La meilleure défense c’est en général l’attaque, et la majorité aux abois nous en a offert une nouvelle confirmation en multipliant ces dernières heures les actions en justice et les déclarations tonitruantes, dirigées principalement contre les medias, tenus comme responsables d’avoir fait éclater l’affaire Woerth-Bettencourt. Selon lemonde.fr, la comptable du couple Bettencourt, serait largement revenue sur ses affirmations mettant en cause le chef de l’Etat. Avec la finesse qui le caractérise, l’inénarrable Christian Estrosi, a affirmé hier que le site Mediapart, à la genèse de cette affaire, lui rappelait «une certaine presse des années 30». Le Secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, a parlé de « méthodes fascistes », tandis que le ministre de l’immigration, Eric Besson , se livrait à un lapsus assez cocasse en dénonçant une atmosphère lui rappelant celle des « progrès (procès) de Moscou ». La pétroleuse Nadine Morano a été également envoyée en renfort, qualifiant Mediapart dirigé par Edwy Plenel, de «site de ragots, de déclarations anonymes».
Laurent Joffrin a d’ailleurs rappelé une vérité relativement intangible dans Libération à savoir que « quand un pouvoir est embarrassé par une affaire, il recourt à la rhétorique en quatre parties, parfaitement éprouvée, qui forme le vade-mecum du communicant en temps de scandale politico-financier ». Premièrement, « tout cela est une cabale de presse. Les journalistes (…) emploient des méthodes fascistes. Problème: la presse, en l’occurrence, a publié des documents et des témoignages. Ce sont eux qui posent problème et non les commentaires des journalistes ».
Deuxièmement « c’est un complot politique ourdi par l’opposition contre la réforme des retraites ou contre la majorité. Problème: l’opposition, pour l’essentiel, regarde passer les trains et se cantonne dans la glose marginale ». Troisièmement, « il y a des questions bien plus graves que l’affaire en cours, le chômage, les retraites, la faim dans le monde, etc. Problème: la question du financement légal ou illégal d’une campagne met en jeu la morale publique. Il faut bien en parler ».
Enfin « tout cela fait le jeu des extrêmes, du populisme, du Front National etc. Mais qui fait le jeu du FN? Ceux qui dénoncent les irrégularités ou ceux qui les commettent? » s’interroge gravement l’éditorialiste de Libération.
C’est bien effet le fond du problème. Le PS, effectivement, « se cantonne dans le glose marginale ». Un positionnement a minima dans cette affaire qui matérialise la collusion et la « communauté de destin » de l’aile gauche et de la l’aile droite du Système qui vivent toutes deux grassement de la même gamelle, le FN apparaissant lui, de plus en plus clairement, comme la seule alternative à une classe politicienne déliquescente.
Les tentatives de diversion des membres de la majorité qui, comme François Baroin, ou encore hier le Secrétaire d’Etat au Logement Benoist Apparu, affirmant sur Europe 1 qu’ « il y a des manœuvres politiques pour un gain politique en faisant monter le Front national », cachent assez mal cette réalité.
Selon un sondage BVA pour La tribune, BFM radio et BFM TV, diffusé aujourd’hui, 54% des Français considèrent que les polémiques des dernières semaines liées à l’argent et aux hommes politiques sont « le signe que les hommes politiques sont le plus souvent corrompus ». Corruption qui passe d’autant plus mal en période de crise, alors qu’une autre enquête d’opinion, également réalisée par BVA indique que le moral économique des Français est à son plus bas niveau depuis octobre 2008.
Au-delà même des graves soupçons générés par l’affaire Woerth-Bettencourt, il convient aussi de rappeler que c’est bien la politique euromondialiste menée conjointement par la gauche et la droite qui a amplifié dramatiquement la crise morale, sociale, économique qui frappe notre pays, ce qui explique que dans le contexte actuel, UMP et PS se livrent à un duel à fleuret moucheté, de peur d’être emporté par la vague de fond du ressentiment populaire.
Significativement, le « tableau de bord politique » Paris Match-Ifop de juillet paru ce jeudi, indique une nouvelle fois que pour 60% des personnes interrogées, la gauche ne ferait pas mieux que le gouvernement actuel « si elle était au pouvoir ».