Une déception et une satisfaction. La déception, c’est la défaite au second tour de la présidentielle autrichienne de Norbert Hoffer, candidat du FPÖ, face à Alexander van der Bellen, l’écolo-européiste qui a certes mis beaucoup d’eau dans sa piquette multiculturelle pour se faire élire, soutenu par tous les lobbies antinationaux. « L’appel d’une rescapée (Gertrude) de la Shoah à barrer la route à l’extrême droite (a connu) un large succès » et a été entendu s’est félicité Le Figaro et plus largement François Hollande, des caciques bruxellois comme le président du Conseil européen Donald Tusk et celui du Parlement européen Martin Schulz. Dans ce climat délirant de (re) diabolisation, et malgré une participation plus élevée que lors du précédent scrutin qui avait été invalidé (74,1 % hier, contre 72,6 % en mai), celle-ci a profité surtout à van der Bellen. « Avec 53,3 % des voix selon les projections de la télévision publique, il devrait surpasser son adversaire d’environ 300 000 bulletins, contre à peine 31 000 en mai. ».
Les patriotes autrichiens se sont donc beaucoup moins bien mobilisés, endormis peut-être par des sondages prédisant une victoire de Norbert Hoffer, lassés par cette élection à rallonge pour un poste de président qui, dans la constitution autrichienne, est une fonction essentiellement honorifique et assez peu opérative. M. Hoffer, « immensément triste que ça n’ait pas marché », et nos camarades du FPÖ, dont le président Heinz-Christian Strache, ont rappelé que l’heure de vérité sera celle des prochaines législatives de 2018, l’élection du futur chancelier qui conduira la politique du pays. Slate.fr le notait déjà en mai dernier, « en 2018 et tous les sondages donnent le FPÖ en tête, devant le SPÖ et l’ÖVP. Les politologues pensent que la victoire d’Alexander Van der Bellen augmente les chances du FPÖ car les Autrichiens voudront rétablir une forme d’équilibre entre les forces politiques. »
La satisfaction, c’est bien sûr la très large participation et victoire du Non (60 %) au référendum constitutionnel en Italie. Le chef du gouvernement, au profil assez proche d’un Emmanuel Macron, Matteo Renzi, 41 ans, élu par ses pairs en février 2014, est très décrié pour sa politique s’alignant sur les oukases de Bruxelles. Il a avoué qu’il avait sous-estimé son impopularité. La personnalisation de ce scrutin lui a coûté très cher, mais c’est plus généralement le Parti démocrate (centre-gauche) au pouvoir, nous l’avions noté en septembre, qui est aujourd’hui rejeté par les Italiens en ce qu’il s’est avéré incapable d’améliorer la situation sociale et économique, sans même parler des nouveaux périls engendrés par les flux migratoires.
M. Renzi avait déclaré qu’en cas de vote négatif il remettrait sa démission. Celle-ci aura pour effet de déclencher des élections législatives au printemps ou formations de droites, populistes, nationales, de Forza Italia, au Mouvement 5 Étoiles (M5S) en passant par nos amis de la Ligue du Nord et une myriade d’autres partis, qui ont fait campagne pour le Non, entendent bien consolider leurs positions.
Si Matteo Renzi est une des références de François Fillon, comme celui-ci en a fait l’aveu à David Pujadas lors de son passage au Journal télévisé de France 2, le 28 novembre, les scrutins de ce dimanche entrent bien évidemment en résonance avec la période électorale qui a débute en France. Beaucoup d’observateurs ont souligné que si une majorité des habitants des campagnes, des jeunes, 75 % des ouvriers ont voté hier pour le candidat du FPÖ, cela n’a pas suffi à sa victoire. Il faudra, rappelle Bruno Gollnisch que les patriotes français se montrent convaincants, envoient aussi des signaux réconfortants aux classes moyennes, au monde de l’entreprise, aux commerçants-artisans, aux retraités… et électrisent, mobilisent les millions d’abstentionnistes qui peuvent faire la différence. Comptons sur Marine pour dévoiler dans les semaines à venir toutes les facettes de son programme. A contrario, et Patrick Buisson y voit une des faiblesses de la candidature Fillon, le manque d’assise populaire du champion de la droite est patent. Il relève ainsi que les électeurs des villes les moins riches n’ont pas du tout, ou très peu, participé aux primaires qui ont donné la victoire à M Fillon.
Dans Présent, Guy Rouvrais a publié au lendemain du débat de second tour qui a opposé MM. Juppé et Fillon un article excellent Le débat des compères, qui a parfaitement résumé en quoi ces hérauts de la droite courbe, malgré les postures viriles de M. Fillon, étaient interchangeables et surtout en quoi ces pseudo républicains étaient des leurres, notamment pour les défenseurs de la famille et des valeurs traditionnelles. Avec son aimable autorisation, nous le reproduisons in extenso :
« Alain Juppé a affirmé, il y a peu de temps, à propos de ses relations avec François Fillon qu’ils étaient des amis de longue date qui ne se sont jamais véritablement disputés. On en a eu confirmation lors de la campagne du premier tour où ils n’ont bataillé l’un contre l’autre qu’à fleurets mouchetés et comme la mort dans l’âme. Il faut donc saluer l’effort qu’ils ont dû accomplir jeudi soir pour trouver des terrains de mésentente. Certes, il y en a eu quelques-uns, mais ce sont ceux de boutiquiers. 35 heures, 37, 39, 48 ? Payées combien ? Pour les salariés du privé et les fonctionnaires ? Faut-il en supprimer 600 000, 500 000, 250 000 et comment ? Et les policiers ? Redéployer les effectifs ou en recruter ? On attendait des visionnaires et on a eu des experts-comptables ! L’électeur de la droite et du centre est prié de déterminer à quel endroit mettre le curseur afin de choisir entre ces deux vieux compagnons pour aller voter dimanche ».
« Mais sur l’essentiel, hélas, ils sont d’accord ! Sur la loi naturelle, qui touche aux fondements de notre civilisation, ils s’entendent pour entériner ce qui la bafoue. Ils sont déterminés à conserver le mariage pour tous après avoir voté contre, comme la droite libérale l’a toujours fait, acceptant, sans barguigner, les lois socialistes qu’elle avait combattues : l’abrogation de la peine de mort, le Pacs et maintenant le mariage gay. C’est cette abdication que Juppé et Fillon appellent rupture et cette continuité qu’ils nomment alternance. L’un, certes, ne veut que l’adoption simple pour les couples de même sexe, l’autre l’accepte plénière, la belle affaire ! Ils ont protesté avec véhémence de leur volonté de pas toucher si peu que ce soit, au prétendu droit à l’avortement ».
« Pour l’un, Juppé, il s’agit d’un droit fondamental, pour l’autre, Fillon, c’est un droit essentiel. Cherchez la différence dans votre dictionnaire des synonymes… Le député de Paris a tenu à dissiper un affreux soupçon, développé par son compère, à savoir qu’il pourrait être hostile à l’avortement. Il l’a rassuré : certes, il y est opposé dans le tabernacle de sa conscience, mais qu’on ne s’alarme point, cela ne peut avoir aucune incidence sur sa gouvernance, l’homme public qui est pour ignorant l’homme privé qui est contre ».
« On notera, pour l’anecdote, qu’ils sont tous les deux des anciens combattants de mai 68, avec mention spéciale pour Juppé qui a avoué avoir manifesté à la fois avec les gauchistes et les gaullistes : sous l’étudiant on voyait déjà poindre la graine de politicien qui ne met pas tous ses œufs dans le même panier. On oubliait : ils sont résolus tous les deux à combattre les extrémismes. On se demande pourquoi ce pluriel, puisqu’il n’a jamais été question de Nathalie Arnaud de Lutte ouvrière ni de Philippe Poutou du Nouveau parti anticapitaliste mais seulement du Front National, abusivement jugé extrémiste, en se demandant qui sera le plus efficace pour battre Marine Le Pen. Nous sommes d’accord avec eux : quel que soit le vainqueur dimanche, il n’aura qu’un adversaire sérieux en 2017, c’est la présidente du Front National. »
Tartempion dit
Merci, Mr Gollnisch, pour cet article si bien résumé,
en si peu de temps !