Le Front National reste bien au centre de la vie politique française, que ce soit dans les tentatives de récupérations de ses thématiques traditionnelles comme l’attestent aussi bien les rodomontades sémantiques et l’agitation législative de l’UMP de ces derniers mois, que dans les manœuvres électoralistes de l’UMPS sur le terrain.
Pour un mouvement que le microcosme s’acharne à décrire comme étant « sur le déclin », le FN suscite encore bien des craintes au sein des partis qui se partagent postes et prébendes de notre République.
Le rejet épidermique d’un FN dont la seule présence renvoie la gauche euromondialiste à sa politique de trahison des travailleurs français, permet en tout cas à deux caciques du PS, comme Laurent Fabius et Pierre Moscovici, de justifier un vote en faveur de Georges Frêche en mars prochain. Dans l’hypothèse où une liste PS-Europe Ecologie ne pourrait pas se présenter en Languedoc-Roussillon, « je ne voterai certainement pas pour la liste de droite, parce qu’elle est conduite par quelqu’un qui a gouverné (sic) avec le Front National » a déclaré l’ex Premier ministre de François Mitterrand jeudi lors du Talk-Orange-Le Figaro. Même son de cloche du député du Doubs sur RMC hier, M. Moscovici affirmant :«Je ne voterai pas pour une droite qui, toujours en Languedoc-Roussillon, s’est associée à l’extrême droite».
Dans leur politique visant à détruire l’opposition patriotique, les instances sarkozystes doivent également « la jouer fine ». Le Figaro toujours, s’arrête sur le groupuscule socialiste rallié à la majorité présidentielle, « La Gauche Moderne » de Jean-Marie Bockel, qui a obtenu entre sept et douze places éligibles aux élections régionales de mars au sein des listes cornaquées par l’UMP.
Au nom de l’ouverture à gauche du parti présidentiel, la carte « Gauche Moderne » qui vaut ce qu’elle vaut, mais elle est à double tranchant, le râteau UMP souhaitant aussi ratisser les électeurs frontistes. Alors de même que les sarkozystes changent de discours en fonction de leur auditoire, ce même quotidien rapporte qu’en Champagne-Ardenne, la tête de liste UMP « a jugé que prendre des candidats venus du PS n’était pas le meilleur moyen de reconquérir les électeurs du FN ». « Tactiquement (ce refus) se défend reconnaît un proche de Jean-Marie Bockel ». L’étalage de toute cette force de conviction républicaine est vraiment émouvant…
Pour contrer les ambitions de l’opposition nationale, il reste aussi la bonne vieille technique des candidatures dissidentes, susceptibles de priver le FN dans quelques régions des voix nécessaires pour obtenir des élus. Le quotidien Les Echos rapporte ainsi la joie de M. Mariani devant l’entrée en lice en PACA de la Ligue du Sud conduite par M. Bompard. « La candidature de ce dernier est pour l’UMP la divine surprise de ces élections et l’occasion de disperser le vote d’extrême droite pour empêcher le Front National de se hisser au second tour ».
Les électeurs trancheront.