Selon le quotidien La Tribune publié ce lundi, Nicolas Sarkozy devrait annoncer « au plus tard mardi des mesures pour moraliser les pratiques gouvernementales et tailler dans les dépenses des cabinets ministériels. Le président de la République va donc plaider pour une république exemplaire et surtout plus modeste » ajoute La Tribune. Une montée au créneau rendue plus que jamais nécessaire par la multiplication récente des révélations que l’on sait sur le train de vie et autre passe-droits de nos « chers » ministres et en plein scandale Bettencourt-Woerth.
Si le chef de l’Etat entend plaider pour plus de « modestie », les contribuables français seraient sensibles au fait qu’il applique d’ores et déjà ce vœu à son auguste personne. Supprimer la Garden party de l’Elysée, est un symbole qui vaut ce qu’il vaut, mais nous rappelions dernièrement que le chef de l’Etat a demandé et obtenu des députés de sa majorité qu’ils votent un crédit de 185 millions d’euros pour l’achat et l’aménagement d’un airbus A330, réservé aux seuls voyages du Président de la République, lequel voulait à tout prix son « Air force One ». Un caprice qui s’explique par la jalousie du chef de l’Etat à l’endroit du gros « joujou » aérien du président de la première puissance mondiale L’heure de vol de « l’Air force one », version Sarkozy, coûtera en moyenne 20 000 euros aux contribuables, contre 12 000 précédemment sur un airbus A 319.
Nous évoquions le 31 mai le rapport annuel de performance budgétaire lié à l’exercice 2009 : « Alors que le président avait demandé, fin 2008, 20,3 millions d’euros de crédits pour financer ses déplacements, il aura finalement dépensé 10% de plus, soit 22 millions. Les frais auront donc encore augmenté de 34% par rapport au précédent record de 2008 (16,3 millions). Ils ont même progressé de 51% si l’on tient compte du fait qu’en 2008, 1,7 million d’euros de frais avaient été pris en charge par le budget de la présidence française de l’Union européenne », soulignait le député apparenté socialiste René Dosière.
Selon les chiffres communiqués par Bercy en juin de l’année dernière, les dépenses de l’Élysée se sont élevées en 2008 à plus de 113 millions d’euros –en progression de 18,5 % par rapport à 2007, dépassant de 3 millions d’euro le budget voté par le Parlement. Les seules dépenses de fonctionnement étaient en hausse de 21 %. M. Dosière qui accusait l’Elysée de recourir à des « manipulations budgétaires » pour « dissimuler la réalité » des dépenses, notait déjà que « Les restrictions budgétaires imposées aux administrations et que chaque fonctionnaire constate dans son travail quotidien ne s’appliquent donc pas aux services de la présidence. »
Ce train de vie somptuaire, qui cadre très mal avec les sacrifices imposés aux Français, choque beaucoup de nos partenaires européens. En septembre dernier le journal allemand Bild Zeitung consacrait un article à « Sarkozy (qui) vit comme un dieu en France ». Un article qui à l’heure d’internet a beaucoup circulé chez les internautes français, notamment ces derniers mois, et qui fut parfois commenté avec indignation par des militants UMP. L’information est à l’évidence remontée, via leurs élus, vers le palais élyséen… Il était ainsi rapporté par ce quotidien d’Outre-Rhin un autre « caprice », de Carla Bruni cette fois, qui a beaucoup marqué les esprits. L’épouse du chef de l’Etat ne veut ainsi que « des fleurs fraîches » dans les 300 mètres carrés de ses appartements privés de l’Elysée, soit un coût de 280 000 euros par an pour le contribuable français.
Entendons nous bien, il ne s’agit pas de se vautrer dans la démagogie imbécile et le misérabilisme pathétique. Nous ne sommes pas de ceux qui entendent faire rouler nos ministres en deux roues, imposer l’eau du robinet dans les diners officiels et des nappes en papier (recyclable) pour réaliser des économies « solidaires ». Les représentants de la France ont un rang à tenir, un prestige nécessaire à conserver, et le palais de l’Elysée est pour ses hôtes une « vitrine », un élément du rayonnement culturel et de la puissance de notre pays. Pour autant, la crise sévère qui frappe nos compatriotes nécessite ardemment de « réduire la voilure » là où il est possible de le faire, car en ces temps difficiles, le « bling-bling» n’est pas seulement une faute de goût, c’est aussi une faute morale inacceptable.