Le secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez a publié mercredi dans Libération une tribune dans laquelle il note, fort justement, que l’identité nationale ne se réduit pas à l’immigration. Il relève ainsi que le tissu industriel français fait partie de cette identité française et doit être maintenu. Il affirme tout aussi justement que les classes moyennes sont aussi constitutives de ladite identité et qu’il s’agit de leur redonner « leur place » . Le hic c’est que la politique menée par l’UMP, politique d’inféodation aux diktats de l’Europe de Bruxelles, aux dogmes mondialistes et ultra libre-échangistes conduit justement à la paupérisation de nos entreprises et à l’écrasement des classes moyennes. Les déclarations lénifiantes de M. Wauquiez ne peuvent occulter cette réalité.
Les Français ont eu une nouvelle preuve de la tartufferie de ce gouvernement, lorsque le chef de l’Etat et le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, se sont indignés des rumeurs de délocalisations de la production de la nouvelle Clio en Turquie (voir notre article sur ce blog)…alors même que Renault comme les autres constructeurs français produisent, ou assemblent, une partie importante de leurs véhicules à l’étranger, en Europe de l’Est et au Maghreb.
« Lorsqu’une voiture française est destinée à être vendue en France, elle doit être produite en France » a affirmé M. Estrosi. Mais comme le souligne le Bulletin d’André Noël, » Pourquoi donc s’en émouvoir aujourd’hui ? Et pourquoi ne traiter que le cas de l’automobile ? Pourquoi ne pas dire aussi : Lorsqu’un vêtement est destiné à être vendu en France, il doit être produit en France « ? -et par des ouvriers Français ?
Au-delà du prétexte officiel, l’Etat a octroyé aux constructeurs 6,5 milliards € de subventions directes sur cinq ans sous forme de prêts à taux bonifié, la véritable raison c’est qu’ « à quelques semaines des élections régionales une telle délocalisation serait du plus mauvais effet sur l’électeur dont le chômage et la baisse du pouvoir d’achat sont les préoccupations principales ».
Enfin, comme nous l’évoquions plus haut, ayant confié les clés de la maison France à l’Europe de Bruxelles, la droite mondialiste est soumise aux « principes régissant le commerce mondial comme ceux de l’Union européenne qui prévoient la libre circulation des biens et des personnes et la liberté d’installation des individus comme celle des entreprises » ; « la légalité européenne est du côté de ceux qui prennent la liberté de délocaliser. »
C’est pourquoi le gouvernement français a été rappelé à l’ordre par le commissaire à la concurrence, Neelly Kroes, qui évoque « une contradiction apparente » entre des déclarations du ministre de l’Industrie et les promesses faites par Paris en février 2009 lors de la mise en place des prêts à conditions privilégiées pour les constructeurs automobiles victimes de la crise. L’une de ces promesses était que Paris « n’imposerait aucune condition sur la localisation des usines » , rappelle Mme Kroes, en prévenant que » la Commission s’assurera que cet engagement est tenu ».
« On touche ici du doigt le double langage du gouvernement – de celui-là comme de celui des précédents – à propos de l’Europe. Pour nous faire voter « oui » à Maastricht, ne nous avait-on pas assuré que l’abolition des frontières européennes allait ouvrir une ère de prospérité (…). Mais il ne fallait pas être grand clerc pour se rendre compte que les différences de niveaux de vie, la disparité des situations économique et des politiques sociales allaient entraîner une délocalisation des entreprises de l’Ouest européen vers l’Est où les coûts salariaux sont moindres ».