« Dimanche soir, rapporte Libération aujourd’hui, après plusieurs heures de négociations «tendues» entre la direction et les syndicats de Total, la CGT a claqué la porte des négociations et appelé à «durcir» la grève qui paralyse les six raffineries du groupe pétrolier depuis cinq jours (…). Le PDG de Total, Christophe de Margerie, a de son côté été reçu en fin d’après-midi par Christian Estrosi au ministère de l’Economie ». «Total s’engage à tout faire pour maintenir une activité industrielle permettant au port de Dunkerque et à leur sous-traitants actuels de conserver leur niveau d’activité et d’emploi», a affirmé le ministre de l’Industrie. «Quel que soit le projet retenu, il n’y aura pas de fermeture du site industriel» (…). «Des déclarations qui n’ont pour le moment pas rassuré les salariés des cinq autres raffineries – Feyzin (Rhône), Gonfreville-L’Orcher (Seine-Maritime), Donges, Grandpuits, et La Mède (Bouches-du-Rhône)».
Inquiétudes des salariés bien compréhensibles quand on sait que moins de 5 % des activités (abstraction faite du siège) d’une multinationale comme Total se situent en France, laquelle réalise 95% de ses bénéfices à l’étranger. Inquiétudes légitimes également au vu de la politique menée ces dernières décennies par une gauche et une droite soumises à l’idéologie euromondialiste, laquelle conduit à la désindustrialisation accélérée de la France.
Le Figaro rappelait ainsi que notre pays « est passé d’une économie héritière d’une tradition industrielle à une économie principalement de services (…). Un document de travail que la Direction générale du Trésor vient de publier montre qu’entre 1980 et 2007 la contribution de l’industrie à la richesse nationale est passée de 24 % à 14 % ».
« Sur cette période, l’industrie a perdu 1 913 500 emplois (tombant à 3 414 000). Soit une baisse de 36 % de ses effectifs ». «La majorité de ces pertes d’emplois a eu lieu dans l’industrie manufacturière (96 %) ».
Dans Tocqueville Magazine, Michel de Poncins souligne que le cas de la raffinerie Total de Dunkerque « illustre bien comment les pouvoirs publics depuis des décennies chassent véritablement en meute les industries du territoire national. Certes le groupe Total diffère la date de la fermeture mais personne n’est dupe sur la signification provisoire de ce décalage. Rappelons d’abord qu’il n’est pas question simplement de supprimer la raffinerie de Dunkerque mais que la plupart des analystes prévoient que les raffineries vont toutes plus ou moins disparaître. Cela se produit dans un contexte de sous-emploi des raffineries dans le monde entier ; en Europe il est prévu l’arrêt de 15 d’entre elles.
L’industrie du raffinage n’est pas différente des autres industries, comme l’automobile par exemple qui également souffre d’un sous-emploi général dans tous les pays sauf exception. La fermeture éventuelle des raffineries en France n’est qu’un aspect du désastre industriel que nous connaissons depuis des années. Il n’est pas possible de compter le nombre des industries qui ont disparu plus ou moins: textile, sidérurgie, informatique et bien d’autres encore dont nous n’avons même plus la mémoire ».
« Si la France est devenue un cimetière industriel poursuit-il, ce n’est pas du tout par hasard mais par suite de la politique des gouvernements successifs de toutes couleurs apparentes qui ont réellement chassé les industries comme si c’était des ennemies. Cette opération destructrice est particulièrement grave à cause de la nature particulière des activités industrielles. Celles-ci offrent l’avantage d’une très grande diversité des métiers, à la différence des autres activités comme les activités de services. Elles ouvrent en conséquence beaucoup de perspectives à une foule de créateurs ou de salariés et aussi à des sous-traitants eux-mêmes porteurs de divers métiers ».
« Il n’est pas possible que quelqu’un de raisonnable se satisfasse de la perspective de voir la Chine ou d’autres pays devenir fabricants de la plupart des objets de nos de notre vie quotidienne ». Le Front National, en tout cas, lui ne s’y résigne pas, sachant qu’il n’y a pas de fatalité à ce déclin industriel de la France, qui répond simplement aux objectifs des cénacles mondialistes.