Lundi 30 mars
Débat orienté. Sur la chaîne TV Public Sénat, rediffusion d’un reportage du réalisateur Jacques Charmelot au titre évocateur : « La bataille de Washington – Trump face à la justice », suivie d’un curieux débat sur l’ingérence supposée de la Russie dans la dernière élection présidentielle américaine. Aux États-Unis, l’opposition démocrate veut absolument accuser Donald Trump de compromission, voire de trahison, et voit partout la main de Poutine. Il est entendu que les États-Unis, eux, n’ont jamais tenté le moins du monde d’influencer les élections dans un autre pays ! Cette indignation partisane et mal placée trouve hélas ici un écho servile dans ce panel composé d’« experts » français. Mme Laurence Nardon, « chercheuse » à l’IFRI (Institut français de relations internationales) se demande avec une impatience non dissimulée quand les Républicains vont enfin lâcher Trump. On s’indigne à l’idée que des membres de l’équipe Trump aient pu au cours de la campagne rencontrer une avocate russe qualifiée d’émissaire de Moscou. Les dignes « politologues » du plateau n’ont manifestement aucune expérience de l’intérieur d’une campagne présidentielle. Ils ne savent pas qu’il est normal, courant, habituel, qu’à l’occasion d’une telle compétition des États étrangers prennent contact avec les candidats, pour connaître leurs analyses et intentions, notamment pour les relations futures, et tenter de les influencer favorablement. Lorsque j’étais numéro 2 du Front National, puis directeur de la campagne de Jean-Marie Le Pen en 2002, j’étais fréquemment contacté à ce titre par des diplomates étrangers qui souhaitaient mieux nous connaître, et nous amadouer. Qu’une anecdote aussi banale puisse servir de base à l’enquête d’un « procureur spécial », à une menace d’impeachment et de destitution d’un chef d’État régulièrement élu a de quoi confondre…
Mardi 31 mars
Déplacement de Macron. Il est en visite à la seule entreprise française qui fabrique des masques. Elle a triplé sa capacité. C’est un premier pas, mais encore très insuffisant par rapport aux besoins. J’ai déjà écrit que le président paraît découvrir, mais bien tard, les avantages de l’indépendance par rapport un libre-échangisme soucieux de la seule baisse des coûts, sans aucune considération pour le maintien de l’industrie nationale. Air Liquide, qui reste un des (rares) fleurons de notre industrie, va fabriquer des respirateurs, pour oxygéner les malades en urgence. Renault aussi va s’y mettre, et avec le concours de Michelin, pour les filtres pour les joints. Là encore, c’est un mieux. Mais la lenteur de la réaction révèle l’érosion de notre appareil productif et notre totale dépendance. Mon ancien collègue du Parlement européen, le Pr. Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Georges-Pompidou, a eu raison de dire que nous étions en voie de sous-développement.
Car il ne suffit pas d’injecter de l’argent, il faut du savoir-faire. Or nous manquons d’ingénieurs. Sitôt sortis des grandes écoles, beaucoup se tournent vers la finance, plutôt que vers la production. Mais la finance, et les services ne sont que les accessoires de la production de biens. Quand celle-ci disparaît, le système s’écroule.
Mercredi 1er avril
Le Printemps. Ce 1er avril, je n’ai guère le cœur à faire des farces, et d’ailleurs je manque de victimes potentielles. Mais je suis toujours émerveillé par le renouveau de la Création. Les bourgeons des arbres et arbustes éclosent ; les primevères, narcisses, jonquilles sont en fleurs. Tout comme mon petit cerisier du Japon, Prunus Serrulata Kiku Shidaré, planté récemment, cadeau de Noël de mes enfants. C’est que j’ai la chance d’habiter à la campagne avec un jardin. Je pense à tous ceux qui n’ont pas ce bonheur et doivent rester confinés en ville dans des logements souvent exigus. Si par bonheur ils font partie de la minorité qui possède une résidence secondaire, on les empêche de la rejoindre pour y passer le temps du confinement. J’avoue ne pas comprendre où est le problème, dès lors que l’on fait le trajet en voiture pour rejoindre une habitation vide…
Jeudi 2 avril
Intervention télévisée du Premier ministre. Il fait plutôt profil bas, et adopte un ton modeste. Il est vrai qu’il n’y a pas de quoi triompher. On manque toujours de l’essentiel : masques, tests de dépistage, respirateurs, etc. Après 20 jours de confinement, il devrait y avoir une baisse considérable du nombre de cas constatés, d’admissions aux urgences, et de morts. Ce n’est toujours pas le cas…
Vendredi 3 avril
Baccalauréat. Intervention de M. Blanquer, ministre de l’Éducation nationale. Il déclare d’abord que le baccalauréat est maintenu. Il poursuit en annonçant le contraire : dans les faits, le baccalauréat est supprimé. Du moins si les mots ont un sens, en l’occurrence : un examen objectif, anonyme (au moins à l’écrit), reposant sur des épreuves nationales, identiques à l’intérieur d’une même section, et permettant donc d’évaluer le niveau des candidats de façon aussi objective que possible. Tout cela sera remplacé par un « contrôle continu » pratiqué par les établissements. Les circonstances peuvent le justifier. En fait, il y a bien longtemps que le baccalauréat ne signifie plus grand-chose. J’y reviendrai.
« Enquête d’action », sur la chaîne W9, émission comparable à « 90 Minutes d’enquête » sur TMC. On y voit des policiers aux prises avec une fratrie de voyous d’origine africaine trafiquant de la drogue à Paris. Les grands frères utilisent le petit frère comme coursier : il est mineur ; s’il se fait prendre, il ne lui arrivera rien de grave. On voit l’enquête minutieuse des policiers, l’arrogance des dealers à leur égard, l’impuissance de notre système. Ces émissions nous montrent le travail difficile des policiers et des gendarmes. Je suis étonné que la censure ne les ait pas encore supprimées. Chacune d’elles en effet est un révélateur cinglant de la réalité du pays. Chacune devrait résonner comme un appel à voter national.
Samedi 4 avril
Attentat islamiste. Un réfugié soudanais vient de poignarder sept personnes à Romans-sur-Isère, paisible ville de la Drôme où je suis souvent passé quand j’étais élu de Rhône-Alpes. Deux hommes tués, dont un fils sous les yeux de son père. Cinq blessés, dont deux femmes et trois cas très graves. Présent a dit ce qu’il fallait de cette affaire. Comme toujours, on s’efforce de minimiser la motivation islamiste. La radio d’État France-Info, et d’autres, essayent de nous dire que « l’individu supportait mal le confinement » et « s’inquiétait du coronavirus » (sic). Zemmour, lundi, sur LCI, ridiculisera cette piteuse version. « Si c’est un motif pour tuer, pourquoi ne s’en est-il pas pris à ses amis soudanais » ?
Indépendamment des faits criminels, comment l’intéressé a-t-il pu trouver asile ici, et y être particulièrement bien traité : stage de formation, hébergement, embauche, tout en vitupérant, dans son journal intime, contre notre « pays de mécréants »… ? Le Soudan était colonie britannique, et non française. Ce sont les chrétiens qui y étaient persécutés, et non les musulmans. De plus, entre le Soudan et la France, il y a des pays africains où se réfugier si l’on craint les persécutions… S’il faut y aider ces pays, que l’UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) le fasse. C’est sa mission. Pour nous, il est plus que temps de réformer ce droit d’asile universel qui contribue à notre submersion.
Dimanche 5 avril
Dimanche des Rameaux. Triste. Chacun doit rester chez soi. Heureusement, outre la télévision plusieurs sites diffusent la messe et les offices liturgiques, y compris la liturgie tridentine. Le récit dialogué de la Passion est toujours aussi émouvant. Sobre mais belle célébration aussi de l’archevêque de Paris Mgr. Aupetit le soir sur la chaîne KTO. Quand reverrai-je mes petits-enfants ?
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