Depuis Washington, le directeur général du (FMI) Dominique Strauss-Kahn, a déclaré dimanche que la demande de soutien financier émanant d’un gouvernement grec en faillite et qui a maquillé ses comptes pendant des années, sera traitée rapidement pour lui permettre de faire face à ses échéances. Athènes a finalement sollicité vendredi l’activation du plan d’aide de 45 milliards d’euros proposé par les pays de la zone euro (pour les deux tiers de cette somme) et le FMI (le tiers restant). Le Premier ministre Georges Papandréou y a été contraint alors que les agences de notation venaient d’imposer des coûts prohibitifs au financement de la dette grecque. « Je suis convaincu que nous conclurons les discussions à temps pour satisfaire les besoins de la Grèce », a affirmé M. Strauss-Kahn dans un communiqué. Avis partagé par le ministre grec des Finances M. Georges Papaconstantinou, qui a cependant fait savoir que cette aide annoncée, qui doit impérativement intervenir en mai, n’a pas dissuadé les spéculateurs qui parient sur l’incapacité du pays à honorer sa dette. Ces derniers y « laisseront leurs chemises » a-t-il parié, tandis que Valéry Giscard d’Estaing dénonçait de concert « la spéculation internationale au mufle hideux »…
Une aide à la Grèce suspendue cependant aux réticences allemandes, Berlin émettant l’hypothèse d’une exclusion de la Grèce de la zone euro. Le gouvernement d’Angela Merkel réclame du temps pour conclure les négociations en cours entre Athènes, Bruxelles et le FMI et exige pour donner son accord à cet effort de l’UE une « politique de rigueur stricte ». Dans un entretien accordé au jour Bild am Sonntag le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déclaré que «ni l’UE, ni le gouvernement (allemand) n’ont pris de décision pour l’instant, ce qui signifie qu’elle pourra être positive ou négative ». Propos confirmé par le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle, qui a souligné que Berlin n’est « pas prêt à faire un chèque en blanc » à la Grèce. Le porte-parole de la Commission européenne, Olli Rehn, a rappelé de son côté que « chaque Etat membre à le pouvoir de dire non »…
Histoire d’enfoncer le clou Le président de la Bundesbank allemande, Axel Weber, a vivement critiqué lundi le rôle joué par le Fonds Monétaire International : « Que le FMI soit actif en dehors de (son rôle) de financement des déficits courants en devise étrangère, c’est problématique. C’est un principe général et cela ne concerne pas seulement le cas de la Grèce. Nous devons discuter du recentrage du FMI sur le cœur de son mandat ».
Questionné sur la crise grecque dimanche soir lors de son passage au « Grand Jury », Jean-Marie Le Pen a dit « (croire) sincèrement que le mouvement de crise qui touche la Grèce va s’étendre au Portugal et au Club méditerranée, l’Espagne, l’Italie et probablement la France ». « C’est dans la zone euro a-t-il rappelé qu’il y a le moins de progrès économique et de croissance dans le monde », « la seule région du monde qui s’est départie de ses protections ». Aussi, « il faut prendre calmement nos distances. Je suis pour le retour à une monnaie nationale. Ce serait sagesse. Les avatars de Goldmann Sachs sont là pour nous rappeler les vertiges des désastres qui nous attendent ».
Le Président du FN a évoqué l’aveu de François Fillon qui avait parlé de « faillite » à propos de la France, celle là même qui a frappé récemment l’Argentine ou le Mexique, et qui menace aujourd’hui la Grèce et les pays évoquées par Jean-Marie Le Pen. Nous rappelions le 23 février dernier que si la Grèce est endettée à hauteur de 110% de son PIB, la dette grecque ne représente « que » 2% du PIB de la zone euro. On retrouve à ce niveau d’endettement l’Espagne et la France, mais à une toute autre échelle puisque ces deux pays représentent un tiers du PIB de cette même zone. La dette officielle de la France se monte à 1 500 milliards, plus de 80% du PIB français et même à 140% de celui-ci si l’on ajoute les engagements hors bilan (plus de 1 000 milliards d’euros).