La campagne interne pour la présidence du FN ne se cantonne pas à la tournée des fédérations par les deux candidats en lice mais bat également son plein dans les medias, comme l’atteste la publication hier d’une double page dans Le Parisien consacrée à Marine, et l’entretien accordé par Bruno à France soir et son invitation sur l’antenne d’Europe1, interrogé par Nicolas Demorand et Claude Askolovitch. Ce dernier a d’ailleurs contesté, lors de sa présentation de cette campagne interne, la légitimité du vice-président du FN à concourir dans cette compétition, affichant de manière assez sidérante sa préférence pour Marine ! On peut adhérer au FN en ligne Claude, si vous y tenez vraiment !
Sur Europe comme dans France soir (entretien consultable sur http://www.francesoir.fr/politique/gollnisch-l-homme-qui-veut-battre-marine-le-pen.30720) Bruno Gollnisch rappelle pourtant qu’il a toutes ses chances de l’emporter, même si son « déficit médiatique » « risque de peser beaucoup dans la balance ». « En 2002, j’étais le directeur de campagne du candidat Le Pen ; dès le lendemain du scrutin, le robinet s’est tari. C’est comme si je n’existais plus. Aujourd’hui, le malheureux Gollnisch boxe avec une jambe attachée au ring et un bras bloqué dans le dos ! ».
Il a tenu aussi à corriger l’image véhiculé par certains à son sujet : « Je connais la chanson : je suis le représentant des vieux cons, des fachos, des extrémistes, des révisionnistes, des ringards, des bornés. Et il y aurait, en face de moi, une jeune femme moderne et bien de son temps. L’émergence de Marine s’est faite, c’est vrai, sur le thème de la modernisation, de la déringardisation, de la dédiabolisation. Elle veut donner du parti, me dit-on, une image plus respectable. Mais, dans les faits, ça veut dire quoi ? Je vous réponds : ça ne repose strictement sur rien (…) ».
Il a pareillement tenu à réaffirmer la spécificité de sa candidature : « Je crois en une vraie modernité enracinée dans la tradition. Je défends une conception charnelle de la France. En 2007, lors de la campagne de Jean-Marie Le Pen, Marine avait plaidé pour une France débarrassée de toutes ses spécificités : ethniques, spirituelles, culturelles… Je pense exactement l’inverse. Mon objectif à moi, c’est de réunir la grande famille nationale. Y compris en ralliant à nous la droite sociale, voire la gauche patriotique. Je pense à un certain nombre de gens qui n’ont jamais été au FN mais qu’il est tout à fait envisageable d’y faire venir : Philippe de Villiers –qui bien que guéri de son cancer, vient d’annoncer sa démission de la présidence du conseil général de vendée, NDLR- et Christine Boutin ».
Sur Europe 1, Bruno Gollnisch a précisé que cet appel concernait non M. de Villiers et Mme Boutin qui ont échoué dans leur démarche, mais leurs électeurs orphelins et trahis….
C’est de bonne guerre, chacun y va de son commentaire et de ses pronostics sur les deux candidats. Le Parisien citait jeudi un « conseiller de l’Elysée », affirmant que Marine serait « ministre » au sein d’un gouvernement UMP « dans dix ans », et qu’elle n’était pas plus extrémiste qu’un parti conservateur comme la « CSU bavaroise », et en tout cas qu’elle l’était moins que la « Ligue du Nord » italienne, membre du gouvernement Berlusconi.
Autre son de cloche de la part de l’ancien responsable d’Unité radicale, Christian Bouchet, qui soutient officiellement la candidature de Marine. Dans un entretien accordé le 4 septembre au site Tribuna de Europa et mis en ligne sur son site voxnr, il affirme que le candidat choisi par le système est…Bruno Gollnisch !
Reprenant à son compte les affirmations d’un Claude Askolovitch ou d’un Jean-Yves Camus, il estime « que se rassemblent autour de Marine Le Pen ceux qui regardent vers l’avenir et qui pensent que le Front national peut devenir un grand parti national populaire, alors que ceux qui regardent vers le passé et qui n’ont comme rêve que d’unifier les droites extrêmes se reconnaissent dans Bruno Gollnisch (sic) »…
Il donne également du crédit au fantasme agité par certains de « manœuvres de dernière minute » d’ « adhésions massives tardives » en faveur du vice-président du FN puisque « le système a tout intérêt à ce que ce soit Bruno Gollnisch qui emporte cette élection interne, car il sait que sa capacité de nuisance en terme électoral est nulle ou presque (resic), donc on peut craindre qu’il lui apporte son aide d’une manière ou d’une autre ».
On admirera la persévérance de Bruno, « agent dormant » du système au sein du FN pendant 27 ans, et attendant patiemment d’être réactivé par ses patrons du lobby euromondialiste pour briser l’ascension de l’opposition nationale… M. Bouchet a dû lire beaucoup de livres d’espionnage avant la chute du Mur de Berlin…
A cette aune (?), Christian Bouchet s’inquiète aussi de l’activisme de « certains courants sionistes de droite, étroitement liés à des réseaux transatlantiques libéraux et néo-conservateurs », de leur « volonté de créer en Europe une droite populiste acceptable, en ce sens qu’elle ne contesterait pas le libéralisme, qu’elle accepterait le schéma du choc des civilisations et qu’elle considérerait l’entité sioniste comme une base avancée de la civilisation occidentale ». Eu égard à la « sensibilité » qui est la sienne, nous n’osons imaginer les commentaires de ce dernier sur la candidature du vice-président du FN si celui-ci avait été ou était membre de la Délégation pour les relations avec Israël du Parlement européen !
Loin des fantasmes recuits, des tropismes groupusculaires, ou des manœuvres florentines des uns et des autres, Bruno Gollnisch a tenu une nouvelle fois à élever le débat. Il a rappelé sur Europe 1, comme il le fait auprès des militants lors de ses déplacements dans les fédérations, son attachement viscéral à l’unité du Mouvement national.
Mais aussi que cette compétition était également un moyen de prouver aux Français que le FN était un mouvement suffisamment mature et solide pour ne pas sortir affaibli par cette campagne interne, pour négocier en douceur le virage de la succession à Jean-Marie Le Pen.
Sagesse, esprit de conciliation, d’ouverture mais fermeté sur les principes, hauteur de vue, détermination, « calme des vieilles troupes »…. : c’est aussi en prenant en compte ses qualités essentielles que les adhérents devront se prononcer pour choisir leur nouveau président.