Nous vivons décidément une drôle d’époque qui voit notre pays officiellement engagé dans la lutte contre le terrorisme, bombarder la Syrie dont le gouvernement et les courageux habitants sont en premiere ligne dans la lutte contre la barbarie des milices djihadistes. France dont la voix (voie) singulière ne cesse de s’étioler dans le monde et dont l’actuel président a décidé de retirer la Légion d’honneur au chef d’Etat de la République arabe syrienne. Mais celle-ci a pris les devants. L’Afp relatait hier la décision prise par Bachar el-Assad de rendre la Légion d’honneur dont il avait été décoré en 2001 par Jacques Chirac afin de dénoncer « la participation de la France à l’agression tripartite aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni contre la Syrie le 14 avril. » « Il n’est point d’honneur pour le président Assad de porter une décoration attribuée par un régime esclave (…) des Etats-Unis qui soutient les terroristes » indique un communiqué. Les Français honteux et consternés par les agissements d’Emmanuel Macron contre la Syrie ont été aussi nombreux à réagir aux affirmations publiées par le magazine l’Essor, qui traite de la gendarmerie, selon lesquelles la famille d’Arnaud Beltrame, ce colonel de gendarmerie égorgé par Radouane Lakdim à Trèbes après s’être substitué à une otage, entendaient interdire que le nom de ce militaire courageux soit donné à des rues dans les municipalités FN.
Beaucoup de Français ne comprenaient pas ce tri opéré entre d’un côté les partis du Système qui seraient autorisés à honorer la mémoire du défunt colonel et les électeurs nationaux qui, eux, seraient rejetés de facto dans les ténèbres extérieures, implicitement réduits au rang de sous-citoyens indignes de toute communion mémorielle. Une attitude d’ostracisme primaire dont se réjouissait déjà un certain nombre de commentateurs mais qui contrastait assez violemment avec l’émotion du pays tout entier, avec l’hommage national, en présence des responsables des principales formations politiques, qui avait été rendu à cet officier aux Invalides. Mais il s’agissait un fait d’un gros bobard écœurant au vu des circonstances qui a obligé la mère du colonel Beltrame de sortir de son silence pour préciser que l’Essor avait menti et que bien évidemment « (son) fils appartient à tous les Français. » Preuve s’il en était besoin que les fake news comme ils disent, les fausses nouvelles les plus grossières sont relayées souvent sans discernement par la grosse presse bien-pensante.
Tout autre commentaire serait superflu, mais rappelons aussi que l’Etat Islamique a désigné nommément, via ses canaux de propagande, les dirigeants du FN comme des cibles prioritaires. Un attentat contre la réunion publique de Marine pendant l’entre deux-tours de la présidentielle à Marseille avait été d’ailleurs déjoué in extremis. Et faut-il préciser encore une fois la lucidité qui était déjà celle de l’opposition nationale il y a trente ans sur les questions de l’islamo-terrorisme, de l’échec de l’assimilation sur fond d’immigration massive à une époque ou elle était accusée (elle l’est encore largement ) de propager de mauvais fantasmes, de colporter la peur? Depuis l’antiquité nous savons le sort qui est réservé aux porteurs de mauvaises nouvelles, mais ce n’est certainement pas en se voilant la face ou en mentant aux Français que les adversaires du FN qui sont aux commandes du pays pourront s’abstraire des choix vitaux qui se posent à eux et éviteront les grands périls qui guettent notre nation.
Périls et choix vitaux dont LREM n’a pas la même définition que le FN, chacun le sait, et c’est d’ailleurs pour parler d’avenir que le parti présidentiel, sous l’impulsion de son délégué général Christophe Castaner et des communicants de l’Elysée, a entamé après l’attentat de Trèbes une « Grande Marche pour l’Europe. » Il s’agissait de mobiliser les troupes LREM et les Français dans la cadre des élections européennes de l’année prochaine. M. Castaner explique qu’il est impératif de mettre en place « une force française de transformation pour l’Europe, de Daniel Cohn-Bendit à Alain Juppé » (un casting qui devrait faire rêver les Français ?!?), de «parler d’Europe, d’ambition européenne pour réhabiliter partout en France la question européenne. » Une tournée qui à peine commencée s’annonce d’ores et déjà comme un échec cuisant en ce qu’elle n’est jamais parvenue à susciter l’intérêt. Les réunions (squelettiques) n’ont pas permis de (re)mobiliser les 400 000 adherents (sic) revendiqués par le parti macroniste. Les marcheurs se plaignent à hauts cris dans les médias locaux et régionaux de l‘autoritarisme, de la verticalité des prises de décision au sein de leur parti. Et ils traînent des pieds pour aller parler aux Français comme il leur a été demandé de le faire. L’objectif fixé par la direction de LREM de frapper à 100 000 portes et de faire remplir 25 000 questionnaires est déjà un objet de rigolade en interne.
D’autant que les marcheurs, peu habitués à l’adversité, n’ ont pas le cuir très épais et la plupart d’entre eux sont paralysés par la peur de se faire «engueuler » par nos compatriotes déçus voire remontés contre la politique gouvernementale. Emmanuel Macron a pu en juger mercredi lors de sa promenade dans les rues de Saint-Dié-des-Vosges, où il a été apostrophé par des Français mécontents. La veille au soir, la première « consultation citoyenne sur l’Europe » qu’il présidait à Epinal à grand renfort de publicité a péniblement réuni entre 450 et 600 personnes de l’aveu même des organisateurs…
Un monde réel très éloigné du Parlement européen de Strasbourg devant lequel le chef de l’Etat a présenté mardi ses ambitions de refondation européenne, d’une « souveraineté européenne réinventée » – dont personne ne veut en Europe – accumulant les éléments de langage qui résonnent agréablement aux oreilles progressistes. L’ancien ministre de François Hollande s’est félicité que les pays membres de l’UE aient accepté le principe de la tenue de « consultations citoyennes sur l’Europe » jusqu’à l’automne dont LREM, nous venons de le voir, a essayé d’être l’initiateur avec l’insuccès que l’on constate. Il a aussi mis en garde sans grande originalité sur « la démocratie autoritaire » qui sévirait dans certains pays européens, sur les dangers de « la fascination illibérale. » « Une forme de guerre civile réapparaît » a-t-il affirmé, ce qui nécessiterait « un projet nouveau et non le retour aux déchirements des nationalismes ». Il faut « entendre la colère des peuples » a t-il concédé et pour la calmer (?) , « la France est prête à augmenter sa contribution au budget européen » et à appuyer la mise en place d’« un programme européen qui soutienne directement financièrement les collectivités locales qui accueillent et intègrent les réfugiés (immigrés clandestins). » Un discours auquel assistait Bruno Gollnisch et qu’il a commenté dans son tout récent entretien vidéo depuis Strasbourg.
Pour autant, il s’agit aussi de noter que comparativement à ses prédécesseurs, Emmanuel Macron ne plonge pas pour l’instant dans des abîmes d’impopularité comme ce fut le cas de MM. Sarkozy et (surtout) Hollande moins d’un an après leur élection. Il ne se trouve pas non plus une majorité de Français pour soutenir sa politique. Selon la dernière enquête mensuelle BVA- La Tribune-Orange-RTL, 54% des personnes interrogées disent avoir une opinion défavorable de l’ancien banquier adoubé par Jacques Attali.
Selon le sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, Sud Radio et CNews publié cette semaine, et réalisé après les entretiens de M. Macron face à M. Pernaut et MM Bourdin et Plenel , là aussi le président de la République ne peut compter que sur le soutien de 42 % des sondés (dont 4 électeurs LR sur 10 et plus d’un électeur PS sur trois). Certes, au regard de l’image désastreuse qui était celle de M. Hollande, et au moins par contraste, il est crédité d’avoir de l’autorité (73%), de savoir où il va (67%), de tenir ses engagements, d’avoir une vision cohérente (58%), d’être compétent ( 57%). Toutes choses qui n’empêchent pas 63% des Français interrogés d’estimer que la politique menée depuis onze mois est injuste.
Autre enseignement et pas des moindres de cette enquête, devant le champ de ruines que sont aujourd’hui les deux principales formations de droite et de gauche qui se sont succédées au pouvoir pendant cinquante ans, Emmanuel Macron apparaît incontournable pour beaucoup de Français. Ainsi si le premier tour de la présidentielle se déroulait dimanche, l’enquête Ifop-Fiducial indique que M. Macron il obtiendrait 33% des voix (il avait recueilli 24 % le 24 avril dernier) mais Marine Le Pen reste bien l’opposante principale. La présidente du FN progresserait et récolterait 23% des voix, creusant fortement l’écart avec Jean-Luc Mélenchon ((16,5%) et François Fillon ( 12%) – ils avaient obtenu respectivement 21,3%, 19,58% et 20,01% des suffrages en avril.
La candidature de Laurent Wauquiez a été également testée dans ce sondage: il ressort que dans ce cas de figure M. Macron obtiendrait 36%… et le patron de LR 8% ! Un autre signe de l’inévitable recomposition politique qui s’annonce, notamment au sein d’une droite écartelée et déboussolée. Et de la confirmation dans cette optique du rôle de pôle central de rassemblement national face au mondialisme, de navire-amiral que jouera demain le FN.
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