Bruno Gollnisch était en Tanzanie ces derniers jours, plus précisément sur l’ile de Zanzibar, en tant que député européen et observateur attitré du bon déroulement des élections générales qui se déroulaient dimanche dans cet archipel semi-autonome. Si Bruno n’a pas constaté de visu de fraudes ou d’incidents, la situation était très tendue lundi soir, le principal parti d’opposition contestant déjà les tendances se dégageant des premiers dépouillements. Les résultats définitifs sont attendus mercredi ou jeudi. «La sorcellerie est officiellement interdite en Tanzanie depuis janvier 2015 pour protéger les albinos victimes de crimes rituels » rapportait Le Monde, mais les procédés de diabolisation de l’adversaire politique ont toujours cours en Europe. Malheur aux opposants de l’UE bruxelloise qui osent dénoncer non seulement l’ultra libre échangisme mais aussi l’immigration massive, le matérialisme, le consumérisme triomphant, et qui prônent a contrario la défense de nos valeurs traditionnelles, identitaires, civilisationnelles…
Comme la majorité de ses confrères, le Huffington Post s’émeut ainsi de ce que les Polonais «ont porté au pouvoir dimanche 25 octobre les conservateurs catholiques eurosceptiques» du parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, lequel a obtenu la majorité absolue aux élections législatives, avec 38% des voix (238 sièges sur 460). Comme de bien entendu, la formule est connue, «ces derniers ont surfé sur une vague de promesses populistes et la peur de l’arrivée massive de réfugiés du Proche-Orient, au risque de créer des tensions dans les relations avec l’UE, Berlin et Moscou.» Les tensions entre les pays de l’Otan et Moscou n’étaient pas jusqu’alors pour déplaire au Huffington Post, mais là il semblerait que, curieusement, cela soit cette fois différent…
Et cet article de déplorer que «les mises en garde des adversaires (du parti Droit et Justice) qui évoquaient le souvenir de la période 2005-2007, quand il était au pouvoir, marquée par des rapports difficiles avec Bruxelles, l’Allemagne et la Russie, au nom de la défense des intérêts nationaux, ainsi que par des tensions sociales et une décommunisation controversée, n’ont pas produit l’effet escompté. D’autres critiques avaient dit craindre que, proche sur bien des questions de société de l’Eglise catholique, le PiS ne rende encore plus strictes les conditions d’accès à l‘avortement en vigueur, plus difficile la fécondation in vitro et ne renforce la place du catéchisme dans l’éducation.»
D’un catéchisme l’autre, Jean-Luc Mélenchon a apporté ces derniers jours sa pierre à l’entreprise permanente de (re)diabolisation du FN, au détour d’une lettre envoyée à l’éditrice de chez Fayard qui a publié un de ses livres. L’élu d’extrême gauche y dénonce la décision prise par Fayard, qui « avait déjà édité ce livre abject en 1938 » de republier «en 2016 Mein Kampf d’Adolf Hitler. Votre volonté d’une édition critique, avec des commentaires d’historiens ne change rien à mon désaccord. Editer, c’est diffuser. La simple évocation de votre projet a déjà assuré une publicité inégalée à ce livre criminel.»
« Ce monde sans mémoire voit même un Premier ministre d’Israël nier la responsabilité de l’Allemagne nazie et de son guide dément dans la Shoah !» s’alarme encore le fondateur du Parti de Gauche dans sa lettre ouverte, faisant allusion aux propos polémiques de Benyamin Netanyahou tenus le 20 octobre, devant le 37e Congrès sioniste mondial, à Jérusalem, la veille de sa visite officielle en Allemagne. Dans cette allocution le chef d’Etat israélien a pointé l’influence qu’aurait exercée selon lui le grand mufti de Jérusalem Haj Amin Al-Husseini sur Adolf Hitler, pour l’inciter à «brûler des Juifs» a-t-il expliqué.
«Ce monde sans mémoire écrit encore Jean-Luc Mélenchon, voit le service public de télévision et combien d’autres promouvoir sans fin les nouveaux visages de l’ethnicisme dans notre pays y propageant le venin de la haine des autres et les germes de la guerre civile (…). Dans toute l’Europe et en France, l’ethnicisme le plus ouvert et barbare s’affiche de nouveau. La leçon du bilan nazi et des incitations criminelles de Mein Kampf s’efface des consciences à l’heure où recommencent des persécutions antisémites et anti-musulmanes.»
On peut légitimement douter que la réédition, ou non, du programme hitlérien, change quoi que ce soit à la montée des tensions communautaires, à la menace terroriste lesquelles découlent directement de l’immigration de peuplement. Faut-il rappeler que celle-ci est encouragée par des officines patronales, des multinationales, des gouvernements libéraux, européistes, sociaux-démocrates. Soit cette hyperclasse que les amis de M. Mélenchon prétendent combattre mais avec laquelle ils partagent de fait la même xénomanie, le même humanisme cosmopolite d’origine maçonnique, le même droit-de-l’hommisme internationaliste, la même philosophie antinationale.
Les Français ne s’y trompent pas; à commencer par les catégories populaires qui accordent peu ou pas de crédit aux communistes et aux socialo-trotskystes du Front de Gauche, mais apportent a contrario massivement leurs suffrages au Front National.
Les échecs à répétition de la gauche de la gauche peuvent expliquer le dépit hargneux de M. Mélenchon, mais ils n’excusent pas le tweet qu’il a commis, annonçant sa lettre aux éditions Fayard :« Non ! Pas Mein Kampf quand il y a déjà Le Pen !».
A juste titre, les amis du Front de Gauche et le site melenchon.fr se sont offusqués des assimilations grotesques, de la reductio ad hitlerum dont leur candidat à la présidentielle de 2012 a été victime dans la presse bourgeoise. A titre d’exemple, il est rappelé par eux le tweet du journaliste de Libération et spécialiste de l’UE, Jean Quatremer (21 avril 2013) affirmant que «la rhétorique du coup de balai cher à JL. Mélenchon » possédait des « racines solides ». Il donnait alors un lien vers une affiche électorale d’avant-guerre, ornée d’un balai, du mouvement REX de Léon Degrelle, « un journaliste belge collaborationniste et engagé volontaire dans la Wehrmacht puis dans la Waffen-SS, devenu très haut gradé jusqu’à la fin de 1944.»
Autre cas, celui de Jacques Julliard, journaliste de Marianne, selon lequel «l’allégresse que des citoyens manifestent pendant un discours de Mélenchon est la même chose que les enthousiasmes collectifs organisés, tels qu’on les pratiquait dans l’Allemagne nazie et la Russie soviétique (Mélenchon peut-il faire perdre Hollande ?, 7 avril 2012). » Ce même M. Julliard écrivait que la veulerie des révolutionnaires de ruisseau incarnée par Jean-Luc Mélenchon est comparable à la chienlit des dégénérés fascistes ( Contre le Hollande bashing, 6 mai 2013)».
Assimiler Marine aujourd’hui (ou Jean-Marie Le Pen hier) à l’hitlérisme est une diffamation qui ne semble pas choquer outre mesure la justice observe pour sa part Bruno Gollnisch. Mais ce bobard absurde est aussi dégradant pour celui qui le professe. Il est l’aveu d’une défaite de la pensée, d’une paralysie de la raison, à laquelle le grand oriental Mélenchon semble pourtant très attaché. Mais cette pulsion totalitaire là, ce vieux fond inquisitorial de Terreur révolutionnaire, à la source de laquelle s’abreuve une certaine gauche française, mais aussi une très large fraction des officines, des cénacles, des relais du Nouvel ordre mondial, l’emportent à l’évidence ici sur la vérité et l’intelligence.
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