A en croire les articles parus dans différents médias, le FN ferait actuellement le grand écart, montrerait ses divisions, étalerait ses divergences sur le soutien à apporter (ou non) aux actuelles grèves et manifestations contre la loi El Khomri. L’information peut faire sourire quand on compare le FN avec LR ou le PS, véritables auberges espagnoles idéologiques, partis traversés par des postures, des courants antagonistes…du moins sur le papier car une fois au pouvoir… A dire vrai, il peut certes y avoir des nuances au sein du Front sur la manière de matérialiser cette opposition à ce texte, taillé avant tout pour les entreprises du CAC 40, à la fois insuffisant dans ce qu’il pourrait avoir de positif et outrancier dans ses aspects négatifs. Il n’est d’ailleurs que la transposition de décisions prises par des technocrates bruxellois dans le cadre des « Grandes Orientations de Politique Économique » (GOPE) fixées officiellement par la Commission européenne aux 28 États membres de l’Union européenne. Mais il est combattu unanimement par le Front National. Bruno Gollnisch l’a dit et redit, une remise à plat de notre kafkaïen code du travail serait très légitimement concevable, mais une des conditions pour que la France retrouve le chemin du plein emploi ne consiste pas tant à fragiliser les droits du salarié qu’à rétablir les libertés économiques, à libérer VRAIMENT nos PME-PMI-TPE-TPI, qui sont les premières employeuses de France, d’une bureaucratie qui paralyse et d’un fiscalisme qui spolie.
Il est aussi intéressant de constater la permanence, au sein de l’électorat frontiste, de l’importance donnée aux questions touchant à la justice sociale. Lors des grands mouvements sociaux de décembre 1995 contre la politique d’Alain Juppé (pour lequel toute la gauche ne manquera pas d’appeler à voter en cas de second tour l’opposant à Marine l’année prochaine…), entre 50 et 60 % des sympathisants FN, selon les enquêtes d’opinion, déclaraient leur « soutien », « sympathie » ou « compréhension » »pour ce mouvement social, alors même qu’il était cornaqué dans la rue, comme aujourd’hui , par une extrême gauche à l’antifrontisme rabique et qui avait largement pris en otage le pays en bloquant les transports.
Aujourd’hui, si l’on en croit une tout récent sondage de l’institut Ifop dont les résultats ont été publiés vendredi, 72 % des électeurs Front National estimeraient que le mouvement social contre la loi El Khomri est « justifié » ou « compréhensible » ( 46 % des nationaux interrogés répondent même « tout à fait justifié »). A titre indicatif l’ensemble des réponses positives à cette même question chez Les Républicains ne dépasse pas 31 %. Assez logiquement 84 % des ouvriers et employés qui déclarent voter FN trouveraient le mouvement social « justifié » ou « tout à fait justifié ». Or, même chez les retraités et les patrons de PME-PMI, commerçants, artisans votant FN, respectivement 63% et 58% d’entre eux partagent l’avis des ouvriers/employés frontistes sur ce point.
S’il est un domaine sur lequel l’ensemble des catégories composant l’électorat fronto-lepéniste converge encore plus c’est bien sur la perception du danger terroriste. A cette aune, le métier d’homme ou de femme politique n’est pas toujours sans risque. La mort tragique de la malheureuse Jo Cox l’atteste et samedi c’est encore un britannique, Michael Sandford , 19 ans, considéré comme dangereux, installé depuis un an et demi aux Etats-Unis, qui a été arrêté avant d’être inculpé lundi pour avoir essayé de tuer Donald Trump lors d’un rassemblement à Las Vegas. Le jeune homme était-il un « dérangé » ou un extrémiste fanatisé par la propagande anti Trump?
Dans le même registre, les médias ont révélé que deux complices présumés de l’assassin djihadiste de Magnanville, Larossi Aballa, ont été arrêtés et mis en examen. Il s’agit de Charaf Din-Aberouz, et de Saâd Rajraji. Ce dernier était en lien avec l’islamiste connu pour ses appels au djihad, le réunionnais Fabien Clain. Ils se seraient connus tous deux en 2011 en prison à Fleury-Mérogis où les deux hommes faisaient partie, ça ne s’invente pas, d’une association d’aide aux prisonniers musulmans. Si l’administration pénitentiaire comptait sur ladite association pour faciliter la « réinsertion » c’est inquiétant, à moins que ce type de structure, comme les salles de prière clandestines tolérées dans certaines prisons, soit un moyen d’acheter la paix sociale, ce qui l’est tout autant…
Ce qui inquiète pour le coup l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), rapporte le site de L’Obs, c’est la « tolérance croissante de l’opinion publique française à l’égard de la pratique de la torture d’Etat« . « le climat post-attentat encouragerait-il les Français à être moins respectueux des Droits de l’Homme ? »
« Un sondage, commandé à l’Ifop et publié mardi 21 juin à l’occasion du rapport annuel de l’ONG, révèle en effet que 54% des Français jugent justifié qu’un policier envoie des décharges électriques à une personne suspectée d’avoir posé une bombe prête à exploser pour l’inciter à parler. Ils n’étaient que 34% en 2000, d’après un sondage CSA pour Amnesty International, 36% des sondés acceptent « dans certains cas » l’emploi de la torture. Un chiffre en hausse de 11 points par rapport à 2000. Pire, 18% des personnes interrogées se sentiraient capables de pratiquer la torture elles-mêmes dans des cas exceptionnels. Ce chiffre atteint 41% chez les sympathisants du Front National. »
Que faut-il en déduire? On se souvient que Jean-Marie Le Pen fut accusé (à tort) d’avoir pratiqué la torture quand il était lieutenant dans la Légion étrangère pendant la bataille d’Alger. Torturer un terroriste pour sauver des vies civiles, épargner femmes et enfants, éviter des mutilés, des vies brisées, tel était alors le dilemme. Une pratique certes terrible, et le ton avec lequel en parlait le général Aussaresse faisait froid dans le dos, mais qui a bien été utilisée, il faut le dire avec succès, comme moyen ultime pour obtenir à temps des informations, stopper la campagne de terreur du FLN posant des bombes dans les lieux publics.
Une pratique qui dans la période actuelle pourrait donc être tolérée, comprise, approuvée par un nombre croissant de de nos compatriotes explique le délégué général de l’Acat, Jean-Etienne de Linares : »On se doutait qu’il y avait une acceptation de plus en plus grande de la torture, dans le contexte de la montée du terrorisme, mais on ne se rendait pas compte que l’évolution était aussi dramatique. » « De renoncement en renoncement, un terreau se met en place et qui sait ce qu’il se passera s’il y a un, cinq, dix attentats de plus ». « Fragilisés par un climat social et politique anxiogène, insécurisés par les agressions intérieures et extérieures, les Français – les jeunes en particulier – sont plus perméables qu’avant à l’idée que la torture puisse être une manière de gérer la violence et de s’en protéger ».
Toujours pratiquée dans un pays sur deux, moyen de coercition terrible, justement condamnée par « l’ article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, article 7 du pacte international relatif aux droits civils et politiques », le FN condamne bien évidemment l’usage de la torture. Que ce soit à Guantanamo, dans les geôles de Corée du Nord ou de l’Etat islamique.
Sur le site de l’ Acat, Michel Terestchenko, philosophe et maître de conférences à l’Université de Reims et à l’IEP d’Aix-en-Provence, affirme que « les attentats terroristes constituent un redoutable défi pour les sociétés démocratiques » en « ce qu’ils mettent en péril (…), leur capacité de répondre à ces menaces dans la fidélité et le respect des principes qui constituent leur ossature. » Certes, mais au nombre des principes d’un Etat digne de ce nom figure aussi l’obligation de protéger l’intégrité physique de ses citoyens. Ce qui pousse une partie de nos compatriotes, notamment ceux qui ont une confiance limitée dans la capacité de ce gouvernement à les protéger, à justifier la torture, perçue alors comme une solution de dernier recours, quand elle est appliquée à des tueurs de masse potentiels, quand tous les autres moyens ont échoué.
Au nombre de ses moyens conventionnels figurent bien sûr en amont un travail de collecte d’informations, de renseignements, de filatures, d’écoutes permettant de neutraliser des individus malveillants. Mais aussi, en dehors de nos frontières en général, l’élimination physique de membres de réseaux terroristes, notamment par des opérations du service action de la DGSE, validées par le président de la république sans que l’opinion n’en ait connaissance…ni même l’Acat. Toutes les guerres ne sont pas légitimes mais aucune n’est propre.
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