Un Show Macron qui n’a pas apporté à France 2 un effet d’aubaine sur son audience mais les députés du FN, du PS résiduel ou de La France insoumise ont eu beau jeu de souligner ce traitement de faveur particulier dont a bénéficié l’ex banquier, lequel ne saurait s’expliquer uniquement par la déférence journalistique qui entoure traditionnellement en France notre monarque républicain; ce qui est toujours un sujet d’étonnement voire d’agacement chez les journalistes étrangers, anglo-saxons notamment. Nous nous souvenons cependant que le candidat Macron fut adoubé et largement encensé tout au long de la campagne présidentielle par la quasi totalité des médias. Et pas seulement dans ceux appartenant à Patrick Drahi, à qui il avait autorisé le rachat de SFR en octobre 2014, lorsqu’il était ministre de l’Economie, levant le veto posé par son prédécesseur Arnaud Montebourg.
Lors de cet entretien, Emmanuel Macron n’a pas hésité à s’arranger avec la réalité des faits (pour rester poli) notamment dans son évocation du dossier syrien. «D’ici mi, fin février, nous aurons gagné la guerre en Syrie » a-t-il déclaré ajoutant que « Bachar est l’ennemi du peuple syrien. Mon ennemi, c’est Daech. » « Bachar al-Assad sera là. Il sera là aussi car il est protégé par ceux qui, sur le terrain, ont gagné la guerre aussi, que ce soit l’Iran, la Russie, donc on ne peut pas dire qu’on ne veut pas parler avec lui ou ses représentants. » « Donc il faudra parler à Bachar et à ses représentants » , lequel a-t-il a poursuivi avec une drôle de logique, devra « répondre de ses crimes devant son peuple, devant la justice internationale. » Et d’ajouter encore que « dans le processus que la France souhaite voire émerger en début d’année prochaine, il y aura des représentants de Bachar mais je souhaite aussi et surtout qu’il y ait des représentants de toutes les oppositions, y compris de ceux qui ont quitté la Syrie pour leur sécurité à cause de Bachar et non de Daech. »
Il est en effet évident souligne Bruno Gollnisch, que le président de la République a raison de souligner, même en creux, que l’action de la Russie a été autrement déterminante que celle de la coalition à laquelle avait pris part la France. Sans le soutien de Vladimir Poutine (mais aussi de l’Iran) à la République arabe Syrienne, les bouchers terroristes de l‘Etat Islamique n’auraient pas été vaincus, du moins sans l’implosion de la Syrie.
Pour le reste, le gouvernement syrien est accusé depuis le début de ce conflit très sanglant (on parle de 340 000 morts), d’avoir massacré son propre peuple, quand bien même celui-ci, dans son écrasante majorité, n’a jamais fait défaut dans son soutien au «régime », ce qui devrait tout de même interpeller les esprits curieux… Aujourd’hui, Jean-Yves Le Drian, passé de la Défense au ministère des Affaires étrangères, accuse Damas « d’obstruction », d’être responsable de l’échec des pourparlers organisés à Genève par les Nations unies entre le gouvernement légal syrien et l’opposition qui se sont conclus le 14 décembre. Parallèlement rappelle Emmanuel Dupuy président de l’IPSE (Institut prospective et sécurité en Europe) , « la prochaine session négociations à Astana entre le gouvernement syrien et l’opposition, sous l’égide de la Turquie, de l’Iran et de la Russie, est prévue selon le Kazakhstan les 21 et 22 décembre. Ces rounds de négociations (d’Astana) vont sans doute aboutir plus rapidement à un objectif qui est celui de la réconciliation », estime-t-il, d’ou la certaine nervosité des adversaires des pays impliqués dans ce processus de paix….
M. Le Drian, lors de son déplacement à Washington, a également attaqué violemment le président syrien: « quand on a passé son temps à massacrer son peuple, on a généralement un peu plus de discrétion. M. Bachar el-Assad ne semble pas vraiment en situation de pouvoir affirmer une prise de position politique tant qu’il est dépendant de la Russie et de l’Iran. » « La France a été dès le départ dans l’action de la coalition » internationale contre le groupe djihadiste Etat islamique. « Aujourd’hui, c’est la coalition qui a permis la victoire » (sic). C’est au moins un progrès que le successeur de Laurent Fabius ne considère plus que les massacreurs djihadistes du front al nosra ont fait « du bon boulot » contre le peuple syrien.
Le ministre des Affaires étrangères entendait répondre à Bachar el-Assad qui, lundi, réagissait aux attaques dont il était l’objet de la part de la macronie: « La France a été le porte-étendard du soutien au terrorisme en Syrie dès les premiers jours (du conflit). Elle n’est pas en position de donner une évaluation d’une conférence de paix. Celui qui soutient le terrorisme n’a pas le droit de parler de paix et n’a même pas le droit de s’ingérer dans les affaires syriennes. » Difficile de ne pas admettre que le président syrien, qui certes, n’est pas plus un enfant de cœur que ses homologues dans la région, dispose de quelques arguments solides dans sa réponse aux accusations dont il est l’objet de la part de l’exécutif français. Il est désormais évident aux yeux de tous ceux qui se sont penchés un peu sérieusement et honnêtement sur la genèse et le déroulement du conflit en Syrie que la déstabilisation de ce pays a été largement planifiée, préparée, fomentée depuis l’étranger. Et que les occidentaux ( la France y compris), au moins dans les premières années de ce conflit, ont apporté un soutien logistique à des groupes authentiquement islamo-terroristes… un terrorisme qui a donc été soutenu en Syrie, mais combattu en France…
En cette période de Noël, nos pensées vont particulièrement à ce courageux peuple syrien, dans toutes ses composantes, aux millions d’entre eux vivant dans la précarité matérielle, notamment les déplacés, un peuple tant éprouvé par la guerre, confronté à l’immense défi de la reconstruction de la réconciliation retrouvée. Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Nos vœux accompagnent plus largement l’ensemble de nos frères chrétiens qui, en Palestine, en Egypte, en Irak, en Syrie ont été ou sont confrontés à l’adversité, aux persécutions, à la mort et qu’une belle association comme SOS chrétiens d’Orient contribue notamment à aider, en Syrie et en Irak, portant ainsi une part de l’honneur de la France.