Ça bouge en Europe et la contestation contre la dictature bruxelloise prend de l’ampleur, non parfois sans ambiguïtés et en empruntant des culs de sac comme c’est actuellement le cas (pour l’instant?) avec Syriza en Grèce. Et ce dimanche en Espagne avec les succès aux élections locales d’un autre mouvement de gauche radicale Podemos, deux formations communiant dans le même immigrationnisme, le même refus de quitter l’Union européenne et de s’affranchir de l’euro. En Pologne, c’est le très droitier Andrzej Duda qui a emporté dimanche, à la surprise générale, la présidentielle devant le président libéral-centriste sortant Bronislaw Komorowski. M. Duda était le candidat soutenu par le parti Droit et Justice (PiS) dirigé par Jaroslaw Kaczynski, ex chef du gouvernement (de 2006 à 2007) sous la présidence de son frère jumeau, Lech, décédé en 2010. PiS qui a donc le vent en poupe à l’approche des élections législatives et qui est dénoncé violemment par les progressistes bruxellois qui fustigent son populisme, son euroscepticisme, son nationalisme, sa proximité avec l’Eglise catholique dans sa défense des valeurs traditionnelles…
De son côté, le Premier ministre britannique David Cameron a débuté aujourd’hui une tournée de capitales européennes. Dans le but avoué de renégocier les conditions d’appartenance de son pays à l’UE, qu’il remet plus largement en cause en confirmant sa promesse (menace) de campagne d’organiser un référendum sur une sortie de l’Europe. Une perspective de « Brexit » (pour « British exit ») contre laquelle se dressent la City, certains milieux d’affaires qui promettent une marginalisation, un décrochage, voire une implosion du Royaume-Uni en cas de victoire du OUI…
Le quotidien Le Monde note à cette occasion que « les ressortissants des pays du Commonwealth résidant au Royaume-Uni pourront participer au référendum, mais pas les 1,5 million de ressortissants des pays de l’Union européenne. Ainsi, un Indien établi à Londres votera, tout comme un Maltais ou un Chypriote, mais pas un Allemand ou un Français. Avec cette mesure discriminatoire, M. Cameron adresse un signal de défiance aux Européens en même temps qu’un clin d’œil aux tories europhobes et aux xénophobes du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui craignaient que le vote des Européens ne soit trop favorable à un maintien dans l’UE ».
«Pour avoir une chance de réussir est-il encore souligné, David Cameron devrait garder secrètes le plus longtemps possible ses deux principales armes : la date du référendum et la nature précise des réformes qu’il réclame. Tout en maintenant l’échéance officielle de 2017, il a laissé plusieurs de ses proches envisager un vote dès 2016. Il devra arbitrer entre des vents contradictoires : les milieux d’affaires britanniques font pression pour une date rapprochée car ils craignent une longue incertitude ; l’année 2017 coïnciderait avec les élections générales en France et en Allemagne, avec un risque que la présidente du Front National, Marine Le Pen, tire parti des négociations sur le Brexit ».
Et le quotidien de référence de noter encore que «l’issue du référendum sur le Brexit apparaît hautement imprévisible » sachant que « David Cameron a pris le risque d’une glissade inopinée hors de l’UE ». Inopinée ? Cela n’est pas l’avis de très nombreux économistes de renom, sans même parler de l’avenir même d’une zone euro à laquelle le Royaume-Uni n’appartient pas.
Alors que Nikos Voutsis, ministre grec de l’Intérieur, a laissé entendre qu’Athènes pourrait ne pas rembourser le Fonds Monnétaire Internationale (FMI) en juin d’une échéance de 300 millions d’euros, sur la somme totale de 1,7 milliard d’euros, l’idée d’une sortie de la Grèce de l’UE, d’un « Grexit » revient en force.
Un scénario évoqué notamment sur le site d’Europe 1 : « Face à l’incertitude de leur avenir financier, les Grecs seraient amenés à vider encore plus leurs comptes en banque. À cours d’euros, les banques grecques devraient donc se tourner vers la BCE pour obtenir des liquidités. Or, comme l’explique Charles Wiplosz, économiste consulté par Le Figaro, la Banque Centrale Européenne (BCE) peut décider de stopper net son aide à la Grèce (…). Si la BCE lâche la Grèce, Athènes, n’ayant plus accès ni aux euros de la BCE ni aux euros de ses citoyens, pourrait envisager de quitter l’Union européenne et de revenir à sa monnaie d’origine, la drachme.»
L’économiste Olivier Delamarche, associé et gérant de Platinium gestion, le relevait en début de semaine sur l’antenne de BFM business, un des rares médias « bourgeois » ou la voix des dissidents à la pensée dominante eurobéate peut se faire entendre le compte à rebours avant implosion est enclenché depuis longtemps. Tout l’enjeu pour les partis européistes étant de retarder l’inéluctable échéance.
« Il est évident affirme-t-il, que si la Grèce sortait de l’euro vous auriez une contamination derrière de la plupart de pays qui diraient : eux (les Grecs, NDLR) ils s’en tirent, ils nous laissent une ardoise énorme et nous il faudrait qu’on la règle et qu’on continue à avoir des politiques ultra restrictives ? Non les gens se rebellent, votent contre les politiques qui nous enferment dans une situation mauvaise, fichue . On sait que l’euro va éclater arrêtons de nous voiler la face et de croire au Père noël! Nous avons quelque chose qui est mal monté, destiné de toute façon à éclater, c’est une question de temps.»
Autre économiste, Charles Grave, président de Gavekal Research, soulignait, lui aussi invité de BFM business fin avril, que le dirigeant de Syriza, « Alexis Tsipras a fait campagne sur une stratégie de rupture avec l’UE et à peine élu il s’est couché comme les autres (…). Je ne vois pas comment un pays comme la Grèce, la France, l’Italie pourraient rembourser sa dette à échéance. Des pays avec des taux d’intérêts très bas et supérieurs à leur taux de croissance. Prenez l’Italie le secteur privé baisse de 1% par an il paye 1,5 % d’intérêt si vous empruntez à 1,5% pour investir à -1 et que vous êtes à 140% du PIB à un moment ou l’autre vous sautez !»
En effet, «vous ne pouvez pas maintenir dans un taux de change fixe des pays qui ont de des productivités différentes. Le vrai danger c’est que la Grèce sorte de l’euro réinvente la drachme et qu’un an après on se rende compte que l’économie grecque va beaucoup mieux ! A ce moment là les Italiens, les Portugais vont se dire : mais qu’est ce que je fous dans cette saloperie ? Le danger ce n’est pas que la Grèce sorte de l’UE c’est que la Grèce sorte et que ça marche !»
Cette levée de boucliers en Europe contre les politiques austéritaires, une éventuelle sortie de la Grèce du mauvais panthéon bruxellois, ce tombeau des peuples libres et souverains, autant d’éléments susceptibles de créer une réaction en chaîne note Bruno Gollnisch. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne seront pas sans incidences en France même sur la perception du programme défendu par le Front National et sa candidate en 2017.
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