Une fois n’est pas coutume, le très anti frontiste site Médiapart d’Edwy Plenel, mettait en ligne hier un article du dénommé Phlebas, intitulé «Le FN n’est pas antisémite». Une évidence limpide à la simple lecture du programme frontiste et à l’écoute (sans exégèse tortueuse ou maligne) des propos de ses dirigeants. Evoquant la très tendancieuse étude (l’antisémitisme dans L’opinion publique française) commanditée par Fondapol de Dominique Reynié -que nous relations il y a peu-, l’auteur de l’article fait justice des résultats de celle-ci. Réalisée sur la base d’un sondage par téléphone, à l’aide de questions équivoques, il réfute les conclusions de cette étude affirmant qu’il existerait «un niveau plus élevé d’antisémitisme dans l’électorat FN», chez «les électeurs du Front de Gauche, de Jean-Luc Mélenchon » et même était-il indiqué chez les musulmans. Or, «il est quasiment impossible dans ce type d’enquête téléphonique de pouvoir donner une opinion circonstanciée». «Un indicateur très intéressant: le niveau d’antisémitisme diminuerait avec le nombre d’années d’études. C’est bien évident, car on apprend à répondre politiquement correct avec les années d’étude. Le régime nazi nous a bien montré qu’il n’y avait en fait aucune corrélation réelle entre le niveau d’étude et l’antisémitisme (voir le comportement d’Heidegger et des universitaires allemands à l’époque nazi)». Et l’auteur de cet article d’affirmer que « ce que montre simplement cette étude, c’est qu’avec des questions biaisées on peut faire répondre plus facilement ce que l’on veut démontrer, à ceux qui n’ont pas bien intégré la manière de répondre politiquement correct. Et c’est pourquoi la part du vote populaire étant plus important au FN, et, dans une moindre mesure au Front de Gauche, on y trouverait un antisémitisme plus élevé que dans les autres partis ».
Nous prenons bonne note de ce petit mea culpa de Mediapart , ou a tout le moins de la possibilité de faire entendre sur ce site un avis qui diffère des opinions excessives et extrémistes qui y sont proférées habituellement. Cela ne remet certes pas en cause le refus par le FN de l’accès de son congrès de Lyon cette fin de semaine aux journalistes de Mediapart –ainsi qu’à ceux du Petit journal de Canal plus.
François Bonnet, l’un des cofondateurs du site, croit voir dans cette décision de la direction du FN la conséquence des enquêtes menées «tant sur les liens de Marine Le Pen avec les ultras de l’extrême droite qu’avec nos révélations sur le financement du FN par une banque russe, on vient gêner la grande entreprise de communication de Marine Le Pen ». «Marine Le Pen n’a toujours pas compris qu’en démocratie une presse est libre et doit être autorisée à couvrir les partis avec les choix éditoriaux des médias et non les siens».
M. Bonnet lui n’a pas compris ( ?) que les arguments qu’il avance ne trompent plus grand monde, tant il est vrai, que TOUS les médias ou presque ont un jour ou l’autre, souvent de manière récurrente, pondu des enquêtes, des reportages, des articles crapoteux, mensongers, partisans sur le FN, y compris depuis l’accession de Marine à la présidence du FN.
Plutôt que d’en appeler, toute honte bue, aux principes démocratiques, il s’agirait pour Mediapart d’assumer plus honnêtement son statut, invoqué clairement par ses responsables, de media militant anti FN. Ce que ses confrères avancent en général avec moins de clarté ou d’outrecuidance c’est selon, en laissant (parfois) la parole à la défense (frontiste).
Marine le rappelait il ya quelques mois suite à l’interdiction faite à un journaliste de ce site de suivre l’université d’été du FNJ à Fréjus: «Mediapart a organisé toute une série de débats pendant la présidentielle (de 2012). Ils ont dit clairement dans un texte : Nous inviterons tous les candidats à la présidentielle sauf Marine Le Pen. S’ils invitent tout le monde sauf moi, moi j’invite tous les journalistes sauf Mediapart (…). En faisant ça, Mediapart rompt avec la déontologie journalistique ».
Bref, quand est adulte et responsable, on est comptable de ses prises de position, de ses déclarations de guerre et on les assume. Il est tout de même assez consternant de devoir rappeler cette évidence, notamment à un ancien militant de la Ligue communiste révolutionnaire, même embourgeoisé, comme M. Plenel …
«J’appelle bourgeois tout ce qui pense bassement » disait Flaubert et à l’aune de cette définition, l’électorat frontiste lui, n’entend pas s’embourgeoiser ! Dans son édito paru dans le dernier numéro de l’AF, François Marcilhac notait que selon le récent sondage IFOP-Atlantico, « 68% de nos compatriotes seraient désormais favorables à la dénaturation du mariage et 53% à « l’adoption d’enfants par des couples de même sexe », le taux progressant fortement dans l’électorat UMP. Pour Jérôme Fourquet, de l’IFOP, « une fois que c’est voté et que la bataille est finie, (l’)électorat flottant se rallie à la majorité et à la légalité (…)», F. Marcilhac y voyant le fruit du «régime d’opinion».
«Observons toutefois ajoute-t-il, que cette propension de l’opinion à se conformer au discours dominant doit être nuancée. Le même sondage indique qu’il n’y a que chez les sympathisants du Front National que l’adhésion baisse : 44% pour le mariage homo contre 54% au début de 2013 et 28% pour l’adoption contre 38%. Ainsi, ceux qui font la démarche de promouvoir un bouleversement — réel ou supposé : peu importe en l’occurrence — de la donne politique française sont également ceux qui conservent le plus de liberté d’esprit et chez lesquels on observe même un retournement de tendance ! ».
« Il est donc clair que les Français qui se tournent vers le FN n’attendent pas de celui-ci qu’il confonde dédiabolisation et normalisation et se soumette au politiquement correct, mais qu’il demeure, au contraire, une force politique à l’identité forte. Du reste, le parti de Marine Le Pen aurait tort de ne pas profiter du discrédit de plus en plus manifeste de Sarkozy au sein même de l’électorat le plus droitier de l’UMP. C’est donc en demeurant aux yeux des Français comme un parti qui ne lâche rien sur l’essentiel que le FN joue son avenir politique ».
Plus largement encore ajouterons-nous, cette capacité de résistance des Français les plus lucides à l’idéologie dominante doit être étendue également à tous les aspects du programme frontiste dont les sentencieux spécialistes tournant en boucle sur les plateaux ne cessent de dire qu’il n’est pas « crédible ».
Dans «Le dandy de grand chemin » Jean-Edern Hallier confiait que «le vrai n’est jamais crédible. Le crédible est le vrai de l’opinion majoritaire. Le vrai relève de l’Aleiteia –vérité dans la philosophie grecque- et non de la doxa, c’est-à-dire de l’opinion prétendue publique. Ce n’est pas parce qu’on est minoritaire dans une société, contre la doxa, qu’on cesse d’être dans le vrai. L’opinion de la soi-disant majorité, c’est paradoxalement le contraire de la vox populi que cette majorité ne cesse de détourner (…). Une société mue et dirigée par les sondages d’opinion est une société complètement pervertie par la démagogie ».
Ce n’est certes pas par hasard constate Bruno Gollnisch, que figure en bonne place dans le programme du FN la volonté de redonner directement la parole au peuple par le recours à la démocratie directe. Et que cette volonté de restaurer la vox populi fasse frissonner d’horreur et de frayeur les élites du Système et autres manipulateurs d’opinion(s).
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