Dans son dernier éditorial, Philippe Randa revient sur les derniers développements de l’affaire Zemmour et s’interroge : « Assiste-t-on aux premiers signe d’une nouvelle répression –ce n’est pas la première !- en bonne et due forme de tous les insoumis de la liberté d’expression citoyenne ? Ces coups de semonce, plus ou moins suivis de menaces professionnelles et judiciaires qui viennent ainsi d’être tirés contre Éric Zemmour et Philippe Bilger, sont plus sûrement un premier avertissement. Va-t-il être suffisant pour qu’ils ne s’éloignent pas plus avant et plus exagérément des fameuses voies balisées de la correction citoyenne ? Seul l’avenir le dira. Ou leur inconscience, qui sait »…
Car dans cette affaire c’est bien la possibilité qui était celle de nos concitoyens de « penser en dehors des clous », hors des schémas imposés par l’idéologie officielle, celle de « l’harmonieuse société plurielle et métissée », élevée au rang de dogme politique lors de la dernière présidentielle par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, qui est en jeu.
Questionné par l’Afp, Philippe Bilger, qui l’on peut difficilement taxer d’être «un affreux d’extrême droite » a réagi aux attaques dont il a été l’objet de la part de sa hiérarchie et du microcosme politico-médiatique : « Je ne viole aucune obligation de réserve, je défends la liberté d’expression, celle de Zemmour, comme j’aurais pu défendre celle d’un homme de gauche (…) Je ne défends pas Eric Zemmour, je défends sa liberté d’expression, ce qui est très différent ».
C’est cette pétition de principe en faveur de la liberté d’expression qui n’est pas pardonnée à l’avocat général à la Cour d’appel de Paris. Dans son livre « J’ai le droit de tout dire », paru en 2007, Philipe Bilger, évoquait notamment la cabale lancée contre Bruno Gollnisch trois ans plus tôt, et qui s’est conclue récemment par une victoire judiciaire pour l’intéressé, à la suite d’une réflexion sur la liberté de recherche historique à propos du dernier conflit mondial.
« A analyser de près les propos incriminés de Bruno Gollnisch écrivait-il, en les retirant de la bouche de celui-ci pour les imaginer proférés par n’importe quel quidam qui s’intéresserait un peu à l’histoire, on aurait tendance à les qualifier de banalités tant ils semblent énoncer des évidences. Absence de négation des chambres à gaz homicides. Il n’est pas spécialisé et préfère laisser les historiens débattre. Obligation d’une discussion libre. Y-a-t-il de quoi, dans ces trois concepts, alerter la conscience morale et le sens civique, l’ire judiciaire et la réprobation médiatique ? Sauf à interdire qu’une discussion vienne parasiter l’essentiel de la tragédie, sauf à dénier à quiconque l’exercice de toute faculté critique au sujet d’une période qui doit demeurer hermétiquement close ».
« A mon sens (…) poursuivait Philipe Bilger, Bruno Gollnisch (…) a raison de dénoncer une grave dérive de la pensée et une défaite de la liberté d’expression» . « Méfions nous du délit de sale gueule en matière de liberté d’expression » poursuivait le magistrat qui dénonçait une « immense chape de plomb lourde ou soyeuse qui censure, interdit promulgue ou impose », « une présomption de parole malfaisante et maléfique à l’encontre de quelques uns », de « Bruno Gollnisch » à « Christian Vanneste », de « Jean-Marie Le Pen » à « Alain Finkielkraut », en passant par « Dieudonné » ou encore « Georges Frêche ». Est-il besoin de le préciser, cette « chape de plomb » pèse plus que jamais depuis l’arrivée de M. Sarkozy à l’Elysée.