Le site de l’hebdomadaire Marianne révèle à ses lecteurs que Laurent Ruquier aurait songé en septembre dernier à inviter Marine Le Pen dans son émission du samedi soir sur France 2–voir notre article en date du 8 novembre. Il aurait tout simplement « changé d’avis », « sous la pression de sa productrice Catherine Barma qui affiche parfois sa très grande hostilité au Front National ». « La question du traitement du Front National torture les médias depuis des années souligne cet article : faut-il boycotter le Front au risque de conforter sa position victimaire ? Traiter les Le Pen ou Gollnisch comme n’importe quel homme politique, au risque de les banaliser ? Employées tour à tour durant des années, ces deux tactiques n’ont pas donné de résultats très satisfaisants, et aucune ne s’est, finalement imposée ».
Partisan de l’interdiction du FN et de la régularisation des clandestins, ex trotskyste lambertiste, ex socialiste, ex militant de SOS racisme et de la Ligue des droits de l’homme, Jean-Luc Mélenchon lui n’a pas ce type de problème médiatique. Il fut d’ailleurs l’invité vedette dimanche dernier de la célèbre émission de Michel Drucker sur France 2. Le président du Parti de Gauche (PG) a nettement surclassé à cette occasion l’audience qui fut celle du trotsko-bobo Olivier Besancenot, lors de son passage sur le canapé rouge du « gentil » Michel et de son brave toutou en mai 2008.
Pourtant, le « populisme » de « l’humaniste » Jean-Luc Mélenchon énerve ses « amis », agacés qu’ils sont par la grande gueule de l’autoproclamé meilleur candidat de la gauche de la gauche en 2012. Son livre « Qu’ils s’en aillent tous ! » s’est hissé en tête des ventes des livres politiques avec plus de 16 000 exemplaires écoulés depuis le 10 octobre. Il assure sa campagne de promo en multipliant ces derniers temps les déclarations anti-Etablissement et les tirs à boulet rouge sur l’Europe de Bruxelles. Il ne dit pas que des bêtises, énonce des vérités.
Bref, pas la manière la plus sotte de tenter de retenir dans ses filets les électeurs de l’extrême gauche ou de la gauche anti-européiste, tentés par l’abstention ou qui ne sont pas (encore) passés au Front National…
Pierre Laurent, secrétaire national du PC, a cependant fait part de son malaise lundi vis-à-vis du ton du citoyen Mélenchon estimant qu’ « on ne peut pas mener une campagne sur le thème du populisme » . « Le populisme ne peut pas être l’orientation du Front de gauche » –qui regroupe principalement le PC et le PG- lequel « doit rester une construction populaire et citoyenne qui parie sur l’intelligence » (sic) a-t-il déclaré.
Plus saignant encore, Daniel Cohn-Bendit a accusé hier Jean-Luc Mélenchon de « labourer sur les terres du Front National » du fait de ses critiques de l’Union européenne. Le PG a répliqué quelques heures plus tard par un communiqué en affirmant que les déclarations du député d’Europe Ecologie relèvent de l’insulte et… « banalisent le Front National ». Aussi pathétique qu’affligeant.
Surtout quand on se souvient que le chevalier rouge Mélenchon proposa lors des régionales une alliance à Daniel Cohn-Bendit, dont le programme ultra-libéral, européiste et atlantiste est censé être, hormis sur le point de la poursuite de l’immigration sur lequel ils se rejoignent, à l’opposé du sien…
Oui mais voilà, la montée en puissance de l’hypothèse d’une candidature Strauss-Kahn en 2012 est passée par là, elle a d’ailleurs les faveurs d’un Cohn-Bendit et d’une large fraction de l’électorat de gauche. M. Mélenchon est donc tenu d’en rajouter dans le fameux « populisme » pour tenter de rassembler sur son nom cette autre partie de l’électorat ancrée à gauche à qui la simple évocation du nom du président du FMI donne de l’urticaire….
D’autant que comme nous le soulignions en juin dernier, si la création du Front de Gauche a été programmée pour pouvoir peser sur la composition d’un hypothétique gouvernement de gauche en 2012, une victoire de DSK empêcherait (certainement ?) Mélenchon d’hériter du poste de ministre qu’il convoite…