Un épisode qui ne manque pas de questionner sur le long silence des féministes des deux côtés de l’Atlantique – dont certaines sous nos latitudes n’ont pas hésité il y a quelques années à accabler nommément avec une mauvaise foi proprement délirante Bruno Gollnisch en déformant ses propos . A commencer par celui de politiciennes comme Hillary Clinton dont les liens anciens et profonds avec le tout-Hollywood sont notoires et étalés au grand jour. La gauchiste Jane Fonda a eu au moins le courage d’avouer qu’elle était au courant des agissements de M. Wenstein : « Grâce à Dieu on en parle ! ».
L’acteur Omar Sy, lui, poursuit sa petite croisade médiatique contre Eric Zemmour, à l’heure ou ces deniers films n’ont pas rencontré le succès espéré…par les producteurs. Hier, sur Europe 1 , il a enfoncé le clou avec ce courage citoyen, ce sens du vivre-ensemble si répandu dans sa corporation:« Zemmour (…) fait de la provoc pour de la provoc. Il ne faut plus qu’il soit invité parce que c’est un criminel. Il a été condamné pour incitation à la haine raciale. Personne ne le dit mais il a été condamné ce mec-là. » Michel Janva, toujours espiègle, évoquant sur le salon beige cette saillie du shérif Omar, qui habite à Los Angeles, illustre les propos de M. Sy avec des photos le montrant prenant « complaisamment (la pose) avec le détraqué Weinstein. »
Certes, tout le monde n’a pas la classe, l’intelligence, la sensibilité, le grand talent et la hauteur de vue du regretté Jean Rochefort, qui à rebours du politiquement correct, rappelait il y a quelques années un épisode douloureux et honteux de notre Histoire récente, non pas sur le canapé rouge d’Alain Soral, mais sur celui de Michel Drucker…La défense et le respect des femmes ne se divisent pas. Et son témoignage illustrait cette belle sentence de Charles Péguy que devrait méditer les comédiens (au sens large du terme) cités plus haut: « il faut toujours dire ce que l’on voit: surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »
Talent et hauteur de vue ne sont pas des mots qui viennent spontanément à l’esprit quand on parle du républicain Christian Estrosi. Il est rapporté que le maire de Nice a demandé le 10 octobre au secrétaire général de LR, Bernard Accoyer, l’exclusion du parti de tous ceux qui y professent (par conviction ou tactique) des convictions droitières et/ou proches de celles du Front National. Ceux dit-il qui « affichent au grand jour une proximité assumée avec des mouvements proches des idées de l’extrême droite, si éloignés des valeurs fondatrices de notre famille » (sic). « Je veux à mon tour vous demander d’inscrire à l’ordre du jour de notre prochain bureau politique l’exclusion de ceux, en particulier les cadres dirigeants, qui ont entretenu le doute sur leur positionnement vis-à-vis du Front national lors des dernières élections présidentielle et législatives, et qui continuent d’afficher une collusion malsaine avec ces idées écœurantes et ceux qui les défendent.» C’est ce même Estrosi, bis repetita placent, qui militait en mars 1998 pour une alliance entre le RPR et le FN en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Sont dans la ligne de mire de Christian Estrosi, précise Nice-Matin, « Laurent Wauquiez et Eric Ciotti qui avaient appelé à ne pas voter pour Marine Le Pen (au second tour de la présidentielle), mais pas explicitement pour Emmanuel Macron, une faute morale aux yeux de Christian Estrosi.» Christophe Billan, président de Sens commun, est également dans le collimateur du commissaire politique Estrosi. Rendez-vous compte ma bonne dame, dans un tout récent entretien accordé au magazine L’incorrect, M. Billan avait déclaré, pourtant avec la plus grande prudence dans la forme: « Si Marion Maréchal-Le Pen vient demain avec ses idées rejoindre une plateforme, cela ne me posera aucun problème. Mais si elle est plus Le Pen que Marion, j’aurai un souci » (sic).
Cela a suffit à déclencher un tempête: Sens Commun a été contraint d’annuler sa « journée de la France silencieuse », prévue ce dimanche après que Laurent Wauquiez, Daniel Fasquelle et Bruno Retailleau, pris d’une frousse intense du quand-dira-t-on médiatique, se soient précipitamment décommandés. Mercredi M. Wauquiez, qui scande sur toutes les estrades qu’il entend « parler aux électeurs que nous avons déçus, il n’y a pas 30 ou 35 % de fascistes et d’extrémistes au FN » (monsieur est trop bon!) a répété qu’une alliance avec le FN était « inenvisageable.» « S’il y a le moindre passage à l’acte, ils (les républicains qui franchiraient le Rubicon, NDLR) n’auront plus leur place chez les républicains. »
Homme de dialogue autoproclamé avec les électeurs pestiférés du FN, notons pour conclure que Laurent Wauquiez s’est aussi déballonné en refusant l’invitation qui lui avait été faite par la direction de France 2 de porter la contradiction à Marine, invitée jeudi prochain de L’Émission politique diffusée sur cette même chaîne. Le risque était certes évident pour ce dernier qui brigue la présidence de LR: qu’il s’oppose frontalement ou non à la présidente du FN, laisser apparaître au grand jour les contradictions, les dissimulations, le double-langage, l’absence de ligne politique claire et cohérente de son parti politique sur des questions structurantes pour les électeurs de droite et de l’opposition nationale. Le processus de recomposition de notre vie politique n’en est à l’évidence qu’à ses débuts…