Les grandes manœuvres pour préparer 2012 ont démarré dès dimanche soir dans les écuries des partis du Système. Au PS, on s’entredéchire déjà sur la date des primaires et l’ouverture éventuelle des votes aux non-adhérents pour désigner le champion du parti à la présidentielle. Malgré la volonté de ne pas relancer la « querelle des égos » -phrase récurrente après chaque élection !- les candidats potentiels fourbissent leurs armes et activent leurs réseaux. Pour l’instant, une alliance tacite Aubry- Strauss-Kahn-Fabius a été mise en place pour contrer les ambitions de Mme Royal à qui il serait promis en contrepartie un super ministère en cas de victoire du PS en 2012….
Au sein d’Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit s’agite également et a lancé dans Libération « l’appel du 22 mars » (appellation en forme de clin d’œil aux soixante-huitards) pour « métamorphoser » les Verts en vue de 2012, « (inventer) une coopérative politique » (sic). Soit « un corps nouveau, une forme politique largement inédite, décloisonnée » ouvert à toutes les composantes de la gauche, avec l’objectif de « décider collectivement » des échéances de 2012 ». Une critique ouverte du mode de fonctionnement de l’équipe en place au sein d’EE, à commencer par Cécile Duflot et le numéro deux Jean-Vincent Placé, relayée par les amis de « Dany », Noël Mamère, Eva Joly, Pascal Durand, Yannick Jadot ou Yves Cochet…
A l’UMP après la claque électorale magistrale qui s’est confirmée ce dimanche, le gouvernement a été remanié, de manière à contrer les critiques qui s’étoffent au sein de la majorité présidentielle sur la stratégie suivie par le clan Sarkozy ces derniers mois. Le Monde relève que « les lendemains de défaite s’annoncent douloureux pour la majorité. Chiraquiens, centristes et villepinistes souhaitent profiter de l’affaiblissement de l’UMP pour se frayer un passage (…). Plusieurs députés avaient fait chorus pour pourfendre l’ouverture et souligner la responsabilité d’Eric Besson dans la progression du FN » (sic).
Le chiraquien François Baroin, député-maire de Troyes, ex ministre de l’Outre-mer et de l’Intérieur sous l’ère Chirac devient ainsi ministre du Budget, remplaçant Eric Woerth, nommé ministre du Travail (le quatrième en trois ans !) à la place de Xavier Darcos, qui paye sa lourde défaite en Aquitaine. « M. Darcos sera prochainement appelé à d’autres responsabilités », a indiqué l’Elysée…tout comme le socialiste Martin Hirsch, ministre de la Jeunesse et des solidarités actives, qui de toute façon précise Le Figaro « considérait sa mission achevée » depuis la création du RSA. Centriste ayant rallié l’UMP, Marc-Philippe Daubresse, ex-ministre du Logement de Jean-Pierre Raffarin, reprend les attributions de Martin Hirsch.
Enfin, Le villepiniste Georges Tron, député de l’Essonne, devient secrétaire d’Etat à la Fonction publique. Une manière de contrer Dominique de Villepin expose Le Figaro qui « depuis deux mois a entretenu l’attention en effectuant des sorties très médiatiques » et qui « pourrait notamment annoncer la transformation de ses clubs en véritable parti politique et profiter de l’affaiblissement du Modem (…) pour tenter d’incarner l’alternative à Nicolas Sarkozy ».
Ce remaniement ne suffira pas bien sûr à dissiper le malaise au sein d’une majorité présidentielle qui ne pouvait prospérer que sur la marginalisation croissante du courant politique incarné par l’opposition nationale. Loin de la langue de bois du Secrétaire général de l’UMP, le frère Xavier Bertrand, Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, confesse lui clairement que « la majorité a été battue ». « Nous n’avons pas réussi à mobiliser nos électeurs. Le Modem s’est effondré. Nous avons laissé le Front National prospérer » se lamente-t-il. Rédacteur du premier programme économique du Front National en 1972, M. Longuet possède pourtant tous les éléments pour comprendre pourquoi les Français, et notamment les plus durement frappés par la crise, ont renoué massivement avec le vote FN les 14 et 21 mars…