’un discours politique, au sens noble du terme, celui de l’intérêt de la nation et du peuple.
Alors oui, le FN échappe aux classifications commodes, rassurantes, simplistes, il dépasse le vieux clivage droite-gauche hérité de la Révolution française comme le relevait encore dernièrement Bruno Gollnisch pour s’en féliciter.
Pour Bruno Gollnisch, le FN reste bien un Mouvement de Synthèse de courants autrefois antinomiques, celui des valeurs républicaines et de la tradition contre-révolutionnaire, celui des valeurs aristocratiques , des nécessités traditionnelles de l’ordre naturel, avec celui des valeurs démocratiques, celui de la défense de l’identité et des particularismes avec celui des valeurs universelles.
Aussi, comme Jean-Marie Le Pen le précisait dans la revue Identité il y a déjà près de 25 ans, « , la conception que le FN a de la politique n’est ni constructiviste, ni idéologique, ni rétrograde, ni moderniste. Elle est plus simple et plus saine. Elle se fonde d’abord sur le bon sens, le respect des traditions et l’observation attentive des lois de la vie. Dés la plus haute antiquité, les philosophes grecs n’eurent de cesse de flétrir hybris et anomia , la démesure et le non-respect de l’ordre naturel du monde. «
« Nous pouvons poser comme principe de base qu’une politique digne de ce nom ne peut en aucun cas se dissocier de l’ordre naturel du monde, et qu’en conséquence , tous les constructivismes de quelque nature qu’ils soient, amènent inéluctablement la chute de l’homme et sa réduction en esclavage (…). Pour notre part, nous préférons tirer nos leçons de l’observation des lois naturelles et des expériences des Anciens, plutôt que des manuels sulfureux des idéologues. Qu’il soit bien clair aux yeux de tous, que nous n’avons pas pour ambition de réaliser le paradis sur terre, car sur terre, il n’y a pas de paradis, ni rouge, ni rose, ni même tricolore. Ceux qui s’y sont essayés ont inéluctablement échoué dans les méandres des goulags ou des camps de concentration. »
« Notre conception du politique est fondée sur l’observation des lois du monde. Notre conception de l’Etat est donc une conception organique« . Et si le FN diffère des partis euromondialistes notait encore Jean-Marie Le Pen c’est parce que les nationaux ont intégré les remarquables travaux de Gustave le Bon, Alexis Carrel ou Carl-Gustav Jung qui « prouvent à l’évidence que les peuples ont une âme« . » Et quand l’esprit qui anime un peuple s’évanouit, quand le souffle épique agonise, quand la volonté de vivre cède la place à une dangereuse fascination pour la mort lente, quand on préfère survivre couché plutôt que vivre debout, quand le Veau d’or a supplanté dans les cœurs les flèches des cathédrales, alors le Juste sait que son peuple est au bord du gouffre. «
» Notre conception de la France, -« une réalité qui existe tant au niveau physique qu’au niveau philosophique et spirituel »- est d’abord une approche poétique et spirituelle de la réalité. Aucun déclin n’est inéluctable (…). Le Front National incarne l’esprit de résistance, celui qui animait aussi bien Vercingétorix que d’Estienne d’Orves. Le Nouvel ordre mondial, au fur et à mesure de son expansion gigantesque, multiplie bien malgré lui les prises de conscience et suscite les réactions sans lesquelles les peuples seraient condamnés à ne plus exister autrement que sous la forme d’agrégats d’individus considérés seulement comme des consommateurs. »
Cette course contre la montre nous devons, nous pouvons la gagner, si nous savons rallier une majorité de nos compatriotes. C’est là notre mission sacrée, tout le sens de l’engagement derrière Marine des militants, cadres et dirigeants du FN.