Le peuple italien a gagné son premier bras de fer contre Bruxelles: l’économiste du FMI Carlos Cottarelli qui entendait sur ordre former un gouvernement technique a donné sa démission à Sergio Mattarella qui s’est finalement soumis à la vox populi. Le risque de séisme était trop fort, le président de la République a finalement validé et accepté le 31 mai la composition du nouveau gouvernement de coalition Ligue/M5S, avec à sa tête le Premier ministre Giuseppe Conte. Une équipe gouvernementale qui devra impérativement, dans le régime parlementaire italien, gagner la confiance et bénéficier de l’appui des députés… Elle se compose de deux vice-présidents et de 18 ministres dont sept appartiennent au M5S et sept à Ligue. Notamment son dirigeant, notre camarade Matteo Salvini (Vice-président du Conseil des ministres et Ministre de l’Intérieur), ou encore Lorenzo Fontana, ministre pour la Famille et le Handicap, très attaché à la défense de la famille traditionnelle et à une politique d’accueil de la vie. Deux conditions essentielles selon lui, pour lutter contre le grand remplacement des Italiens et des Européens…
En octobre 2016, sur le site du Point, le politologue spécialiste es FN, Nicolas Lebourg pointait les convergences de vues existant entre les différentes formations nationales présentes en Europe : «rejet de l’immigration extra-européenne » et de l’islamisme, « revendication d’une démocratie plus directe face à une Union européenne post-démocratique », refus des « mesures anti-russes » et de la diabolisation de Poutine… « Marine Le Pen a pris le leadership de l’extrême droite en Europe » notait-il et il citait à l’appui de sa démonstration son confrère Gilles Ivaldi : «le FN est devenu une boussole de l’extrême droite européenne. Les partis européens alliés du FN ont copié la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen tout en conservant leurs spécificités locales (…) par exemple (…) l’AfD en Allemagne, parti de la droite, s’est radicalisé pour être plus proche du FN. En Europe, c’est une tradition de se copier entre partis d’extrême droite. »
Ce qui est surtout de tradition, c’est de coller l’étiquette d‘extrême droite aux mouvements d’opposition nationale. Pour le reste il est dans l’ordre des choses, du moins pour une formation ayant de hautes ambitions, de tenter de rassembler le plus largement possible au delà de son camp. Bref sans s’aliéner son noyau dur, d’entraîner dans son sillage, d’agréger d’autres familles électorales partageant des constats communs, afin de mener idéalement ses idées au pouvoir. C’est au nom de cet objectif que la direction du FN avait invité les adhérents frontistes à se prononcer en faveur du nouveau nom de Rassemblement National, ayant pour vocation de matérialiser concrètement cette volonté là.
Les résultats des votes ont été communiqués par Marine lors du Conseil national élargi qui s’est tenu le 1er juin à Lyon dans une ambiance chaleureuse. Les 53% d’adhérents qui ont répondu à la question posée se sont prononcés pour le nouveau nom de Rassemblement National à 80,81%. Le RN conserve cependant la flamme tricolore frontiste, témoin historique des années de lutte et de sacrifices. Contrairement au Parti communiste français qui a gardé son nom mais a jeté aux orties en 2013 la faucille et le marteau, un logo trop lourd à porter; ou à feu le RPR transformé en UMP puis devenue en un dernier avatar le parti Les Républicains, qui a abandonné la croix de Lorraine jugée trop passéiste ( trop en décalage avec l’euro-atlantisme ). En gardant notre Flamme nationale, nous maintenons nous un emblème fort identifié par tous les Français. Un repère, un symbole lumineux de résistance aux forces obscures du mondialisme, gage de changement dans la continuité…
Ce changement de nom a affirmé Marine vendredi, « ferme un chapitre de l’histoire de notre Mouvement national ouvert il y a un peu plus de 45 ans. Mais c’est pour mieux en ouvrir un autre qui, je le crois, ne sera pas moins glorieux », au moment ou un peu partout sur notre continent les « peuples européens se réveillent. » Ce n’est pas un secret, Bruno Gollnisch n’était pas convaincu par la nécessité d’abandonner la marque FN : « tactiquement, ce serait une erreur de changer de nom », « je crois que ce n’est pas un hasard si les marques Dior, Louis Vuitton, L’Oréal sont tellement attachées à leur marque et la défendent bec et ongles (…). Une marque peut focaliser les hostilités, mais elle focalise aussi la fidélité (…). Le changement de nom du FN ne me parait pas une priorité, bien moins en tout cas que la nécessité pour notre Mouvement d’approfondir nos réflexions, notre programme face aux grands défis et questions du monde contemporain. »
Cela étant nuançait-il, « je ne suis pas nominaliste. Le Front National est un instrument au service de la France. Si le FN devait s’appeler autrement demain, je ne m’attacherais pas l’étiquette mais à la substance. En revanche, si le Front National devait abandonner ses convictions, il cesserait de m’intéresser comme tel même s’il conservait le nom et la flamme. » Il précisait aussi que « si dans l’avenir, il y a une novation importante dans la vie politique de notre pays, si nous devons donner le signe fort de quelque chose d’autre, on (pourrait envisager ce changement de nom). Après tout, quand j’ai été élu député en 1986, un certain nombre de mes collègues élus et moi, à l’initiative de Jean-Marie Le Pen, l’ont été dans un cadre qui n’était pas explicitement celui du Front National puisque c’était celui du Rassemblement national… ».
Rassemblement National qui, joignant le geste à la parole, a tendu la main à Nicolas Dupont-Aignan dés la veille de son baptême officiel par le biais d’une lettre ouverte écrite par Marine. La présidente du RN lui propose leur présence aux deux dernières places d’une liste commune aux élections européennes de 2019. Liste fédérant toutes les bonnes volontés pour peser plus fortement dans la balance, contrer plus efficacement les euromondialistes. Alliance qui a été gage de succès en Autriche, en Italie, en Hongrie : « Partout l’esprit de rassemblement, la volonté de dépasser les divergences mineures ont prévalu pour rendre possible ce qui était martelé comme étant impossible.» « Je te propose en conséquence de nous rencontrer dans les plus brefs délais afin de travailler à une charte commune qui établira les priorités et les mesures essentielles pour transformer l’Union européenne en une Europe des Nations, des coopérations et des libertés. »
Invité hier de l’émission Dimanche en politique sur France 3, le président de DLF a accueilli assez tièdement cette proposition d’alliance: « Je prends mes responsabilités et je ne vais pas me dérober. Je dis à Marine Le Pen très clairement que sa proposition, même si ça part peut-être d’une bonne intention, n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu historique qui est devant nous (…). C’est une question de cuisine politicienne qui ne m’intéresse pas (…). Elle m’a écrit une lettre que j’ai lue dans la presse (…). Une lettre alors que son bureau est quasiment juste en face du mien à l’Assemblée nationale. J’aurais aimé qu’elle vienne m’en parler, mais qu’importe la forme. » « J’ai entamé une action, il y a un an, les Amoureux de la France. Nous, on veut une démarche sérieuse, on part du projet. Une fois que ce projet sérieux sera élaboré (avant l’automne) je l’enverrai à tous les responsables politiques qui disent combattre M. Macron et l’abandon de la France: Marine Le Pen, Laurent Wauquiez. » «Mme Le Pen, à ce moment-là, j’espère qu’elle aura travaillé de son côté, qu’elle aura clarifié sa position, parce que je ne la connais pas, sur l’euro notamment. J’espère que M. Wauquiez aura clarifié sa position et je leur dirai unissons-nous tous ensemble. »
Et peut-être pour que sa réticence ne soit pas perçue comme de la pusillanimité ou de la frilosité, M. Dupont-Aignan a ajouté: «Personne ne fera passer, et notamment aux yeux des électeurs du Front National, que je puisse être un diviseur, parce que, s’il y a un type qui a été courageux, qui a franchi le pas, c’est moi. En revanche, ce n’est pas parce que j’ai franchi le pas, que j’ai été d’une loyauté parfaite, que j’accepterai de partir aux européennes sur un programme bancal, pas clair. »
On peut juger le verre à moitié plein ou à moitie vide mais notons pour notre part que Nicolas Dupont-Aignan qui en toute logique, entend marquer son territoire et peser dans la recomposition à venir, a laissé clairement la porte ouverte à un accord, à une alliance avec les nationaux. Rassemblement qu’il entend comme nous élargir à tous les électeurs, élus , cadres souverainistes, eurosceptiques et antibruxellois attachés à l’identité française, notamment ceux qui gravitent encore dans l’orbite de LR.
D’autant qu’à écouter celui dont Marine entendait faire son Premier ministre en cas de victoire à la présidentielle, les points d’accord, y compris dans la méthode, nous l’avons vu, sont évidents. Invitée du Grand Jury sur RTL et LCI, Marine Le Pen a précisé la clarté et la cohérence de sa démarche. Point de mauvaise cuisine: « les manœuvres politiciennes, ça aurait été si nous étions allés tous les deux dans mon bureau à l’Assemblée, ou dans le sien, pour discuter des places de ceci, de cela. » Et de rappeler qu’elle avait « entendu (M. Dupont-Aignan) dire qu’il fallait tous nous mettre autour d’une table pour parler du fond. Et compte tenu du peu de temps qu’il nous reste, c’est le moment de le faire. C’est ce que je lui ai proposé de faire par l’établissement d’une charte.» « (J’ attend) avec grand intérêt de voir le projet Nicolas Dupont-Aignan », sachant que «l’euro faisait partie des sujets communs de la présidentielle. »
L’enjeu est trop décisif, il en va du devenir de la France française qui va se jouer définitivement dans les deux décennies à venir, pour que nous puissions imaginer que cette nécessaire recomposition politique autour d’un projet national, alternatif, puise achopper sur des querelles d’égos, des considérations boutiquières, la paresse intellectuelle, la soumission aux ligues de vertu. Les Français les plus lucides, nos amis Européens, tous ceux qui par le monde attendent encore de grandes choses de notre pays, ne nous le pardonneraient pas. A chacun des prendre ses responsabilités, en toute conscience, ici et maintenant, l’Histoire ne repasse pas les plats.
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