Après le vote majoritaire du peuple grec dimanche qui, en désespoir de cause, a redonné carte blanche à Syriza qui l’a trahi, celui de la Catalogne qui élira son parlement régional le 27 septembre est très attendu. La mouvance indépendantiste à le vent en chez de nombreux Catalans, dans une Espagne, cinquième puissance économique de l’Union européenne, ravagée par la crise …et qui a vu aux dernières élections l’émergence au niveau national de Podemos, parti citoyen de gauche campant sur une position favorable à l’indépendance. Bruno Gollnisch rappelle à cette occasion qu’il ne pense pas que cette séparation serait bénéfique et qu’il condamne plus largement tout ce qui contribue à affaiblir les Etats nations pour le plus grand profit des tenants de l’euromondialisme ou de l’eurofédéralisme. Pour autant, la guerre psychologique, la propagande utilisée pour dissuader les Catalans de se séparer de l’Espagne est parfois tellement grossière qu’on se demande si elle ne vise pas le but inverse de celui affiché.
Javier Tebas, président de la ligue espagnole de football, affirmait ainsi hier que les clubs de foot de Catalogne, dont le fameux FC Barcelone cher au cœur de Manuel Valls, seraient privés de championnat d’Espagne qui, par définition, n’est pas ouvert aux « clubs étrangers »…Or, une dérogation existe déjà, celle permettant à la principauté d’Andorre d’y évoluer comme c’est le pour Monaco en France. Même si le foot est une religion pour beaucoup, la menace semble donc de peu d’effets.
De son côté, le gouverneur de la Banque d’Espagne, par ailleurs membre du conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) , Luis Maria Linde, a indiqué qu’une indépendance de la Catalogne signifierait qu’elle serait « automatiquement exclu de la zone euro , car ce processus implique la sortie de l’Union européenne. » « Les banques catalanes pourraient cesser d’avoir accès au refinancement de la BCE. Les dépôts pourront alors être gelés, comme cela a été le cas en Amérique latine ou en Grèce. »
Là aussi les indépendantistes ne prennent pas cette menace au sérieux…parce qu’elle n’est pas crédible au vu du poids économique de la Catalogne qui représente 17% du PIB espagnol ce qui la rend donc incontournable. Indépendantistes dont une large part s’accommode très bien de la tutelle d’une Europe bruxelloise qui se satisf(er)ait pleinement de régner sur des Etats croupions, affaiblis, aux exécutifs régionalisés, fédéralisés, landërisés. Penser qu’une Catalogne indépendante embarrasserait (tous) les technocrates eurobruxellois est une idée fausse.
Idées fausses qui seraient l’apanage du FN si l’on en croit les leaders d’opinion alors que ce sont les thèmes frontistes qui sont au centre du débat et qui obligent détracteurs et adversaires politiques à se positionner par rapport à eux . L’Obs convoquait ainsi aujourd’hui sur son site Henri Labayle, professeur de droit à l’université de Pau et spécialiste de l’immigration pour expliquer que le Front National a tout « faux » de dire que l’espace « Schengen » est « mort. »
Au détour de longues circonvolutions il est tout de même écrit que « des printemps arabes aux guerres du Proche-Orient et à la multiplication des conflits régionaux auxquels les États européens ne sont pas toujours étrangers, rien ne ressemble plus à ce monde où les VoPos est-allemands et Mouammar Kadhafi, sans parler de l’armée turque, étaient nos garde-frontières objectifs ». « Conçu pour un temps calme, Schengen ne supporte pas la tempête. »
M. Labayle souligne aussi les tares, les défauts de «cohésion» de cette construction européenne en affirmant qu’au-delà même des limites de «Schengen», «il semble n’être venu à l’esprit de personne que construire un espace commun reposait sur la capacité de chacun à garantir la sécurité de tous et que la levée des contrôles intérieurs exigeait en retour une cohésion forte dans les législations nationales, par un effet de vases communicants facile à prévoir. »
Il s’agir surtout de bien comprendre que la question de la matérialité des frontières n’est qu’une des données du problème. Bruno Gollnisch rappelait dans un entretien accordé le 15 septembre au parlement de Bruxelles à Alain Escada (mis en ligne sur Media-Presse-Info) que c’est par le rétablissement de la préférence nationale que l’on dissuadera les immigrés de venir s’installer cheez nous en leur faisant comprendre que «la France n’est pas un eldorado.»
Tout cela le FN l’avait prévu, mais quand le FN met en garde nos compatriotes il tiendrait lui un discours malsain, anxiogène, voire antirépublicain. Exemple parmi d’autres, le journal des Hautes-Alpes sur internet, l’E-media 05, rappelait hier que Christian Estrosi, tête de liste Les Républicains-UDI-MoDem pour les élections régionales de PACA , ne se contente pas de tenir un discours droitier, musclé, pour draguer l’ électeur. Soucieux de jouer sur les deux tableaux, il utilise aussi les mêmes slogans que MM. Mélenchon, Valls ou Cambadélis, les mêmes diatribes que Mme Taubira en répétant partout qu’il «désigne le Front National comme son principal adversaire». «C’est à lui qu’il réserve ses principales attaques, en visant ceux qui se revendiquent de Vichy, de Pétain ou en demandant aux électeurs d’éviter que la honte et la haine ne tombent sur notre région ».
Même son de cloche de Ghislaine Ottenheimer, rédactrice en chef de Challenges, qui, sur le site de délits d’opinion , note que les républicains «doivent composer avec un discours de rejet, de haine et de peur porté par Marine Le Pen. Revenue aux fondamentaux du FN, elle joue sur les passions tristes face à une opinion publique dépressive (…). L’absence de perspectives ne peut que conduire à la montée en puissance de Marine Le Pen ».
Et Mme Ottenheimer de s’inquiéter de la stratégie de «Nicolas Sarkozy (qui) reste persuadé que la capacité à faire voter des électeurs passés au FN est forte et c’est pourquoi le candidat multiplie les prises de parole en direction de cette frange de l’électorat. Ce calcul est risqué et dans le contexte actuel j’ai du mal à penser que cela puisse fonctionner. En quelques années, les déçus du sarkozysme sont devenus, pour certains, des vrais soutiens du FN ».
En quelques années les prédictions du FN, ses analyses et ses avertissements se sont aussi tragiquement confirmés. Mais cela Mme Ottenheimer, comme beaucoup de se confrères ne veut ou ne peut le dire. C’est pourtant aussi ce choc du réel et les solutions portées par l’opposition nationale pour y faire face affirme Bruno Gollnisch, qui explique l’attraction grandissante des idées frontistes dans le corps électoral.
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