Pour le vingt-cinquième anniversaire du traité de Maastricht, le quotidien gratuit Direct Matin a publié aujourd’hui un sondage CSA. Il souligne qu’ « en France, 54% des citoyens définissent (l’Europe de Bruxelles, NDLR) de manière négative », « opinions négatives particulièrement dominantes chez les retraités (58 %) et les ouvriers (64 %). » Le quotidien Les Echos a lui rendu public lundi l’étude réalisée dans 22 pays par Ipsos, intitulée Protectionnisme ou libéralisme : quelle réponse apporter à la crise qui secoue la planète ? Il ressort de celle-ci qu’ « En Italie, 73% des personnes interrogées pensent que leur pays est en déclin, ils sont 69% à penser de même en Espagne, 67% en France, 57% au Royaume-Uni. Il n’y a qu’en l’Allemagne (47%) que ce sentiment n’est pas majoritaire (…). » Autre enseignement de cette étude, « les Européens ne font peu ou pas confiance à leur gouvernement, comme 89% des Espagnols, 80% des Italiens, 77% des Français, 70% des Allemands et 66% des Britanniques. (La) défiance envers les institutions internationales, comme l’Union européenne (…) est très forte en Espagne (77%), en France (65%) et en Italie (64%), un peu moins Allemagne et au Royaume-Uni (59%). » Last but not least, « une majorité de sondés pensent ainsi que leur pays a besoin d’un dirigeant fort pour reprendre le pouvoir aux puissants. Ils sont 72% dans ce cas Espagne, 70% en France, 67% en Italie et au Royaume-Uni. Là encore, l’Allemagne (34 %) fait exception. »
L’enquête Ipsos indique encore que « pour améliorer la situation de leur pays, 80% des Français disent qu’ils voteraient pour un dirigeant prêt à changer les règles du jeu. Dans ce monde dont les mutations font peur, Marine Le Pen répond le plus à la demande de protectionnisme absolu et d’Etat-Providence ; à l’opposé, Emmanuel Macron incarne une tradition libérale pour qui la mondialisation est synonyme de dérégulations et d’opportunités, écrit Ipsos. »
Coincé entre un Macron qui attire les centristes et Marine qui séduit une large fraction de l’électorat traditionnel de la droite, François Fillon se débat pour tenter de sortir par le haut de la polémique déclenchée par les articles du Canard Enchaîné sur les rémunérations de sa femme et de ses enfants. Lors de la conférence de presse tenue hier, le candidat de LR et de l’UDI a protesté de son honnêteté, s’est dit victime d’un Système dont il est pourtant une figure emblématique, a conspué pour faire diversion le « gourou » Macron et « les intouchables du domaine de Montretout »…Intouchables ??? Il fallait oser le dire quand on voit la violence récurrente des campagnes politico-médiatiques, des persécutions judiciaires subies par les dirigeants, élus, cadres voire simples militants du FN depuis sa création.
Hier, M. Fillon s’est employé aussi a réaffirmer qu’il n’y avait pas d’alternative à sa candidature, que c’était lui ou le chaos, discours susceptible certainement de (ré)conforter le noyau dur de son électorat…mais cela sera-t-il suffisant ? Comme le notait un sympathisant internaute sur ce même blogue, résumant l’opinion de beaucoup, les incohérences de M. Fillon restent criantes: « pourquoi fait-il ses excuses aux Français si tout ça est légal et fournit-il les documents prouvant sa bonne foi ? Sa parole ne vaut plus rien. Il s’est déshonoré, il est disqualifié. »
Dans baromètre PrésiTrack, OpinionWay-Orpi pour Les Echos et Radio classique, François Fillon est crédité de 20% des voix, devant Jean-Luc Mélenchon (11 %) et Benoit Hamon (14 %), mais derrière Emmanuel Macron (23 %) et Marine Le Pen (26 %). Selon les résultats de l’enquête la présidentielle en temps réel, réalisée par l’Ifop-Fiducial pour Paris Match, iTELE et Sud-Radio, le champion de la droite reste en troisième position mais plonge à 18,5% des intentions de vote, sept points derrière Marine.
L’enquête Harris Interactive/RMC, réalisée après l’intervention du candidat LR à la présidentielle indique que 65% des personnes interrogées n’auraient pas été convaincues par l’ancien Premier ministre; un même pourcentage souhaiterait son remplacement par une autre personnalité. Pour autant, le mari de Pénélope Fillon bénéficierait toujours cependant du soutien d’une majorité sympathisants de droite (58% se sont déclarés convaincus par sa prestation ).
Même Le Figaro donne la parole à l’accusation, notamment à « la journaliste britannique Kim Willsher citée pendant la conférence de presse. Selon François Fillon, cette dernière aurait été choquée de l’emploi des images de son interview de Pénélope Fillon, réalisée il y a une dizaine d’années pour le Sunday Telegraph. Un ressenti démenti par la journaliste sur Twitter, qui accuse François Fillon de vouloir lever un écran de fumée ».
Encore plus saignant, Michel Crépu, ancien directeur de La Revue des Deux Mondes, s’est insurgé lundi (…) contre les explications de François Fillon. En tant que conseillère littéraire, elle (Pénélope Fillon, NDLR) ne m’a jamais fait la moindre suggestion ou envoyé un quelconque rapport de tendance. Elle n’a participé à aucune de nos conférences de rédaction mensuelle, raconte le critique littéraire, avant d’asséner, en guise de conclusion: Si François Fillon est capable de mentir avec un tel aplomb sur ce point, cela signifie qu’il est capable de proférer d’énormes mensonges sur d’autres sujets. Je dois dire que cela me choque profondément venant d’un ancien Premier ministre ».
Autre diversion ( ?) tentée par LR, celle visant à attaquer, en dessous de la ceinture, sur un plan très polémique, celui de la vie privée, Emmanuel Macron. Le site d’Europe 1 rapporte les propos de Nicolas Dhuicq, député LR de l’Aube, dans un entretien diffusé en anglais à Sputnik news le 4 février. L’article précise que « début novembre, (M. Macron) avait lui-même démenti des rumeurs sur sa prétendue double vie », comme il l’a fait également hier soir devant ses soutiens réunis au théâtre Bobino à Paris.
Nicolas Dhuicq déclare ainsi: « Concernant sa vie privée, ça commence à se savoir à l’heure où nous parlons. Macron est quelqu’un qu’on appelle le chouchou ou le chéri des médias français, qui sont détenus par un petit nombre de personnes, comme tout le monde le sait. Par ailleurs, l’un de ses soutiens est le célèbre homme d’affaires Pierre Bergé, un associé et amant de longue date d’Yves Saint Laurent, qui est ouvertement homosexuel et défend le mariage pour tous. Il y a un très riche lobby gay qui le soutient. Cela veut tout dire (…). »
Ce qui veut tout dire, c’est aussi l’attitude de M. Dhuicq qui dit pourfendre le politiquement correct… Comme le député-maire LR Jean-François Copé, Nicolas Dhuicq avait finalement décommandé sa présence le 20 janvier à l’hôtel Intercontinental de Paris pour fêter l’investiture de Donald Trump, pour éviter d’y croiser Bruno Gollnisch et le maire de Béziers Robert Ménard. La transgression des dogmes établis par la gauche, le courage et la clarté ont toujours eu de fortes limites chez LR.
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