Monsieur le Président, nous sommes arrivés au terme de la procédure préalable de désignation des commissaires, avec des auditions qui sont parfaitement convenues. Les candidats à la fonction de commissaire sont venus nous dire qu’ils avaient des sentiments très profonds en faveur de l’Union européenne, que, pour ce qui est des dossiers qu’ils ne connaissaient pas, ils s’efforceraient de les apprendre et qu’ils travailleraient la main dans la main avec le Parlement.
Tout cela n’est pas très important ni très intéressant. Il fallait quand même, pour que le Parlement manifeste son indépendance, un bouc émissaire, une victime expiatoire. On l’a trouvé en la personne de Mme Rumiana Jeleva, à l’encontre de laquelle, d’ailleurs, il existait finalement assez peu de charges. Et s’il s’agit de conflits d’intérêts, le passé de certains commissaires dont je ne citerai pas les noms – commissaire à la concurrence, commissaire à l’agriculture, commissaire au commerce international – était certainement beaucoup plus préoccupant et pourtant, dans cette Assemblée, il n’a pas posé beaucoup de difficultés.
En réalité, Monsieur le Président, je vous plains un peu parce que vous êtes maintenant dans ce dispositif du traité de Lisbonne, une ville qui est la capitale de votre pays, une ville admirable et qui méritait mieux que de laisser son nom à un document pareil. Vous allez avoir beaucoup d’interlocuteurs. Vous allez désormais avoir, avec l’accord-cadre, le Président du Parlement et la Conférence des présidents, dont les non-inscrits sont exclus, en violation flagrante des dispositions du règlement. Vous allez avoir le nouveau président de l’Union, permanent, mais qui n’a pas fait disparaître les présidents tournants. Vous allez avoir Mme Ashton, haute représentante à la politique étrangère et de sécurité, qui a été tout à fait pacifiste dans sa jeunesse à l’égard de la réelle menace soviétique, mais dont nous ne doutons pas qu’elle sera extrêmement belliciste à l’égard de l’Iran.
Ce sera une politique difficile. On a ri tout à l’heure quand on a rappelé le passé marxiste de certains d’entre vous. En réalité, vous êtes toujours internationalistes, mais vous n’êtes plus du tout prolétariens. Le sort des ouvriers européens vous est devenu totalement indifférent.
L’orateur accepte de répondre à une question « carton bleu » (article 149, paragraphe 8, du règlement), en l’occurrence, une question de William Dartmouth (membre de UKIP, United-Kingdom Independence Party, eurosceptique) :
Monsieur le Président, peut-être puis-je corriger M. Gollnisch. M. Gollnisch est-il informé que la Baronne Ashton n’a pas seulement été une pacifiste dans sa jeunesse, mais également Vice-Présidente du CND (Campagne pour le désarmement nucléaire) jusqu’au moins en 1983, ce qu’elle n’a pas révélé.
Réponse de Bruno Gollnisch :
Monsieur le Président, je ne réponds pas du passé de Mme Ashton. Je sais que, dans mon pays aussi, « pacifistes » était le nom que l’on donnait en réalité aux bellicistes qui étaient en faveur de la victoire des communistes.