Du petit monde syndical à celui de la haute finance, le Front National dérange, est l’objet d’une hostilité plus ou moins clairement manifestée. Comme feu François Chérèque, son prédécesseur, Laurent Berger, le nouveau secrétaire général de la CFDT, expliquait hier sur Europe 1 sa vision de la neutralité politique en cette période électorale : «On va être extrêmement exigeants sur les propositions des candidats (…). Mais on ne va pas s’engager pour un parti. On va intervenir dans cette campagne, dire ce qui est acceptable ou pas, on va faire des propositions». Bien sûr, «la CFDT est profondément en lutte contre le Front National et ses idées nauséabondes» et fera barrage à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle en cas de besoin. Mais rassurez-vous braves gens, «ce ne sera pas un chèque en blanc pour l’autre candidat» (sic). Invitée le même jour de BFMTV, Marine s’inquiétait pour sa part plus sérieusement de l’attitude du secteur bancaire, notant qu’elle était «combattue par les banques» françaises, qui «refusent de prêter à (sa) campagne présidentielle» alors même que le FN est assuré de faire un score lui permettant le remboursement par l’État de ses frais de campagne à la présidentielle et aux législatives dans les limites bien évidemment du plafond autorisé. «J’ai sollicité des banques européennes, anglaises, américaines, russes bien sûr, etc. La première qui me dit oui, j’accepterai !».
Le microcosme des artistes subventionnés se mobilise aussi rituellement pour faire barrage au FN et certains frontistes se sont indignés (Florian Philippot, Steeve Briois, Gilles Pennelle, le député RBM Gilbert Collard…) du dernier film annoncé du réalisateur belge Lucas Belvaux, Chez nous. Il décrit la manipulation dans une ville du nord nommé Hénart, d’une jeune infirmière à domicile aimée de tous, par les dirigeants nantis de l’ouest parisien d’un parti d’extrême droite populiste nommé le « Bloc patriotique ». Toute ressemblance…
Le site d’E&R a bien résumé ce qui ressort des quelques minutes de visionnage de cette bande-annonce: «des clichés usés jusqu’à la moelle sur le Front National. Un parti nationaliste mené par des bourgeois, qui manipulent leurs électeurs et petits candidats, veulent à tout prix accéder au pouvoir, ne supportent pas les Français d’origine étrangère et sont dirigés par une blonde au regard méchant : on frise le niveau d’un éditorial de Laurent Joffrin. Le film sera-t-il du même acabit ? Probablement, si on en croit Belvaux, qui a voulu, selon ses propres mots, décrire une parole qui se libère, disséminant une odeur abjecte qui dérange de moins en moins. Quelle créativité, chez ces gens de la culture ».
Ni très créatif, ni très courageux en effet, et Ivan Rioufol rappelait avec raison lundi sur RTL que le courage était plutôt du côté d’un film comme L’Apôtre (2015) réalisé par Cheyenne Caron, qui décrivait la conversion au catholicisme d’Akim, un jeune musulman vivant en banlieue parisienne, se rendant ainsi coupable du crime d’apostasie et rejeté avec plus ou moins de violence par ses proches. Ce film pourtant tout en nuance et même emprunt d’un humanisme veillant à ne heurter personne, avait été conspué comme stigmatisant les musulmans par de nombreux relais communautaires. Il avait été peu ou pas distribué, quasi censuré, des projections avait été annulées à Nantes et Neuilly, la DGSI craignant notamment des risques d’attentats, au lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo et des manifestations pour la liberté d’expression… à géométrie variable.
Avec Chez nous, M. Belvaux se défend cependant maladroitement ces dernières heures de tout parti-pris anti FN et met en avant son précédent opus lorgnant du côté de la politique, Les Prédateurs (2007). Une évocation de l’affaire Elf-Loïk Le Floc’-Prigent-Alfred Sirven, le contrôle de la caisse noire de la société, les détournements de fonds engraissant les partis politiques, Alfred Sirven étant montré dans ce film en train de préparer des valises de billets étiquetés PS,RPR UDF…
Le cinéaste s’est dit lundi dans l’émission Bourdin-Direct sur RMC/BFMTV « surpris » de la « brutalité » de la réaction de Florian notamment, alors que le vice-président du FN « n’a vu que la bande-annonce »… même si celle-ci est suffisante pour percevoir qu’il s’agit là d’un film caricatural à charge. Avec une belle dose d’hypocrisie, le cinéaste assure que « C’est une polémique à peu de prix qui évite le débat sur le fond du film. Ce n’est pas tant un film anti-FN qu’un film sur le discours populiste et sur comment les gens s’engagent en politique. Ce sont les électeurs qui m’intéressent, pas les partis politiques. »
Catherine Jacob qui endosse dans ce film de manière très transparente le rôle de Marine Le Pen a tenu peu ou prou le même langage lundi sur le plateau du Grand journal de canal +. «Ils (le FN, NDLR) ont perdu une occasion de se taire puisqu’ils n’ont pas vu le film : il est en fin de mixage». «Le sujet du film, je le précise très clairement, ce n’est pas du tout un biopic contre Marine Le Pen», «le sujet, c’est comment manipuler une très jeune femme qui est une infirmière que tout le monde aime, qui est sur le terrain, et qui se fait manipuler pour être propulsée tête de liste aux municipales alors qu’elle n’y connaît rien». Catherine aussi apparemment…
En mars dernier dans le quotidien militant anti FN La Voix du Nord, Lucas Belvaux se défendait déjà avec la même maladresse de s’attaquer à l’opposition nationale. «Nous ne citons pas du tout le FN. Il s’agit d’un parti populiste que nous appelons le Bloc. C’est un parti fictionnel déjà présent dans le livre Le Bloc, du romancier Jérôme Leroy (…). J’ai écrit le scénario avec lui, même s’il ne s’agit pas d’une adaptation. Je récupère une série de thématiques.»
Telerama rappelait également ce que le film de M. Belvaux doit à Jérôme Leroy qui écrivit, il faut le dire, un article très lucide en juillet 2009 sur le résultat de l’élection municipale d’Hénin-Beaumont, «auteur du livre Le Bloc, qui, selon David Frenkel (producteur engagé, NDLR), connaît très bien la thématique de l’implantation du Front National dans le Nord. Il s’est également beaucoup documenté sur Internet et a regardé des documentaires comme Danse avec le FN, de Paul Moreira, qui évoque toutes les composantes de l’électorat frontiste. Ce que l’on veut montrer, c’est que le FN aujourd’hui essaie de se refaire une image, mais que son idéologie n’est pas très éloignée de “l’ère Jean-Marie” » (sic).
En 2002 justement, trois jours avant la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, fut diffusé dans les salles obscures un méchant et hideux navet, Féroce de Gilles de Maistre. Un film destiné aux jeunes, pour lutter contre les idées de l’extrême droite selon les propres mots du réalisateur. L’histoire racontait le destin d’un jeune beur de banlieue (le pauvre Sami Naceri) rêvant de liquider le président de la Ligue patriotique, un néo-fasciste violent, tortionnaire en Algérie, et qui après près avoir séduit sa fille, se retrouvera à son tour manipulé, endoctriné, puis assassiné…Gilles de Maistre, courageux mais pas téméraire, assura alors, comme M. Belvaux dément aujourd’hui faire un film contre le FN, que le personnage principal de son film n’était pas Jean Marie Le Pen, ou plus exactement son absurde caricature d’extrême gauche.
En 2012 nous avons pour le coup échappé au projet du comique Élie Sémoun qui confiait l’année précédente à Cyril Hanouna son souhait de tourner un film sur le FN : «ce serait drôle que moi, petit juif, j’interprète un mec du Front National… Ça va être un sujet très fort. » Un sujet très fort qui n’a pas vu le jour et peu importe après tout car ce n’est pas un film de plus ou de moins contre le FN – certes financé en large partie avec nos impôts ce qui est très irritant ! – qui sera décisif dans cette élection. Mais cela contribue constate Bruno Gollnisch, au bruit de fond contre le FN, à un degré moindre d’ailleurs que les messages plus ou moins subliminaux diffusés en permanence dans les émissions de variétés, les séries télévisées, les différents programmes du service public…
Un certain Donald Trump avait également contre lui la quasi-totalité de l’industrie hollywoodienne, les pipoles plus ou moins décérébrés, la plupart des intellos new-yorkais, 95% des gros médias… Cela ne l’a pas empêché de gagner en s’adressant directement au peuple, en menant une campagne en (de) rupture avec les codes établis, en promettant aux Américains de leur rendre leur fierté et de rester maîtres chez eux. Alors oui nous entendons aussi en France rester les artisans de notre propre destin, oui nous sommes chez nous ! et avec Marine nous entendons bien le rester.
philippe bestetti dit
C’est aux francais de choisir leur sort. si en plus de 40 ans de politique identique ils ne savent faire leur choix qu’en prenant ceux qui les déçoivent, à chaque fois que faire ? un peuple , un sort !
que va t’il se passer à ces présidentielles ? le francais ne semble pas être un peuple à vouloir risquer quoi que ce soit il aime le changement dans la continuité. Comme dans les années 30 il se lèvera trop tard, à la seule différence c’est qu’à l’époque l’ennemi était de même civilisation, et surtout il était visible de par son uniforme . puisqu’il menait une guerre ouverte etcfranche militairement parlant.
alberrt dit
Il y a longtemps que nos clefs ont été confiées aux pires ennemis de notre peuple .
N’ayez crainte ils auront notre peau . Notre peuple est dépourvu de réactions de défense .
Point étonnant qu’il crève !
Louis- Ferdinand , notre martyr , avait tout dit il y a bien longtemps
On ne combat pas la connerie alliée à la lâcheté sous la bannière de la démocrassouille ..
capétiens83 dit
Encore un qui tente de jouer les Charlie Chaplin, la classe et l’humour en moins !!!
MttB dit
Pourquoi M. Belvaux n’a-t-il pas choisi de traiter du même sujet dans un contexte un poil plus plausible ?
Par exemple : une jeune nourrice d’origine malienne est invitée par le maire d’une commune de banlieue apparentée au parti « La Rose » dans son bureau à la suite d’un dépôt de CV aux services municipaux. C’est alors le début d’une descente aux enfers : manipulée par ses élus locaux, elle se retrouve propulsée au-devant de la scène locale uniquement pour ses charmes et sa couleur de peau. Lorsqu’elle prend conscience du piège, il est trop tard : soit elle continue d’être l’esclave sexuelle de son édile (sous la menace d’une arme de poing), soit toute sa famille se fera expulser des logements sociaux qu’elle occupe grâce à sa fulgurante ascension sociale.
Les justifications médiatiques sont inutiles Lucas, ton film parlera de lui-même et si on sait que ce sera globalement de la merde, c’est que la douille que tu essaies de nous mettre, ça fait vingt ans qu’on l’a identifiée, et que Soral l’a conceptualisée.