Protectionnisme et préférence nationale ne sont pas des gros mots aux Etats-Unis malgré les discours de façade sur les bienfaits de l’ultra libre-échangisme et la règle gravée dans le marbre capitalistique du « laisser faire, laisser passer ». Le groupe franco-européen EADS (Airbus) en a fait les frais. En partenariat avec le groupe américain d’industrie de défense Northrop Grumman, Airbus a annoncé qu’il renonçait finalement à concourir à l’appel d’offre du Pentagone pour la fourniture d’avions ravitailleurs.
Dans les faits, les pressions, entraves et autres chausse-trappes se sont multipliés afin que Boeing reste seul en lice. EADS savait d’avance le résultat et n’a pas voulu se prêter à cette mascarade, ce qui est somme toute compréhensible.
Ce qui l’est beaucoup moins ce sont les fulminations de Washington dès que la France où d’autres pays esquissent de timides tentatives pour favoriser et/ou protéger leurs industries. Au sein même de l’Europe de Bruxelles –à laquelle le succès de la coopération interétatiques à l’origine d’Airbus ne doit rien- la grosse matraque est brandie dès qu’un Etat souhaite déroger, au nom de la défense des intérêts nationaux et patriotisme économique, au diktat de la « concurrence libre et non faussée ». Commission européenne qui dicte sa loi à Sarkozy avec la bénédiction de l’ensemble de la classe politique euromondialiste…
Ce succès remporté par Boeing fragilise Airbus, durement étrillé par le crise mondiale, le retard pris dans l’assemblage de l’A 380 et ses difficultés avec l’ l’A400M, alors que le groupe américain qui devrait récolter dans cette affaire un chèque de 34 milliards de dollars ne manquera pas de les réinjecter dans ses programmes à venir.;;