Si la fermeté affichée sur la burqa s’apparente à un chiffon rouge agité sous le nez des foules pour mieux faire passer tout le reste, nous ne sommes pas dupes pareillement de la manœuvre en provenance de Washington et fort bien relayée en France consistant à brandir sur la scène internationale la menace islamiste des fous d’Allah pour mieux sidérer les opinions publiques. Un « fascisme vert » qui offre à l’oncle Sam le Grand Satan de substitution à feu l’ogre soviétique dont il a tant besoin…
Une guerre contre l’islamisme –comprendre contre les seuls pays musulmans qui refusent de se soumettre au Nouvel ordre mondial- qui marche de concert avec le souhait des élites mondialisées d’en finir définitivement avec une Europe européenne en y intégrant à terme les pays du Maghreb, la Turquie et Israël au nom d’une pseudo cohérence géo-économique.
Face à cette offensive américaine contre la vieille Europe, s’opère des rapprochements géopolitiques inédits constate le chroniqueur et essayiste Roland Hureaux, ancien collaborateur de Philippe Séguin et d’Edouard Balladur dans une tribune publiée sur le site de Marianne et reprise dans le dernier numéro de Daoudal Hebdo. M Hureaux constate que dans les attaques récentes contre le Vatican, la papauté a pu bénéficier de l’appui sans faille de la Russie, « tant celui du patriarcat de Moscou que du gouvernement russe ». « La Pravda, elle-même, jadis organe du parti communiste, dénonce les attaques déloyales » contre Benoît XVI. (…) L’étonnant pèlerinage du chef de l’Etat russe à Notre-Dame de Paris, pour vénérer la couronne d’épines que Saint Louis y aurait ramenée, s’inscrit dans la même volonté d’ouverture au monde catholique ».
« A l’inverse, relève-t-il, qui n’a aperçu que les attaques les plus virulentes contre le pape sont parties du monde anglo-saxon ? Le New York Times s’est trouvé à cet égard particulièrement en flèche? Des scientifiques anglais et américains voudraient même déférer Benoît XVI devant la Cour pénale internationale ! Au cœur de l’affaire Williamson on trouvait déjà le Spiegel, reflet d’une Allemagne protestante qui, quoique sécularisée, demeure anticatholique ».
« Il faut bien le dire : la France, dont l’anticléricalisme fut longtemps proverbial, s’est trouvée dans la plupart de ces affaires, en position de suivisme, les organes de presse les plus remontés contre le pape étant ceux dont la ligne pro-atlantique est la plus affirmée, les mêmes qui, par exemple, criaient le plus fort haro sur les Serbes il y a dix ans ».
« Sans doute, les Etats-Unis sont-ils loin d’être unanimes sur la question religieuse. Deux blocs s’y affrontent avec une rare violence, principalement sur la question de l’avortement. Mais New York demeure l’épicentre du milieu WASP (white anglo-saxon protestant), qui domine la sphère occidentale depuis au moins un siècle et où l’on nourrit depuis le XVIIe siècle une solide animosité à l’égard de l’Eglise romaine ( …) ».
« De même que les Etats-Unis supportaient de moins en moins la différence française et ont trouvé en Nicolas Sarkozy un agent efficace de normalisation poursuit-il, – tout se passe comme si une partie du monde anglo-saxon supportait de moins en moins la « différence » catholique ».
« A l’évidence les signaux forts que Moscou a envoyés à Rome ne resteront pas sans effet (…) ? Si, comme beaucoup le pensent, la différence entre Rome et Moscou est plus politique que théologique, un grand pas aura été accompli ces derniers jours dans cette direction » conclut Roland Hureaux .
Signe de ce rapprochement, mercredi, lors d’une conférence de presse à l’ouverture au Vatican de deux journées de « culture et spiritualité russe », une première, Ilarion, chef de la diplomatie de l’Eglise orthodoxe russe, a jugé « possible » une rencontre entre le pape Benoît XVI et le patriarche orthodoxe de Moscou Kirill. Ce serait « un évènement historique, non seulement parce que le chef de l’Eglise catholique et le patriarche de Moscou se rencontreront pour la première fois, mais parce que cette rencontre devra être le signe de notre volonté d’aller de l’avant dans nos rapports ».