En Allemagne, la chancelière Angela Merkel dont l’entourage était favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro, n’a pas tardé à faire les frais de son soutien sous la pression, in extremis et du bout des lèvres, au plan de sauvetage de ce pays, paraît-il indispensable pour la pérennité de la monnaie unique. Dimanche, son parti, la CDU a subi une défaite historique, le plus mauvais score de son histoire, aux élections en Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW), l’Etat le plus industrialisé et le plus peuplé d’Allemagne. Résultat, les partis de la coalition gouvernementale ont perdu leur majorité au Bundesrat.
Mme Merkel a annoncé en outre lundi au peuple allemand, qui a déjà consenti dans le cadre de la réunification de très lourds sacrifices, qu’elle abandonnait une mesure phare de la campagne électorale: les baisses d’impôts « dans un avenir prévisible ». Comme l’expose l’Afp, « les Allemands, encore choqués d’avoir vu l’Etat soutenir les banques avec les milliards du contribuable en 2009, sont peu disposés à aider les pays moins vertueux menacés par la spéculation. Des analystes influents les encouragent dans cette attitude. La banqueroute n’est que retardée, écrit lundi l’éditeur de l’hebdomadaire Die Zeit, Josef Joffe, généralement pro-européen. Nous jetterons encore beaucoup d’argent à la mer Egée jusqu’à ce que la Grèce se déclare en faillite ».
Encore faut-il préciser que l’économie allemande qui a affiché une croissance de 0, 2% au premier trimestre, est bien mieux portante que la nôtre, Berlin misant sur un taux de croissance de 1,4% cette année, taux équivalent a celui prévu par Bercy mais qui ne saurait être atteint. Selon une première estimation publiée mercredi par l’Insee, la croissance française a été de seulement 0,1% au premier trimestre 2010, et la récession d’une ampleur historique enregistrée en 2009, est encore plus forte que prévue avec une chute du PIB de 2,5%.
« Pour éponger les catastrophes cachées qu’ils ont eux-mêmes créées, relève Tocqueville magazine, les gouvernements mobilisent 700 milliards (pour sauver la zone euro ) au risque de créer un nouvel incendie ! Le tout repose sur un certain nombre de mensonges. D’abord, pour la Grèce et pour d’autres, l’on se réfère sans cesse au PIB en rapportant tous les chiffres à cet étalon maintenant universel ; or les économistes savent bien que c’est une quantité qui n’a aucune signification intelligente et qui est trafiquée en permanence dans tous les pays ».
« Bien mieux, l’Europe savait depuis 2001 que les statistiques grecques étaient volontairement faussées par les pouvoirs politiques de ce pays, les autres gouvernements acceptant par solidarité amicale de fermer les yeux. L’aide promise à la Grèce est présentée comme un simple prêt avec un taux d’intérêt jugé acceptable et l’on entend avec stupéfaction les ministres des finances des pays prêteurs affirmer, non sans aplomb, que le prêt sera remboursé et même qu’au finish l’opération sera fructueuse ! ».
« A l’origine de la crise qui frappe durement la Grèce il y a un point qui est passé absolument sous silence par toute la presse : c’est la cupidité des dirigeants politiques grecs. La Grèce est en fait exploitée depuis longtemps par un petit quarteron de politiques agissant à leur profit dans un cadre familial (…) Mais « il ne saurait être question pour les autres d’accuser clairement la classe politique grecque, car ce serait risquer le boomerang sur ce qui se passe, sauf exception, dans les grandes démocraties occidentales surtout les plus prétentieuses ».
Et cet article de souligner que « les mesures imposées à la Grèce, purement mathématiques et arbitraires », « s’inspirant de la pratique habituelle du FMI » constituent une « potion » d’ « une austérité vraiment dramatique pour le peuple grec, sans que soit portée nulle atteinte aux privilèges scandaleux de la classe politique ».
« Il faut ajouter que le secours à la Grèce s’inspire de l’objectif fondamental d’éviter qu’elle sorte de l’euro. Et Tocqueville magazine de poser la question qui fâche : « quelle est la raison pour laquelle les gouvernements européens veulent absolument éviter cet éclatement ? L’on retrouve ici encore la cupidité habituelle des politiques. La communauté européenne avec son satellite l’euro est célèbre dans le monde entier pour l’enrichissement indu et considérable des eurocrates allant jusqu’à des retraites parfaitement scandaleuses. L’éclatement de l’euro mettrait à mal l’Europe et par conséquent la rivière argentée où s’abreuve continuellement cet enrichissement !(…). « L’enrichissement personnel indu des politiques surtout du plus haut niveau est à la fois la cause, le résultat et l’objectif masqué de ces déficits. Au surendettement général il va donc se surajouter un étage ».
Il s’agit également de ne pas oublier, au-delà de sa dimension financièrement juteuse par la caste des technocrates et haut-fonctionnaires bruxellois, la dimension idéologique et politique du combat en faveur du maintien de l’euro. La disparition de la monnaie unique entraînerait de facto une remise en cause fondamentale du traité européen tel qu’il existe depuis Maastricht. Or, il s’agit d’une étape importante dans l’esprit de ses concepteurs vers une gouvernance mondiale, projet déjà en germe dans le projet européiste initial. Interdiction de descendre du train…
[…] Tribune de Bruno Gollnisch […]