Malgré la mobilisation « record » mardi contre la réforme des retraites, le gouvernement reste droit dans ses bottes, pour reprendre l’expression fameuse d’ Alain Juppé –qui se verrait bien de retour au gouvernement- lorsqu’il fut confronté aux grèves monstres de l’automne 95. François Fillon a rappelé pour la énième fois que tout retour en arrière était exclu. Nous sommes loin, très loin des promesses du candidat Sarkozy en 2007: « J’augmenterai de 25 % le minimum vieillesse, je revaloriserai les petites retraites et les pensions de réversion pour que ces retraités vivent mieux. Ces mesures seront financées grâce aux économies que j’obtiendrai en réformant les régimes spéciaux de retraite. J’allouerai des droits sociaux et des droits à la retraite à ceux qui se consacrent à l’éducation de leurs enfants ou qui s’occupent d’une personne handicapée. Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer, de même que les 35 heures continueront d’être la durée hebdomadaire légale du travail»…
Les éditorialistes ont pointé hier les risques de radicalisation et d’affrontements violents découlant de cette absence de dialogue. Les manifestations lycéennes qui se sont déroulées aujourd’hui ont confirmé les craintes de certains. Archaïsme des dirigeants syndicaux défendant leurs intérêts corporatistes d’un côté, mesures injustes et inefficaces défendues par la majorité présidentielle de l’autre, comme le FN l’a souligné lors de son colloque sur les retraites le 25 septembre dernier, la situation est au point mort.
Dans ce climat, les agences de notation mettent impitoyablement la pression sur le gouvernement français. Déjà, au lendemain de la grève générale en Espagne du 29 septembre, Moody’s avait dégradé la note de Madrid…
Le quotidien Les Echos citait une autre agence, Standard en Poor’s dans son édition du 12 octobre : « Si rien n’est fait, dans 40 ans, la France devra consacrer l’équivalent de près de 32% de son PIB aux dépenses de protection sociale liées au vieillissement de la population, contre moins de 25% en 2010 . L’agence de notation juge, en conclusion, que les scénarios à venir seront « purement et simplement insoutenable en l’absence de changements de politique ».
Standard en Poor’s prévient encore « aimablement » notre gouvernement de la nécessité de « contenir davantage les dépenses de protection sociale » sous peine de grave détérioration des finances publiques.
Au vu de l’état actuel desdites finances, nous pouvons cependant légitimement nous interroger sur la capacité des politiciens français à sortir notre pays du marasme, incapables qu’ils sont de jeter aux orties leur mauvais logiciel euromondialiste et ultra libre échangiste qui tue l’économie de ce pays.
Et ce, au moment ou notre dette publique française devrait atteindre 82,9% du PIB fin 2010, soit 1600 milliards d’euros. C’est-à-dire concrètement plus de 25 000 euros par Français ce qui est beaucoup plus parlant que l’énoncé abstrait de ce chiffre colossal… Selon les prévisions émanant du gouvernement lui-même, et malgré la « rigueur » affichée, cette dette publique passera en 2011 à 86,2% du PIB, 87,4% du PIB en 2012, soit quatre points et demi d’endettement en plus en deux ans ! Le service de la dette publique deviendra en 2011 le premier poste du budget ; le paiement des intérêts de celle-ci s’élève à 46,9 milliards, contre 44,5 milliards pour l’Education nationale et 30,1 milliards pour la défense.
Envolées pareillement les promesses sarkozystes de ne pas augmenter la pression fiscale avec le rabotage des niches fiscales que nous évoquions il y a peu sur notre site, quant à l’augmentation de la progressivité de l’impôt sur le revenu, elle se traduira concrètement par une hausse l’année prochaine d’un point de PIB des prélèvements obligatoires : de 41,9% à 42,9%, voire à 43,9% en 2014 toujours selon les prévisions gouvernementales…
Restons dans le domaine des promesses sarkozystes et des chiffres pour nous souvenir du discours du chef de l’Etat lors du G20 de juin 2009, au cours duquel il jurait la main sur le cœur de faire la guerre au « système financier incontrôlable ». Une étude du Wall Street journal relayé le 12 octobre par Challenge indiquait que 144 milliards de dollars, somme jamais atteinte, vont être versés cette année par les 29 plus grandes banques de la place financière de New York , en terme de rémunérations variables, à leurs dirigeants et employés.
A l’évidence, l’addition de la crise économique mondiale est bien payée par les peuples, pendant que les amis de Sarkozy encaissent les dividendes…