Soutien d’Emmanuel Macron après avoir été celui d’Alain Juppé, Alain Minc présentait le Brexit comme « la victoire des gens peu formés sur les gens éduqués ». Invité en janvier sur le site du journal Les Echos, cette figure du Système expliquait pareillement en janvier que « Les Etats-Unis d’aujourd’hui ne sont pas les Etats-Unis dont nous avons rêvé et qui nous ont sauvé », fustigeait les tenants des frontières et du protectionnisme et vantait « la mondialisation heureuse » ; « d’abord celle des centaines de millions de gens, Chinois, désormais Indiens, des pays du monde en développement, qui sont sortis de la pauvreté et qui ont fabriqué une immense classe moyenne. La mondialisation heureuse, elle relève aussi chez nous de la schizophrénie, c’est-à-dire que l’ouvrier légitimement angoissé pour son job est le même qui, le samedi après-midi, va faire ses courses chez Carrefour, et qui est un bénéficiaire de la mondialisation ».
Outre que notre personnel politique est a priori mandaté pour assurer la prospérité des Français avant celles de Chinois ou des Indiens, M. Minc apparaît bien déconnecté du réel. Sans même parler de la flambée des prix consécutive au passage à l’euro, ouvriers et employés qui appartiennent aux catégories salariales les plus nombreuses ont un salaire moyen inférieur à 15 000 euros net par an. Alors non, M. Minc, les Français les plus modestes, pour ne rien dire des six millions de chômeurs et des huit millions de pauvres, ne bénissent pas la mondialisation heureuse quand ils doivent remplir leur caddy.
Le procès fait aux contempteurs du laisser-faire laisser-passer intégral est bien évidemment quasi généralisé dans les gros médias, les mêmes qui fustigent le programme « irréaliste », dangereux », « inconséquent » de Marine… Qualificatifs qui sont aussi utilisés pour dénoncer les premières mesures prises par Donald Trump aux Etats-Unis, notamment sa volonté de mieux réguler les flux migratoires en provenance de pays à risques. Une décision qui n’a rien d’aberrante rappelait dernièrement Bruno Gollnisch et approuvée selon un récent sondage par 57 % des électeurs américains. L’enquête réalisée par le cercle de réflexion britannique Royal Institute of International Affairs, auprès de 10 000 Européens, sur la pertinence d’une mesure similaire, à savoir la suspension de l’immigration en provenance de pays musulmans, confirme également les inquiétudes au sein de l’UE. 41% des Espagnols, 47% des Britanniques, 53% des Allemands, 61% des Français, 64% des Belges et des Hongrois, 65% des Autrichiens et 71% des Polonais y seraient ainsi favorables.
Le problème de l’immigration n’est pas réductible à la question du fondamentalisme islamique en Europe comme aux Etats-Unis. Le nouveau président américain est aussi violemment attaqué par ses opposants pour son souhait d’expulser les clandestins, notamment les criminels en provenance des pays d’Amérique centrale et de bâtir un mur le long de la frontière avec un pays très majoritairement chrétien comme le Mexique.
M. Trump a signé le 25 janvier un décret actant le projet de construction de ce mur qu’il entend faire financer par le Mexique et idéalement par les cartels. Mexique qui est en proie à une violence assez terrifiante et qui exporte aussi vers son voisin nord-américain sa drogue et ses racailles. Plusieurs milliers de mexicains se sont rassemblés hier pour protester contre ce projet de frontière (plus) étanche. Il est cependant loisible de comprendre cette inquiétude des Américains quand on sait qu’un tiers du territoire mexicain est contrôlé par les cartels mafieux disposant de 100 000 membres armés. Une guerre à la drogue et entre narco-trafiquants qui selon diverses estimations à fait entre 50 000 et 100 000 morts sous le seule présidence de Felipe Calderón entre fin 2006 et juin 2012.
Alors ce projet de mur n’est certainement pas la seule réponse efficace pour protéger les Etats-Unis de la violence, de l’immigration clandestine et des trafics, mais ledit projet n’est pas une surprise en ce sens qu’il avait été clairement annoncé par le candidat Trump. Et surtout comment contester le droit à un pays de se doter d’une frontière jouant son rôle, c’est-à-dire de filtre entre ce que l’on accepte de faire entrer sur son territoire et ce qui n’est pas admissible ?
Patrick Euvrard dit
Il nous faut quelqu’un comme lui qui va jusqu’au bout de ses idées.
Roger dit
Comme l’a rappelé Marion, ce ne sont pas les Bouddhistes qui posent problème dans nos banlieues. Et quand on prétend ne pas pouvoir expulser les déboutés du droit d’asile (70% des clandestins) je rappelle la manière peu courtoise avec laquelle les Français d’Algérie ont été « invités » à retourner en métropole…
Initial dit
Entièrement d’accord ! Et les médias se sont bien gardés de préciser que les manifestants mexicains défilaient aussi contre la corruption d’état , leur fléau national, et les rapts contre rançon, sport national ! Quant à l’exemple Trump, il est amusant d’entendre dire de la part de commentateurs politiques autorisés que l’incertitude créée par le candidat élu tenant ses promesses électorales déstabilise la démocratie et crée un danger! On est dans le surnaturel !