Mardi matin, dans son éditorial sur Europe 1, Jean-Michel Apathie affirmait, à la lumière de la poussée populiste, nationaliste qui se manifeste un peu partout dans le monde et qu’atteste encore la situation politique allemande et la victoire au Brésil de Jair Bolsonaro, que l’on avait eu tort d’enterrer trop vite Marine Le Pen. Elle est bien a-t-il dit, la seule opposante sérieuse au macronisme, portée actuellement par le vent de l’Histoire. Quatre jours auparavant dans sa chronique politique sur cette même antenne, toujours, dans le cadre du journal d’information de Nikos Alliagas, M. Apathie s’est livré à un travail de prospective. Il n’a pas évoqué le fantasme qu’il confessait en novembre 2016 lorsqu’il disait son souhait de « (raser) le château de Versailles » s’il était au pouvoir pour que les Français « (n’aillent ) pas là-bas en pèlerinage cultiver la grandeur de la France, devenons réalistes ! ». Non, au nom du réalisme (?) M. Apathie a évoqué le spectre en France d’un scénario à l’italienne, l’alliance au pouvoir du RN et de LFI sur le modèle de la coalition entre la Ligue et le M5S chez nos voisins transalpins.
A l’appui de sa démonstration Jean-Michel Apathie a cité la réponse de Jean-Luc Mélenchon, lors d’une récente conférence de presse, à une question sur le bras de fer engagé entre la commission européenne et le gouvernement italien. Certes, le lider maximo de LFI a dit son hostilité à l’extrême droite, à Matteo Salvini-l’ami de Marine Le Pen, mais a-t-il ajouté, ce gouvernement a été élu démocratiquement, aussi, « dans cette affaire les Français ont intérêt à soutenir ceux qui défendent la souveraineté populaire.» Une réflexion choquante pour M. Apathie qui a affirmé que l’ex premier secrétaire du PS (et ex trotskyste comme M. Mélenchon) Jean-Christophe Cambadélis a résumé « le sentiment général » lorsqu’il a déclaré que « c’est la première fois qu’une formation se réclamant peu ou prou de la gauche (sic) , soutient une organisation d’extrême droite.»
Jean-Michel Apathie s’est employé ensuite un peu à la manière des éléments de langage utilisés par LR, LREM ou le PS, à pointer les analyses convergentes entre le RN et le LFI : « ils préfèrent la souveraineté nationale à la suprananationalité européenne, ils sont hostiles à l’euro, au marché unique, ont une analyse voisine des causes des phénomènes migratoires, une sympathie pour Poutine et une hostilité fondamentale aux Etats-Unis. » Une belle démonstration qui ne pouvait s’achever sans une évocation du complot rouge-brun et son point Godwin final, asséné par M. Alliagas au terme du numéro élaboré entre les deux journalistes. Ce dernier a ainsi clôturé cet épisode avec une kolossale finesse en soulignant qu’ « avant d’être fasciste, Mussolini était communiste » (en fait socialiste) et qu’« Hitler et Staline avaient conclu un pacte » (en 1939)… Sacré Nikos! n’en jetez plus la cour est pleine!
Certes, ils sont nombreux nombreux désormais à affirmer que M. Mélenchon, s’éloignant du culte de la Déesse Raison dérive vers les ténèbres, le côté obscur de la force. C’est en tout cas ce que rapporte le blogue La Lumière de François Koch, hébergé sur le site de l’Express, spécialisé dans l’actualité maçonnique. Celui-ci écrivait hier que «le Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France (GODF), la première obédience maçonnique française, a décidé de demander à la Chambre Suprême de Justice Maçonnique (CSJM) la suspension temporaire de son frère Jean-Luc Mélenchon ( initié en 1985) en raison de son comportement récent vis-à-vis de magistrats, de policiers et de journalistes (…).Cette décision de l’exécutif du GODF est rarissime. Elle est dû au fait que le leader de la France insoumise est connu de longue date comme franc-maçon et que ses hauts dignitaires redoutent que les mises en cause qui pèsent contre lui rejaillissent sur l’image de toute l’institution (sic) , forte de 53 000 membres (…) Plutôt marquée à gauche (sic) , cette obédience est surtout réputée pour son attachement aux valeurs de la République si chères aux magistrats et aux policiers, comme aux militaires.»
Pour autant, au-delà de son récent coup de gueule contre la justice et la caste journalistique, il n’est pas nécessaire d’être initié pour savoir qu’une large fraction de la la secte du Grand Orient, dont la vertu, y compris républicaine, reste à prouver, n’approuve souvent que très modérément le fait que M. Mélenchon ait siphonné une partie non négligeable des voix de la gauche européiste. Et ce, quand bien même les critiques actuelles de LFI contre l’Europe de Bruxelles différent sensiblement de celles émises de longue date par l’opposition nationale. D’autant que cette aberrante construction européiste-là est toujours appréhendée comme un marche-pied nécessaire pour imposer le triomphe de l’idéologie sansfrontiériste et cosmopolite chère, au moins, à cette branche de la maçonnerie.
Aux débats internes entre fils de la veuve répondent en écho les querelles intestines qui agitent le camp dit antiraciste, à l’occasion de la sortie du livre-enquête dirigé par les deux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Inch Allah, portant sur les avancées de l’islam politique et prosélyte en Seine-Saint-Denis. L’idée de cette enquête leur aurait été soufflée indirectement à la suite d’un propos de François Hollande, consigné dans le livre que tous deux avaient consacré à ce dernier quand il était à l’Elysée, Un président ne devrait pas dire ça. M Hollande leur aurait affirmé qu’ «il y a un problème avec l’islam, » A les lire M. Hollande parlait aussi de « l’accumulation de bombes potentielles liées à une immigration qui continue. Parce que ça continue » et lâchait ce commentaire: « Comment peut-on éviter la partition? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire: la partition. »
Cette enquête réalisée par cinq étudiants du Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris, a été attaquée par toute une fraction du camp antiraciste, et notamment par le bondyblog, en ce qu’elle ne serait pas exempte de raccourcis, de caricatures, voire de mensonges. Il n’en reste pas moins constate Bruno Gollnisch, que le grand remplacement ethnique, culturel, religieux est une réalité dans ce département comme dans de nombreux autres pans de notre pays, qu’il ne date pas d’hier et qu’il est parfaitement connu des Français; à commencer par ceux qui y vivent encore ou qui en ont été chassés par le force des choses. Rappelons au passage que la première campagne menée par le FN pour mettre en garde contre les dangers de l’islamisation date de 1987…là aussi nous avions vu juste!
Sur atlantico, Guylain Chevrier docteur en histoire, membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration (HCI), fustige les attaques menées contre MM. Davet et Lhomme, notamment de la part d’une officine comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), financée par le trouble milliardaire George Soros
«Le CCIF relève M. Chevrier, est de tous les combats qui favorisent la pénétration sans limite de la norme religieuse de l’islam dans notre société : revendication du halal à la cantine, des prières dans l’entreprise, du voile à l’école publique, n’est pas choquée par le fait que des musulmans refusent de serrer la main d’une femme, jusqu’à l’interdiction de toute critique de l’islam dénoncée comme une atteinte à la liberté de culte et une discrimination. Cette organisation invite à faire passer la religion avant tout, comme dans un pays musulmans, voire, comme dans une théocratie. Elle considère les musulmans non comme des citoyens mais comme membres d’une communauté religieuse à laquelle ils devraient être assignées et se soumettre (…). Cette organisation se présente comme association antiraciste, mais c’est une imposture, car à ne défendre que l’islam, elle est tout le contraire du combat universaliste de l’antiracisme, porteur d’égalité des droits pour tous. Nous avons plutôt affaire avec le CCIF à un parti religieux qui ne dit pas son nom (…). Le CCIF, qui partage avec les Indigènes de la République ce procès calomnieux et honteux de la France pour racisme d’Etat, fait progresser l’idée selon laquelle la laïcité serait tournée contre les musulmans, pour mieux justifier le rejet de notre République démocratique (…). Il n’est pas étonnant que dans ces conditions environ 30% des musulmans revendiquent en France la charia et considèrent leur religion comme un instrument de révolte contre notre société, tel qu’a pu le rapporter l’avant dernier rapport de l’Institut Montaigne sur le sujet. »
Le combat entre deux sortes d’antiracistes, les gentils qui défendent un antiracisme universaliste et les méchants qui défendent un antiracisme «communautariste et racialiste» était l’objet d’un article publié par Médiapart sous la plume de la militante Elena Mangusta appartenant au camp universaliste. Elle s’appuie sur plusieurs exemples pour dénoncer les menées des antiracistes antiuniversalistes au nombre desquels elle compte Rokhaya Diallo, une association comme Décoloniser les Arts (DLA) ou encore bien sûr Houria Boutedlja du Parti des Indigènes de la Républiques (PIR).
Mme Angusta s’indigne « du rôle trouble des médias et de la presse de gauche en particulier», la manière dont « de façon extrêmement perverse les journaux l’Humanité, Libération, Le Monde se font les chantres de ces idéologues et ferment leur colonnes à l’antiracisme universaliste. Celui-ci n’a d’autres choix dès lors pour s’exprimer que de publier dans la presse de droite, ce que bien évidemment le camp du bien s’empresse de lui reprocher et utilise pour le décrédibiliser.»
Nous ne voudrions pas faire de peine à la gentille Elena mais ce sont plus globalement tous les propagandistes de l’antiracisme, faux nez de l’immigrationnisme obligatoire, ceux qui scandent depuis quarante ans que le déracinement de populations étrangères non européennes pour les faire venir chez nous est une chance pour la France, qui sont décrédibilisés (pour rester poli) aux yeux de nos compatriotes.
Ces failles qui se distinguent désormais au sein des structures, des formations antinationales au nom de l‘antiracisme, traversent désormais une large partie de la gauche ou la tentation de courir derrière les communautaristes ne date pas d’hier. Le tout au nom de petits calculs tactiques ou stratégiques, d’un clientélisme de bas étage. Et l’on sait aussi que dans ce domaine certains élus et maires de droite ne se comportent parfois pas mieux que certains maires rouges… Reste que pour le coup, humanistes, républicains et autres donneurs de leçons auront du mal dans ce cadre à trouver des analyses convergentes entre le RN et LFI ou les autres partis accueillant ou baissant les bras devant l’immigration-invasion.
Ivernazza dit
C’est terrible de se nommer « Apathie »… Pour échapper à tout soupçon d’ « aptonymie » (je crois que ce néologisme est à porter au crédit de Jean-Loup Chiflet – qui lui même a du sentir passer le vent du boulet) on est obligé de s’agiter beaucoup.
de Vendeuvre dit
Il n´est pas difficile de voir que ces offensives anti-européennes viennent principalement des Etats Unis qui rêvent de voir l´Euro sombrer. En effet le Dollar US ne va pas trés bien et, si les finances américaines s´améliorent elles sont encore en piteux état.Il est regrettable que les responsables français ne parlent que des échecs de l´Union Européenne et pas de ses réussites dont l´Euro est la principale.Sans l´Euro les finances publiques françaises seraient encore plus mal en point étant donné la propension àl´endettement et aux déficits de nos responsables politiques dpuis 1981.
salutations
loustic dit
Si l’Allemagne veut faire son 4ème Reich, elle devra le faire identitaire, pour éviter que la Belgique où l’Italie achètent du F35, se tournant vers les US contre l’Allemagne immigrationniste, pour éviter que les populistes soient contre l’UE, contre l’euro pompe à fric pour l’Allemagne, c’est à dire contre le 4ème Reich allemand, autoritaire, technocratique, régionaliste et impérial…
L’AfD deviendra alors une assurance UE/hégémonie pour l’Allemagne.
Non ? Et patronat allemand ne le voit pas ?
Odette Chaboud dit
Bonjour et merci … à ce dilemme j’ai une solution :
– que le Pape change de politique au moins sur l’immigration, ou il s’en va.
– que le Président Macron change de politique au moins sur l’immigration ou il s’en va.