En plein lumière médiatique depuis les derniers développements de la crise grecque et de la zone euro, Dominique Strauss-Kahn compte-t-il vraiment franchir le Rubicon en faisant acte de candidature à la présidentielle ? Il ya deux ans déjà, la presse rapportait les « confidences » de cet éléphant du PS, nommé à la tête du FMI en 2007 par les bonnes grâces de Nicolas Sarkozy, assurant à ses soutiens qu’il était « assez déterminé » pour l’échéance de 2012. A l’heure ou le Time Magazine l’a consacré comme « l’une des personnalités les plus influentes du monde », un sondage Ifop pour Paris Match à paraître jeudi tend à conforter les tenants de cette hypothèse. Cette enquête le place en tête des personnalités que les Français souhaitent voir représenter le PS en 2012, améliorant avec 27% son score de janvier, tandis que Martine Aubry décroche de huit points (12%) et que Ségolène Royal reste loin derrière avec 15% (+ six points). Il arrive également en tête chez les sympathisants du PS.
Pour autant, DSK semble encore hésiter. Alors que son mandat à la tête du FMI –un « job » à 278 000 euros net d’impôts par an et 80 000 euros de retraite annuelle s’il reste au moins trois ans- expire en octobre 2012, il déclarait sur CNN il y a trois semaines « n’avoir pas d’autre projet » que son poste actuel. Il est vrai que certains de ses amis, comme Michèle Saban, rapportait le quotidien 20 minutes lundi, juge que « l’emballement » médiatique autour de DSK « intervient au mauvais moment et le dessert ».
En interne les hiérarques pro Strauss-Kahn – Jean-Christophe Cambadélis, Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici…- ses soutiens du PS réunis au sein du courant « Socialisme et démocratie » se chargent de tailler un costume de présidentiable à leur champion pour 2012 au cas où… Il peut aussi compter sur l’aide d’un intime, Stéphane Fouks, l’un des patrons des équipes (publicitaires) d’Euro RSCG ou encore comme le rapporte le livre qui vient de paraître « DSK. Les secrets d’un présidentiable » sur d’autres piliers de sa garde rapprochée que sont Gilles Finchelstein, Ramzi Khiroun ou encore Anne Hommel.
Au-delà des luttes internes qui ont déjà débuté rue de Solferino, la seule question qui vaille pour la France et les Français est de savoir quelles sont les idées forces qui animent M. Strauss-Kahn dans le cas de figure, assez catastrophique de notre point de vue, où il serait élu à l’Elysée.
N’en doutons pas, c’est bel et bien l’archétype du politicien mondialiste que M Sarkozy a envoyé siéger au FMI. Avant de vouloir sauver l’euro, M. Strauss-Kahn qui déclarait plus simplement il ya quelques années dans le magazine Tribune juive, « se lever chaque matin en se demandant comment il pourra être utile à Israël » -ce qui est un peu court pour se présenter à la présidentielle- campe sur des positions qui apparaissent radicalement à l’opposé des attentes de nos compatriotes et des besoins de notre pays.
Favorable au mariage et à l’adoption d’enfants par les couples homosexuels, quitte à l’imposer aux Français – « il ne faut pas obligatoirement suivre la société et attendre qu’il y ait une majorité » déclarait ce grand démocrate en avril 2004-, il est aussi l’auteur d’un rapport qui fait froid dans le dos remis il ya six ans au président de la Commission européenne.
Il y détaillait sa vision de l’Union européenne du futur. Préconisant une Europe fédérale et des abandons de souveraineté encore plus poussés pour les pays membres, il proposait ainsi, avec une grande franchise, la carte d’une nouvelle Europe englobant les pays du Maghreb, la Turquie, Israël et le Liban, l’alibi aussi hypocrite que grotesque avancé étant la nécessité de concurrencer les grandes puissances actuelles ou émergentes .Un projet, celui là même des cénacles mondialistes, qui entérinerait la mort de l’Europe en tant que communauté de destin et de civilisation reposant sur des nations libres et des peuples souverains.
Le 2 octobre 2007, réagissant alors à la nomination de M. Stauss-Kahn, Jean-Marie Le Pen soulignait « l’illégitimité du FMI dans les pays émergents », « son inutilité flagrante », « le coût financier exorbitant de cette institution pour les Etats membres ». En conséquence, ajoutait-il, une vraie réforme du FMI serait sa dissolution. A défaut, la France devrait sortir du FMI afin de sauvegarder ses intérêts nationaux en recouvrant ses avoirs », le président du FN dénonçant «une collusion entre les pouvoirs apatrides du système monétaire international ».
Enfin, les medias français se gardent bien de préciser que M. Strauss-Kahn dispose au FMI d’une marge de manœuvre quasi nulle, puisque les commandes sont largement dans les mains du banquier américain John Lipsky, Premier Directeur général adjoint du Fonds monétaire international depuis 2006, gardien du dogme et des intérêts américains, qui possède dans les faits de pouvoirs bien plus étendus que le numéro un, essentiellement cantonné à un rôle de représentation…
En arrivant à la tête de cette institution, M. Strauss-Kahn avait affirmé être « déterminé à engager sans tarder les réformes dont le FMI a besoin pour mettre la stabilité financière au service des peuples en favorisant la croissance et l’emploi ». On mesure le cynisme du propos relevait encore le Président du FN « lorsqu’on sait que ce politicien a enseigné au contraire, à Sciences Po, les vertus du concept monétariste scélérat du NAIRU (le taux de « chômage minimum », éventuellement très élevé, qui stabilise l’inflation), que la Banque centrale européenne applique aussi, méthodiquement, dans sa politique monétaire ».
Dans le cadre de la politique ultra-libre échangiste et mondialisée défendue par Dominique Strauss-Kahn comme par d’autres au PS ou à l’UMP, le chômage n’est qu’un instrument de régulation économique comme un autre…