Eric Besson a été « victime » la semaine dernière de la chronique de « l’humoriste » Stéphane Guillon sur France Inter qui a dressé un portait au vitriol de sa petite personne –pas plus violent d’ailleurs que ceux auquel il a habitué son public. Au nombre des joyeusetés énoncées par M. Guillon, l’ex apparatchik du PS était présenté comme « une taupe du Front National » (sic) pourvue d’un physique « antipathique » avec « des yeux de fouine, un menton fuyant. Un vrai profil à la Iago ».
Le ministre de l’immigration massive a crié si fort au scandale que le président de Radio France s’est senti obligé de lui présenter ses excuses. Accusé de tous les maux par ses « amis » de l’UMP et ses anciens camarades du PS, notamment d’avoir totalement raté l’objectif du débat sur l’identité nationale, c’est-à-dire abuser le gogo en le persuadant qu’il n’était plus nécessaire de voter FN, M. Besson a choisi de contre-attaquer dans Libération.
Dans une tribune publiée aujourd’hui, il s’efforce de stigmatiser à son tour l’humoriste, « un lâche, tenaillé par la peur physique de croiser ses cibles », en pointant son fascisme sous-jacent. Stéphane Guillon utiliserait « des méthodes et des propos de facho, mal déguisés sous un look bobo et une vulgate supposée gaucho ». Il ferait œuvre à son endroit d’un « racisme ordinaire », notamment lors des « attaques sur (ses) origines ou sur (son) éventuel mariage gris ». Et le ministre de souligner que les « attaques récurrentes » sur son physique lui rappellent « les méthodes de la presse d’extrême droite de l’entre-deux-guerres ».
Bref, M. Besson sort à son tour l’artillerie lourde : « racisme, propos fachos, extrême droite, entre-deux-guerres… », les mots employés ne sont pas anodins et indiquent la volonté de diaboliser l’adversaire, de le rejeter en dehors du « camp républicain ». Besson, homme de gauche « élevé » selon ses propres termes « dans le culte de l’antiracisme », adhérant au projet sarkozyste d’une France débarrassée de ses particularismes culturels et ethniques, « métissée », « plurielle », subissant une évolution à la brésilienne, a sûrement ressenti comme une insulte suprême d’être assimilé à une opposition nationale qu’il déteste visiblement.
Au-delà du débat qu’elle réactive sur la place, les limites éventuelles à la liberté d’expression et d’opinion des humoristes, cette polémique permet aussi de jauger du « petit mental » de M. Besson en particulier, et de la plupart de ses collègues politiciens en général. Le ministre socialo-sarkozyste n’a pas subi en effet le centième de ce qu’ont subi et subissent encore, ad nauseam, les frontistes, à commencer par Jean-Marie Le Pen. Traînés dans la boue, insultés, diffamés, caricaturés dans des postures et sous les traits les plus infâmes par ses adversaires, les dessinateurs de presse, les journalistes et autres chroniqueurs, les hommes et les femmes de l’opposition nationale ont le « cuir dur » et des nerfs autrement plus solides.
Une capacité à encaisser les coups qui n’est à l’évidence pas celle des petits marquis du Système, couvés bien au chaud dans les palais de la République.